Le monde de la santé au Qatar entre tech et approches alternatives

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Par Laila Humairah, Aadel Haleem & Didier Burnod
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Nous découvrons comment, au Qatar, le monde de la santé combine technologies modernes et méthodes traditionnelles et alternatives pour proposer une approche holistique des soins.

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Désireux d'encourager l'innovation dans son système de santé, le Qatar a injecté depuis 2017, plus de six milliards de dollars dans ce secteur. Cela comprend le soutien aux start-up qui exploitent les dernières technologies pour rendre les soins plus accessibles à tous. C'est le cas d'une entreprise locale qui change la manière dont nous accédons à une aide médicale.

Une app d'autodiagnostic alimentée par l'intelligence artificielle

Développée au sein du Qatar Science and Technology Park (QSTP) et lancée en 2017, Avey est une application de santé tout-en-un, aujourd'hui utilisée par plus d'1,2 million de personnes dans 175 pays. Cette app alimentée par l'intelligence artificielle dispose d'une fonction d'autodiagnostic, elle met en relation les utilisateurs avec des médecins dans le monde entier et joue aussi le rôle de pharmacien en ligne.

"L'objectif d'Avey est d'offrir à chaque patient, un parcours de santé sur-mesure," indique son fondateur et PDG, Mohammad Hammoud. "Ainsi, si vous ne vous sentez pas bien, vous pouvez décrire votre état à Avey," poursuit-il. "Sur la base de cette description, l'appli émet une hypothèse médicale et en s'appuyant sur cette hypothèse, elle discute avec vous pendant environ deux minutes, en moyenne, puis vous fournit un diagnostic différentiel," précise-t-il.

Cela signifie qu'à partir du moment où une personne possède un smartphone, si elle ne se sent pas bien, elle peut avoir accès à des conseils médicaux sans avoir à sortir de chez elle. Certains diront qu'Avey élimine le besoin de cabinets médicaux physiques, l'entreprise assure elle, révolutionner les soins de santé en quelques clics.

"Avey peut trouver le médecin le plus approprié pour votre cas, faire le lien entre vous, en tant que patient, et le praticien, et vous prescrire des médicaments : c'est un parcours complet de A à Z," assure Mohammad Hammoud.

Avey
L'app Avey est utilisée par plus d'1,2 million de personnes dans 175 paysAvey

Programmes de soutien

Avey n'est que l'une des success stories du programme d'innovation et d'incubation du QSTP. L'organisation a contribué à la mise sur le marché de nombreuses idées et produits en soutenant les start-up et les jeunes entrepreneurs.

"Cela va de la définition de l'idée, de la création des entreprises à la fabrication de leur produit jusqu'à la commercialisation et la croissance," décrit Cristina Urrutia, responsable de l'investissement au sein du QSTP. "Pour ce faire, nous avons mis en place plusieurs programmes, en commençant par l'incubateur pour démarrer votre activité, l'accélérateur pour vous apporter du soutien, développer vos capacités et répondre à vos besoins en termes de mentorat et enfin, un fonds de capital-risque qui répond à vos besoins financiers," détaille-t-elle.

Des débuts d'Avey en tant que start-up à son statut actuel parmi les sociétés clés à faire partie du QSTP, le partenariat n'a pas cessé et il se poursuit. Prochaine étape pour elle : développer encore l'activité.

"Depuis l'été dernier, nous perfectionnons un modèle de langage qui permet aux gens de décrire à haute voix leur état de santé," explique Mohammad Hammoud. "L'idée est de pouvoir dire : 'Avey, j'ai mal à la tête aujourd'hui. Peux-tu me dire pourquoi ?' Avey va traduire cette parole en texte, puis procéder à une analyse sémantique de ce texte dans le but d'établir certains symptômes et enfin, alimenter le modèle de diagnostic de l'intelligence artificielle," dit-il.

En déployant ces nouvelles fonctions, Avey nous rapprochera un peu plus d'un monde où l'intelligence artificielle et les soins de santé seront intégrés. "Mon objectif, c'est qu'en parlant à Avey les yeux fermés, à la fin de la session, en rouvrant les yeux, vous soyez étonnés de réaliser que vous parliez à un algorithme," s'amuse Mohammad Hammoud.

"Les variantes dans le génome peuvent influencer la santé et les maladies"

Plongeons maintenant au cœur du sujet, jusqu'à nos cellules. Une grande partie de ce que nous sommes réside dans la composition de notre ADN. Est-il possible de prévenir certaines maladies simplement en en apprenant davantage sur notre patrimoine génétique ?

Pour en savoir plus sur la recherche en génétique, nous avons rencontré Sara Tomei qui dirige le laboratoire de recherche d'Omics Core au sein de Sidra Medicine.

L'étude de l'ADN humain étant très importante pour comprendre et diagnostiquer les maladies, le Qatar et Sidra Medicine ont beaucoup investi dans ce domaine. Nous avons demandé à Sara Tomei quel en était l'impact sur votre travail.

"Au cours des deux dernières décennies, il y a eu une augmentation rapide, en termes de nombre et de diversité, des technologies génomiques : en 2003, la première version du génome humain a été publiée avec l'achèvement du Projet Génome Humain," précise-t-elle. "Cette première version n'était pas totalement complète puisqu'elle représentait environ 92% du génome humain, mais, avec l'amélioration des technologies, de nombreuses autres plateformes sont arrivées sur le marché, y compris celle de séquençage en lectures longues dont nous disposons à Sidra," indique-t-elle avant d'ajouter : "Cela signifie que nous connaissons désormais, la séquence complète du génome humain, nous connaissons la séquence exacte des 3 milliards de paires de bases réparties sur 23 chromosomes du génome humain, le génome humain ne présente donc plus aucune lacune. Cette information est très précieuse car elle peut également aider à comprendre comment les génomes humains varient et comment les variantes nouvellement découvertes influencent la santé et les maladies," souligne-t-elle.

