Emmanuel Macron propose à la Corse de devenir autonome "sans désengagement de l'Etat"

Emmanuel Macron serre la main de la présidente de l'Assemblée de Corse Marie-Antoinette Maupertuis avant de s'adresser à une session de l'Assemblée de Corse à Ajaccio.
Emmanuel Macron serre la main de la présidente de l'Assemblée de Corse Marie-Antoinette Maupertuis avant de s'adresser à une session de l'Assemblée de Corse à Ajaccio. Tous droits réservés PASCAL POCHARD-CASABIANCA / POOL / AFP
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Par Gael Camba
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Lors d'un discours devant l'Assemblée régionale corse, Emmanuel Macron a proposé un texte constitutionnel pour construire l'autonomie corse au sein de l'Etat. Il fixe des lignes rouges sur un nouveau statut de citoyen corse et sur une co-officialité de la langue corse.

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Ce matin, la Corse a retenu son souffle en écoutant le président français Emmanuel Macron, à l’Assemblée régionale d’Ajaccio. Le président de la République a proposé aux élus corses un texte constitutionnel pour construire l’autonomie de l’île "sans désengagement de l’Etat".

"Ce ne sera pas une autonomie contre l’Etat, ni une autonomie sans l’Etat, mais une autonomie pour la Corse et dans la République", a précisé Emmanuel Macron.

Cette proposition unique en son genre est formulée à l’issue de plusieurs mois de discussions entre gouvernement et responsables politiques locaux, ponctués mercredi par un dîner à la préfecture d'Ajaccio, où chacun a mis ses dernières cartes sur la table.

Ces discussions avaient débuté après une explosion de violences insulaires en 2022. La mort du militant indépendantiste Yvan Colonna, agressé à la prison d'Arles, où il purgeait une peine de perpétuité pour l'assassinat en 1998 du préfet de Corse Claude Erignac à Ajaccio, avait alors déclenché de virulentes manifestations.

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Des manifestants avec un drapeau corse à Ajaccio le 3 avril 2022, après un rassemblement en hommage au militant indépendantiste Yvan Colonna, mortellement agressé en prison.PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

Un “texte constitutionnel” pour l’autonomie

"La Corse est enracinée dans la France et dans la République", déclarait Emmanuel Macron.

Il a promis "un texte constitutionnel et organique soumis à votre accord d’ici six mois" aux élus corses qui leur donnerait "la possibilité de définir des normes sur des matières ou des compétences transférées" sous le contrôle du Conseil d’Etat et du Conseil Constitutionnel.

Le président a évoqué l’entrée de la Corse dans la Constitution ainsi que l’inscription des spécificités de la communauté insulaire. Il a également souhaité un meilleur enseignement de la langue corse en proposant la création d’un "service public de l’enseignement en faveur du bilinguisme".

Les nationalistes réclamait un pouvoir législatif propre

Les nationalistes, qui contrôlent l'Assemblée de Corse, réclament de leur côté un pouvoir législatif propre, un statut de résident corse, la co-officialité de la langue corse et l'inscription de la notion de peuple corse dans la Constitution.

La droite, à l'inverse, se dit seulement favorable à une "adaptation" des lois de la République aux spécificités corses.

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Les membres de l'Assemblée de Corse se lèvent et applaudissent à la fin du discours d'Emmanuel Macron lors d'une session dans le cadre de sa visite de trois jours dans l'île.PASCAL POCHARD-CASABIANCA / POOL / AFP

Le président avait fixé nombre de lignes rouges, à commencer par le refus d'avoir deux catégories de citoyens dans la République, ce qui exclut un statut de résident et une co-officialité de la langue corse.

Avant de proposer l’autonomie, Emmanuel Macron a dressé le bilan de l’État en Corse : "Le gouvernement a fait sa part et nous avons ensemble beaucoup fait et cheminé avec un objectif simple et concret : rendre la vie des Corses meilleure."

"Cette force d'être Corses et Français"

Le président a souligné les moyens engagés dans la lutte contre la délinquance et le crime organisé, et les progrès réalisés en matière de santé (171 millions d’euros pour le centre hospitalier d’Ajaccio), d’environnement et d’équipement (avec le Plan de transformation et d’investissement pour la Corse, doté de 500 millions d’euros).

"La nouvelle étape institutionnelle que nous voulons lancer doit permettre à la Corse de conserver son âme et son identité tout en restant dans les bornes de la République", cadre le chef de l’Etat.

"Ce choix, c’est celui que notre jeunesse mérite, pour que les prochaines générations combinent à leur tour cette richesse et cette force d’être Corses et Français. Corse parce que Français. Français parce que Corse. Européen et de Méditerranée, tout cela à la fois", a conclu Emmanuel Macron, sous des applaudissements nourris des élus corses.

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