Reportage au cœur de la contestation de masse anti-Vučić en Serbie

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Par Hans von der Brelie
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Semaine après semaine, des manifestations fleuves ont lieu en Serbie pour exiger la démission du président Vučić. Les fusillades commises dans le pays début mai ont déclenché une vague de contestation inédite. Notre reporter Hans von der Brelie s'est plongé dans cette opposition frontale.

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Depuis le début du mois de mai, des dizaines de milliers de personnes défilent dans Belgrade pour protester contre le gouvernement et le président serbe Aleksandar Vučić. Il s'agit des plus grandes manifestations depuis la chute de Slobodan Milošević. Les manifestants dénoncent une atmosphère de violence et de peur. "On ne se sent plus en sécurité nulle part," nous indique un jeune manifestant. Des propos qui font écho aux événements déclencheurs de cette vague de mécontentement, les fusillades qui ont eu lieu début mai, dans une école de Belgrade et dans un village. 18 personnes y ont trouvé la mort.

"On veut l'État de droit"

Mais dans les cortèges de la société civile, les motifs de contestation vont au-delà : on dénonce des médias manipulés et la corruption et c'est bien le pouvoir en place qui cristallise la colère. Tara, une étudiante, prépare une pancarte pour la manifestation. On peut y lire : "Ça suffit d'avoir un pays dirigé par une seule personne, on veut l'État de droit et non un État à une seule tête."

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Tara, ici à droite, en marge de la manifestation contre le pouvoir en placeEuronews

Le président Aleksandar Vučić a accusé l'opposition d'instrumentaliser le deuil et a traité les manifestants de "vautours" et de "hyènes". Depuis, ces derniers portent des badges représentant ces animaux. "On manifeste contre la corruption et la criminalité et, plus généralement, contre le fait que les institutions ne fonctionnent pas dans notre pays," nous explique l'un des manifestants.

Les protestataires exigent la démission du président et une enquête sur les liens présumés entre la politique et le crime organisé. 

"Des preuves que les plus hautes instances de l'État sont liées au crime organisé"

Aleksandar Vučić a suggéré des élections rapides, mais les partis d'opposition sont contre cette idée. L'un des principaux hommes politiques de l'opposition, Srđan Milivojević, député du Parti démocrate, nous explique pourquoi.

"Nous avons d'innombrables preuves que les plus hautes instances de l'État sont liées au crime organisé," assure-t-il. "Depuis 2013, des groupes criminels sont présents [ndlr : près des bureaux de vote] lors des élections, ils tentent d'intimider la population locale et de soudoyer leurs adversaires politiques du Parti du progrès serbe," dénonce-t-il.

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Le député d'opposition Srđan Milivojević répond à notre reporter Hans von der BrelieEuronews

"Dans ces circonstances," poursuit le député, "des élections démocratiques, libres et équitables ne sont pas possibles. La seule possibilité est d'obtenir, sous la pression d'organisations internationales, comme l'Union européenne et quelques autres, un gouvernement de transition qui devrait d'abord, établir des conditions équitables pour des élections libres," suggère-t-il avant de conclure : "Il est important qu'Aleksandar Vučić ne soit plus considéré par l'Union européenne comme un facteur de stabilité."

Officiellement, la Serbie souhaite toujours adhérer à l'UE. Mais les négociations traînent en longueur. La Commission européenne critique en particulier, la politique russe de la Serbie, mais aussi les campagnes de dénigrement contre les opposants et les acteurs de la société civile.

Journaliste • Hans von der Brelie

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