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La diminution de l'aide militaire allemande à l'Ukraine aura un impact majeur

Le chancelier allemand Olaf Scholz (à droite) et ses partenaires de coalition
Le chancelier allemand Olaf Scholz (à droite) et ses partenaires de coalition Tous droits réservés AP Photo
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Par Isabel Marques da Silva
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Cet article a été initialement publié en portugais

D'autres pays européens pourraient devoir intensifier leurs efforts pour compenser la décision de l'Allemagne de réduire son aide militaire à l'Ukraine, prévient Alain de Neve, chercheur en défense, interrogé par Euronews.

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L'Allemagne s'apprête à allouer quatre milliards d'euros au budget 2025 pour l'Ukraine. Ce chiffre représente près de la moitié des 7,5 milliards d'euros alloués cette année par Berlin.

La proposition de budget que le gouvernement de coalition a finalisée vendredi après de longues négociations doit maintenant être examinée par le Parlement allemand. Si cette diminution est confirmée, le chercheur de l'Ecole royale militaire de Belgique, Alain de Neve, prévient que l'impact ne sera pas négligeable.

"Il est évident que cela aura un impact, surtout en termes financiers. Pour ce qui est de l'aide militaire concrète en termes de matériels apportés, nous pouvons constater que la Pologne devance l'Allemagne à ce niveau. On sent bien que ce sont les pays voisins de l'Ukraine qui participent le plus (à cette aide). Il faut noter le cas particulier du Royaume-Uni, qui contribue aussi beaucoup plus que la France, l'Espagne ou l'Italie", explique-t-il à Euronews.

Depuis 2022, l'UE et ses Etats membres ont donné 38 milliards d'euros d'aide militaire, dont 28 milliards d'euros par l'Allemagne.

L'aide allemande est principalement financière, à laquelle il faut ajouter cinq milliards d'euros d'armement envoyés par ses forces armées.

Les avoirs russes gelés et la position américaine

Le G7, qui réunit les sept plus grandes économies mondiales, discute la possibilité d'utiliser une partie des 300 milliards de dollars d'avoirs russes gelés pour fournir du matériel militaire à l'Ukraine.

Mais les détails politiques et techniques qui seront discutés par les dirigeants du Canada, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, du Japon, du Royaume-Uni et des États-Unis ne seront pas faciles à résoudre, estime Alain de Neve. "Cela ne pourrait pas vraiment constituer une ressource pérenne pour soutenir les Ukrainiens dans leur résistance contre la Russie".

"Il faut savoir que ces quelque 300 milliards de dollars devront finalement être répartis entre plusieurs pays. Et c'est au G7 que la question sera débattue et négociée. On ne sait pas encore quelle enveloppe sera allouée aux différents Etats. On ne sait même pas s'il y aura un accord pour mobiliser cette réserve. Et encore une fois, cette réserve sera un one-shot. Il ne s'agira pas d'une mesure structurelle pouvant être mise en œuvre dans le temps long", ajoute-t-il.

Seuls les États-Unis accordent à l'Ukraine une aide militaire supérieure à celle de l'Allemagne, mais l'élection présidentielle américaine en novembre pourrait changer la donne. L'administration démocrate actuelle promet de maintenir ce soutien, mais le candidat républicain, Donald Trump, pourrait faire volte-face.

"Le principal danger qui pourrait exister est qu'une baisse européenne - même limitée - de l'aide à l'Ukraine pourrait s'accompagner d'une baisse particulièrement notable de l'aide des États-Unis si Donald Trump arrivait au pouvoir", prévient l'analyste.

"La question est de savoir si l'Europe peut reprendre la main dans la situation actuelle. C'est très difficile à imaginer. Il y aura clairement des domaines où l'Europe ne pourra pas compenser l'absence ou la réduction de l'aide militaire et financière américaine. Néanmoins, l'Europe sait depuis un certain temps que la question de la guerre entre l'Ukraine et la Russie est avant tout une question européenne", poursuit-il.

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, monte sur un tank
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, monte sur un tankMarcus Brandt/(c) Copyright 2022, dpa (www.dpa.de). Alle Rechte vorbehalten

Renforcer l'industrie de la défense

Conscients de ce fait, les dirigeants de l'UE ont décidé en février dernier de créer un nouveau mécanisme pour l'Ukraine, doté de 50 millions d'euros - à dépenser jusqu'en 2027 - pour soutenir également le redressement du pays et les réformes qu'il doit entreprendre en tant que candidat à l'adhésion au projet européen.

D'autre part, l'Union a compris qu'elle devait investir davantage dans sa propre industrie de défense afin d'aider l'Ukraine et de dissuader la Russie d'attaquer l'un de ses membres, en particulier les pays limitrophes.

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"Les Européens, en général, sont entre le marteau et l'enclume. D'un côté, il y a l'aide qui doit être apportée à l'Ukraine pour lui permettre, je dirais, de résister à la pression russe. D'autre part, il y a la nécessité d'un réarmement européen et de plus de ressources économiques. Les ressources budgétaires sont, par définition, limitées. Donc tous les pays européens, d'une manière ou d'une autre, dans les mois qui viennent, dans les années qui viennent, vont devoir faire des choix qui peuvent être parfois douloureux", souligne Alain de Neve.

Pour avancer dans ce dossier, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, souhaite créer un portefeuille dédié à la défense.

Ce nouveau commissaire européen sera chargé de gérer la première stratégie industrielle de défense européenne pour améliorer l'état de préparation et la sécurité de l'UE.

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