Volodymyr Zelensky réclame davantage de garanties de sécurité qui dissuaderaient toute agression future de la part de la Russie.
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Le président ukrainien a déclaré samedi qu'il avait demandé à ses ministres de ne pas signer une proposition d'accord visant à permettre aux États-Unis d'accéder aux minéraux de terres rares de l'Ukraine, car le document était trop axé sur les intérêts américains.
La proposition, qui était un élément clé des discussions entre Volodymyr Zelenskyy et le vice-président américain J.D. Vance en marge de la conférence sur la sécurité de Munich vendredi, n'offrait pas de garanties de sécurité spécifiques en échange, selon un haut fonctionnaire ukrainien.
La décision de ne pas signer d'accord, du moins pour l'instant, a été qualifiée de "myope" par un haut fonctionnaire de la Maison-Blanche.
"Je n'ai pas laissé les ministres signer un accord pertinent parce que, selon moi, il n'est pas prêt à nous protéger, à protéger nos intérêts", a précisé le président Zelensky.
La proposition portait sur la manière dont les États-Unis pourraient utiliser les minéraux de terres rares de l'Ukraine "en guise de compensation" pour le soutien déjà apporté à l'Ukraine par l'administration Biden et en guise de paiement pour l'aide future, ont déclaré des hauts fonctionnaires ukrainiens actuels et anciens, sous couvert d'anonymat afin de pouvoir s'exprimer librement.
L'Ukraine possède de vastes réserves de minerais essentiels utilisés dans les secteurs de l'aérospatiale, de la défense et du nucléaire. L'administration Trump a indiqué qu'elle souhaitait y accéder pour réduire sa dépendance à l'égard de la Chine, mais M. Zelensky a indiqué que toute exploitation devrait être liée à des garanties de sécurité pour l'Ukraine qui dissuaderaient toute agression future de la part de la Russie.
"Pour moi, il est très important qu'il y ait un lien entre certaines garanties de sécurité et certains investissements", a affirmé le président ukrainien.
Il n'a pas expliqué en détail pourquoi il avait demandé à ses fonctionnaires de ne pas signer le document, qui a été remis mercredi à des fonctionnaires ukrainiens par le secrétaire américain au Trésor, Scott Bassent, lors d'une visite à Kyiv.
"Il s'agit d'un accord colonial et Zelensky ne peut pas le signer", a déclaré l'ancien haut fonctionnaire.
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, Brian Hughes, n'a pas explicitement confirmé l'offre, mais a déclaré dans un communiqué que "le président Zelensky fait preuve de myopie face à l'excellente opportunité que l'administration Trump a présentée à l'Ukraine".
L'administration Trump s'est lassée d'envoyer une aide américaine supplémentaire à l'Ukraine et M. Hughes a déclaré qu'un accord sur les minéraux permettrait aux contribuables américains de "récupérer" l'argent envoyé à Kyiv, tout en développant l'économie ukrainienne.
M. Hughes a ajouté que la Maison-Blanche pensait que "des liens économiques étroits avec les États-Unis constitueraient la meilleure garantie contre de futures agressions et feraient partie intégrante d'une paix durable". Il a ajouté : "les États-Unis le reconnaissent, les Russes le reconnaissent et les Ukrainiens doivent le reconnaître".
"Le sous-sol appartient aux Ukrainiens en vertu de la Constitution"
Lors des discussions avec leurs homologues ukrainiens à Munich, les fonctionnaires américains ont fait preuve d'un esprit commercial et se sont largement concentrés sur les spécificités de l'exploration des minerais et sur la manière de former un éventuel partenariat avec l'Ukraine à cette fin, a déclaré le haut fonctionnaire.
La valeur potentielle des gisements en Ukraine n'a pas encore été discutée, une grande partie étant inexplorée ou proche de la ligne de front.
La proposition américaine n'a apparemment pas tenu compte de la manière dont les gisements seraient sécurisés en cas de poursuite de l'agression russe. Le fonctionnaire a laissé entendre que les États-Unis n'avaient pas de "réponses toutes faites" à cette question et que l'un des points à retenir des discussions de Munich sera la manière de sécuriser toute opération d'extraction minière en Ukraine impliquant des personnes et des infrastructures.
Tout accord doit être conforme à la législation ukrainienne et acceptable pour le peuple ukrainien, a cependant rappelé le haut fonctionnaire ukrainien cité plus haut.
"Le sous-sol appartient aux Ukrainiens en vertu de la Constitution", a pour sa part martelé Kseniiia Orynchak, fondatrice de l'Association nationale de l'industrie minière d'Ukraine, ce qui laisse entendre qu'un accord nécessiterait le soutien de la population.