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Macron, Costa, Meloni : qui devrait représenter l'UE lors des négociations sur l'Ukraine ?

De gauche à droite : le président français Emmanuel Macron, le président du Conseil européen António Costa, la Première ministre italienne Giorgia Meloni.
De gauche à droite : le président français Emmanuel Macron, le président du Conseil européen António Costa, la Première ministre italienne Giorgia Meloni. Tous droits réservés  AP Photo
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Par Alice Tidey
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Les pays européens insistent sur le fait qu'il ne peut y avoir de discussions sur la paix en Ukraine sans l'implication directe de l'Ukraine et de l'Europe, alors que les pourparlers entre Washington et Moscou ont déjà commencé.

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Les dirigeants européens qui réclament un siège à la table des négociations avec l'Ukraine, la Russie et les États-Unis n'ont pas commencé à discuter de qui pourrait les représenter, ont déclaré des sources diplomatiques à Euronews.

Une source européenne a toutefois confirmé à Euronews que le président du Conseil européen, António Costa, avait entamé un processus de consultations bilatérales avec les dirigeants des 27 États membres afin de déterminer ce qu'ils sont prêts à faire en termes d'aide à l'Ukraine et leur position sur les garanties de sécurité.

"Le Coreper a été informé hier soir de cette initiative ", a déclaré la source à Euronews, faisant référence au forum des diplomates basés à Bruxelles.

Euronews croit savoir que la question de la nomination d'un envoyé spécial européen, comme le demande l'Ukraine, pourrait être abordée lors des discussions que Costa aura avec les dirigeants.

Les discussions initiales entre Washington et Moscou ont eu lieu à Riyad mardi (18 février), six jours après que le président américain Donald Trump a annoncé, à la suite d'un appel " long et très productif " avec Vladimir Poutine, que le dialogue commencerait " immédiatement ".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et les dirigeants de l'UE, qui ont jusqu'à présent été tenus à l'écart du processus, ont largement condamné les discussions bilatérales et exigé que l'Ukraine et l'Europe soient toutes deux impliquées.

Aucun nom en lice

Kyiv a exhorté l'UE à nommer d'urgence un envoyé spécial, comme l'ont fait les États-Unis avec le général Keith Kellog.

"La décision devrait être prise rapidement", a déclaré Ihor Zhovkva, chef adjoint du bureau du président ukrainien Volodymyr Zelensky, à Bloomberg en début de semaine. "J'espère qu'elle interviendra juste après la réunion de Paris. Nous devons agir, pas réagir".

Mais malgré deux réunions organisées à la hâte à Munich et à Paris entre les ministres des Affaires étrangères et les dirigeants respectivement, le sujet n'a pas été abordé, ont confirmé trois diplomates à Euronews.

"Il n'y a pas de noms en lice. Ce n'est pas une question pertinente. Il ne s'agit pas d'egos d'individus, mais d'intérêts. Donc, nous devons d'abord travailler sur une position commune de ce que nous voulons, plutôt que de discuter de qui devrait présenter cette position", a déclaré un diplomate à Euronews, sous couvert d'anonymat.

La réunion informelle de lundi à Paris, organisée par le Français Emmanuel Macron et réunissant les dirigeants de l'Allemagne, de la Grande-Bretagne, de l'Italie, de la Pologne, de l'Espagne, des Pays-Bas, du Danemark, ainsi que les chefs du Conseil européen, de la Commission européenne et de l'OTAN, n'a pas réussi à clarifier les garanties de sécurité communes que les nations européennes sont prêtes à fournir dans le cadre d'un processus de paix.

La question de savoir qui devrait représenter l'Europe lors des négociations n'a pas non plus été évoquée, ont confirmé à Euronews trois personnes au fait de la question.

Macron devait organiser une autre réunion virtuelle mercredi avec les dirigeants d'autres pays de l'UE et de la Norvège.

Trop peu, trop tard ?

Pour les experts contactés par Euronews, l'Europe s'est plus ou moins exclue elle-même en ne préparant pas les discussions plus tôt, y compris sous l'administration Biden - lorsque les relations avec Washington étaient moins conflictuelles - ou dans la période de trois mois entre la réélection et l'inauguration de Trump.

"Je pense que l'UE ou certains États européens auraient dû proposer des discussions avant que Donald Trump ne lance son initiative, éventuellement avec d'autres États non membres de l'UE ", a déclaré Claude-France Arnould, ancienne diplomate française et conseillère spéciale du président pour les affaires européennes à l'Institut français des relations internationales (IFRI), à Euronews.