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Analyse de cellules au laboratoire de recherche d'Omics CoreEuronews

Sur la piste des "processus évolutifs" et des "variations structurelles"

Mais Sidra Medicine collabore également avec l'équipe archéologique des musées du Qatar. Sara Tomei nous en dit plus. "Ce projet vise à mieux comprendre la société préhistorique qui vivait sur le territoire du Qatar," explique-t-elle. "Le Moyen-Orient se trouve au carrefour de l'Ancien Monde, là où l'Afrique, l'Europe et l'Asie se rencontrent et, en raison de cette situation géographique, cette région a joué un rôle central dans l'évolution de l'humanité, en étant la voie de passage des migrations entre l'Afrique et l'Asie," fait-elle remarquer avant de préciser : "L'objectif de ce projet est de combler ce manque de connaissances et de fournir davantage d'informations sur la société préhistorique qui vivait dans cette région, mais aussi d'établir les processus évolutifs de l'homme."

Sara Tomei nous présente ensuite, l'un des nombreux équipements high-tech dont dispose son laboratoire. Il s'agit d'une technologie appelée Bionano. "Elle permet la cartographie optique du génome," indique-t-elle. "Les instruments que nous avons s'appellent Saphyr : cette technologie est très utile pour détecter les grandes variations structurelles qui échappent aux autres technologies de séquençage," précise-t-elle.

"Or ces grandes variations structurelles sont à l'origine de nombreuses maladies, notamment les troubles du développement et le cancer, donc il est très important de les identifier et les détecter," insiste-t-elle.

La chiropraxie peut soulager certains symptômes

Les start-up ne sont pas les seules à donner un nouveau visage à la médecine actuelle. Le Qatar a enregistré une hausse de la demande et de l'utilisation des thérapies dites complémentaires et alternatives.

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De plus en plus de personnes ont recours à des approches holistiques en parallèle des traitements traditionnels. C'est le cas de Baber Raheel, coach personnel qui a consulté pour la première fois, un chiropracteur. Malgré ses réticences initiales, il affirme que le traitement lui-même n'est pas douloureux.

"Après mon premier rendez-vous avec le Dr Majdi Abudayyeh, j'ai constaté une grande différence au niveau de mon équilibre, mes épaules étaient beaucoup plus équilibrées et quand je suis allé m'entraîner cette semaine-là, j'ai senti que mon épaule n'était plus du tout gênée," raconte-t-il.

Les traitements chiropratiques sont des alternatives populaires à la médecine traditionnelle et on dit qu'ils ont peu, voire pas d'effets secondaires. La manipulation manuelle de l'alignement des os peut s'avérer efficace pour réduire certains symptômes et soulager des douleurs chroniques.

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Majdi Abudayyeh avec un patientEuronews

Majdi Abudayyeh, membre de l'International Medical Centre, exerce depuis plus de 15 ans. Il a décidé de devenir chiropracteur après avoir été traité avec succès pour des douleurs cervicales récurrentes. "Depuis que j'ai eu mon premier ajustement chiropratique pour mon cou, j'ai dû avoir uniquement un mal de gorge trois ou quatre fois dans ma vie : c'était pour moi, une preuve suffisante de l'aspect scientifique de la chiropraxie et à ce moment-là, j'ai décidé d'en faire mon métier," indique-t-il.

Outre l'ajustement de la colonne vertébrale, les traitements chiropratiques sont bénéfiques pour un certain nombre de problèmes de santé et de blessures. Mais le Dr Majdi prévient qu'avant de prendre rendez-vous, il est important de s'adresser à un spécialiste certifié. "Six heures de formation ne font pas de vous un docteur en chiropraxie," souligne-t-il. "Donc faites preuve de vigilance, assurez-vous de connaître la personne qui vous prodiguera l'ajustement, c'est très important ; ensuite, ne vous attendez pas à un traitement complet dès votre première visite," met-il en garde.

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"L'ayurvéda, c'est comme un mode de vie"

Autre type de thérapie alternative : l'approche holistique ancestrale indienne appelée ayurvéda. Le Remedy Centre de Duhail, au nord-ouest de Doha, est le premier établissement du Qatar agréé par le gouvernement et Reshmi Vijayakumar, la première praticienne ayurvédique à avoir obtenu une licence dans le pays.

"Nous avons des traitements pour de nombreux types de problèmes de santé et tous ces troubles peuvent être traités de manière naturelle et holistique, en s'attaquant à la racine du problème : en d'autres termes, nous l'enlevons de l'organisme au lieu de l'éradiquer," assure Reshmi Vijayakumar.

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Un soin ayurvédique délivré au Remedy CentreEuronews

Les thérapeutes du Remedy Centre sont formés au Kerala tandis que les produits et équipements sont importés d'Inde, pour une expérience authentique et traditionnelle. Et il ne s'agit pas uniquement de bougies et d'huiles.

"L'ayurvéda n'est pas uniquement un massage ou quelque chose qui vous fait vous sentir bien, ce n'est pas vraiment un soin que l'on trouve dans les spas : c'est plus que cela, c'est comme un mode de vie," estime-t-elle.

Les thérapies alternatives, ayurvédiques ou chiropratiques, par exemple, se proposent d'équilibrer notre corps, répondant à un besoin très actuel du fait de nos modes de vie parfois stressants.

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