Une analyste de l'Institute for the Study of War, un groupe de réflexion basé à Washington, explique dans une interview à euronews que l'opéraion surprise a permis de démontrer les vulnérabilités du régime de Poutine et va changer la façon dont la société russe perçoit la guerre en Ukraine.
PUBLICITÉDeux semaines après l'incursion surprise de Kyiv en territoire russe, la situation sur le terrain semble indiquer que les forces ukrainiennes n'en ont pas encore fini.
Lorsqu'elles ont franchi la frontière entre la région de Soumy, en Ukraine, et celle de Koursk, en Russie, le 6 août, beaucoup pensaient qu'il s'agirait d'un nouveau raid rapide. L'opération a surpris les civils, les observateurs, les alliés occidentaux de l'Ukraine et les autorités russes.
Et c'est cette sécurité opérationnelle sans précédent qui a été la clé du succès, comme nous explique cet expert
"Et je pense que l'Ukraine a appris à juste titre de son expérience en matière de planification de la contre-offensive de l'année dernière, parce qu'ils ont beaucoup communiqué et beaucoup informé sur cela, ce qui a vraiment permis à l'Occident, mais aussi à la Russie, d'anticiper où l'Ukraine allait attaquer et quand", poursuit Karolina Hird.
ISW : l'incursion de Koursk montrera les vulnérabilités du régime de Poutine
Même un bref déplacement des hostilités sur le sol russe est « incroyablement important », estime Mme Hird, il aura de graves conséquences et montrera les vulnérabilités du régime de Poutine dans « deux mois, trois mois, à la fin de l'année ».
« Il y a tant de nuances qui semblent aujourd'hui très récentes, mais je pense qu'elles susciteront le mécontentement (en Russie) dans la durée. L'utilisation de conscrits, par exemple, et plus généralement, l'idée que la frontière russe n'est pas imperméable, qu'il s'agit en fait d'une vulnérabilité et que la société russe doit commencer à la considérer comme telle. Je pense que cela changera beaucoup de choses dans la façon dont la société russe perçoit la guerre et va nous montrer, en quelque sorte, comment la guerre peut être ressentie par les populistes russes, qui étaient largement apathiques à cet égard dans le passé ».
Zelensky à la frontière d'où est partie l'incursion
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est rendu pour la première fois jeudi dans la zone frontalière où ses forces ont lancé leur offensive surprise en Russie. Il a déclaré que l'armée de Kyiv avait pris le contrôle d'un autre village russe et capturé de nouveaux prisonniers de guerre.
Dans la région de Soumy, au nord de l'Ukraine, M. Zelensky a déclaré que les nouveaux prisonniers de guerre de la région russe de Koursk contribueraient à la création d'un « fonds d'échange » permettant de les échanger contre des Ukrainiens capturés.
« Une autre commune de la région de Koursk est désormais sous contrôle ukrainien, et nous avons réalimenté le fonds d'échange », a écrit M. Zelensky sur X après avoir entendu un rapport du plus haut commandant militaire de son pays, le colonel-général Oleksandr Syrsky.
M. Zelensky n'a pas nommé le village nouvellement capturé et n'a pas traversé la frontière avec la Russie, ce qui aurait été considéré par Moscou comme une provocation. Il avait déjà déclaré que l'Ukraine n'avait pas l'intention d'occuper la région à long terme, mais qu'elle souhaitait créer une zone tampon afin d'empêcher de nouvelles attaques en provenance de cette région vers l'Ukraine.
M. Zelensky a déclaré que l'opération à Koursk, lancée le 6 août, avait déjà permis de réduire les bombardements russes et le nombre de victimes civiles dans la région de Soumy.
Autre exemple de l'intensification des attaques ukrainiennes contre la Russie, les autorités chargées des situations d'urgence dans la région russe de Krasnodar ont déclaré qu'une frappe ukrainienne avait touché un ferry chargé de réservoirs de carburant dans le port de Kavkaz, provoquant un incendie. Ce port se trouve dans le détroit de Kertch, qui relie la mer Noire à la mer d'Azov.
L'audacieuse incursion ukrainienne a ébranlé le Kremlin, montrant la vulnérabilité de la Russie et réduisant à néant les efforts du président Vladimir Poutine pour prétendre que le pays a été largement épargné par la guerre qui dure depuis deux ans et demi.
La poussée de l'Ukraine vers la Russie marque la première capture de territoire russe depuis la Seconde Guerre mondiale, mais elle intervient alors que Kyiv continue de perdre du terrain dans l'est de l'Ukraine.