"Nous ne serions pas dans une situation où nous essayons d'acheter un siège en nous efforçant d'offrir des déploiements de troupes ou de l'argent dans un contexte que nous ne décidons pas ", a-t-elle ajouté.

Lorsque Euronews a sondé les opinions sur les personnes qui devraient être invitées à la table des négociations, António Costa et Kaja Kallas, la cheffe de la diplomatie européenne, sont arrivés en tête en raison des responsabilités que leur confèrent leurs rôles respectifs.

Armida van Rij, responsable du programme Europe de Chatham House, a préféré Costa à la Haute représentante, arguant qu'il "pourrait être mieux placé pour représenter les États membres sur cette question", étant donné que son rôle au Conseil européen est d'aider à construire un consensus entre les capitales de l'UE.

Costa, ainsi que le chef de la Commission européenne Ursula von der Leyen, ont également été cités comme négociateurs potentiels par Sven Bishop, directeur du programme "Europe in the World" à l'Institut Egmont.

"Je pense que l'UE en tant que telle doit être présente parce que la décision de poursuivre la demande d'adhésion de l'Ukraine (si c'est ce que nous décidons) est stratégiquement cruciale", a-t-il déclaré à Euronews.

"Mais seuls les États peuvent fournir à l'Ukraine une garantie de sécurité, donc peut-être (le premier ministre britannique Keir) Starmer et Macron, les deux puissances nucléaires européennes et/ou (le premier ministre polonais Donald) Tusk étant donné que la Pologne a maintenant la plus grande armée en Europe " et qu'elle détient actuellement la présidence tournante du Conseil de l'UE, a-t-il ajouté.

Un timing malheureux

Cependant, pour M. van Rij, il sera probablement difficile pour les dirigeants de l'UE de nommer l'un des leurs par crainte qu'il ne favorise leurs propres intérêts ou positions nationales.

Emmanuel Macron, par exemple, a déjà exprimé sa volonté d'envoyer des troupes de maintien de la paix en Ukraine, une proposition que les autres États membres ont rejetée. Son étoile est également en train de pâlir en raison de la faiblesse de sa position à l'intérieur du pays.

En outre, il a déjà tenté, en vain, de négocier entre Téhéran et Washington lors de la première présidence de M. Trump, et a été critiqué par le dirigeant américain à cette occasion.

L'Italienne Giorgia Meloni, qui est considérée comme favorable à Trump après avoir été invitée et avoir assisté à son investiture, pourrait être dans la course. Mais bien qu'elle soit pro-Ukraine, pro-UE et pro-OTAN, ce qui serait essentiel pour obtenir le soutien de la plupart des États membres de l'UE, les faibles dépenses de l'Italie en matière de défense - elle n'atteint pas l'objectif de 2 % du PIB fixé par l'OTAN - et le fait qu'elle ne soit pas considérée comme un acteur militaire de poids pourraient la voir disqualifiée par Washington.

Le moment est d'autant plus "malheureux", a noté M. van Rij, qu'il se produit au beau milieu d'une campagne électorale en Allemagne qui s'achèvera le 23 février.

Friedrich Merz, le leader de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), est largement pressenti pour remplacer Olaf Scholz au poste de chancelier.

Ses positions sur l'Ukraine et la défense semblent plus proches de celles de Macron, ce qui pourrait permettre aux deux États membres, souvent décrits comme le moteur de l'UE, de recommencer à travailler en tandem après la rupture des relations entre Emmanuel Macron et Olaf Scholz. Toutefois, des mois de négociations de coalition pourraient être nécessaires avant qu'un nouveau gouvernement allemand ne soit mis en place.

On ne sait pas non plus si le Royaume-Uni ou d'autres États non membres de l'UE accepteront de se rallier au choix du bloc ou s'ils exigeront leurs propres sièges.

Tous ces éléments combinés signifient "qu'il est très peu probable qu'une personne représente l'Europe ou l'UE dans ces discussions", a déclaré M. van Rij.

Marco Rubio, le secrétaire d'État américain, et Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, ont tous deux déclaré cette semaine qu'ils ne prévoyaient pas que l'Europe soit impliquée, avec Rubio affirmant que l'UE pourrait être impliquée lorsque la question de l'allègement des sanctions serait abordée.

Les ambassadeurs de l'UE ont approuvé mercredi un seizième train de sanctions à l'encontre de la Russie pour sa guerre contre l'Ukraine, visant notamment l'aluminium et la flotte de pétroliers dite "fantôme" de Moscou.

Sources additionnelles • adaptation : Serge Duchêne

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