Lors d'un sommet au Caire, le plan égyptien de reconstruction de Gaza a été approuvé par les dirigeants arabes. Cette initiative garantirait aux 2 millions de Gazaouis de rester sur place, à l’opposé de la proposition de Donald Trump, qui envisageait leur relocalisation en Égypte et en Jordanie.
Les dirigeants arabes ont approuvé mardi le plan égyptien de reconstruction pour la bande de Gaza, rejetant ainsi le projet de Donald Trump visant à dépeupler le territoire et à le transformer en une destination balnéaire. Ce plan de 53 milliards de dollars, validé lors d'un sommet au Caire, permettrait aux quelque 2 millions de Palestiniens vivant à Gaza de rester sur leur territoire.
La paix,"option stratégique des Arabes"
"Nous sommes ouverts à toute proposition ou idée de la communauté internationale pour garantir le succès de ce plan, qui doit être mis en œuvre parallèlement à un plan de paix plus vaste", a déclaré le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi dans un message publié sur les réseaux sociaux après la réunion.
"Adopter un plan qui vise à un règlement global et juste de la question palestinienne, qui mette fin aux causes profondes du conflit israélo-palestinien, qui garantisse la sécurité et la stabilité des peuples de la région et qui établisse l'État palestinien", a ajouté Abdel Fattah el-Sissi.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a souligné que le communiqué final du sommet appelait le Conseil de sécurité de l'ONU à déployer une force internationale de maintien de la paix à Gaza et en Cisjordanie occupée. "La paix est l'option stratégique des Arabes", a-t-il déclaré, ajoutant que le communiqué rejetait le transfert des Palestiniens et approuvait le plan de reconstruction de l'Égypte. "Le plan égyptien ouvre la voie à un nouveau contexte sécuritaire et politique à Gaza."
Le plan égyptien d'après-guerre pour Gaza
Le plan égyptien, aussi appelé "plan arabe", prévoit de reconstruire Gaza d'ici à 2030 sans déplacer sa population. La première phase consisterait à déblayer plus de 50 millions de tonnes de débris laissés par les offensives militaires et les bombardements israéliens, tout en nettoyant les bombes non explosées.
Le projet prévoit également de rénover les terres agricoles, de créer des zones industrielles et d'aménager de vastes parcs. L'objectif est de remodeler Gaza en y construisant des logements et des espaces urbains "durables, verts et praticables", avec l'utilisation des énergies renouvelables. En outre, l'ouverture d'un aéroport, d'un port de pêche et d'un port commercial fait partie des ambitions du plan. Ces projets, inclus dans les accords de paix d'Oslo dans les années 1990, avaient été abandonnés avec l'effondrement du processus de paix.
Réactions du Hamas et d'Israël
Le Hamas a salué ce plan, estimant qu'il marque le rejet par les dirigeants arabes des tentatives de transfert des Palestiniens hors de Gaza et de Cisjordanie occupée.
En revanche, Israël a fermement rejeté le projet. Oren Marmorstein, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, a affirmé que le plan égyptien "ne tient pas compte des réalités de la situation", soulignant que le communiqué final du sommet ne mentionne pas l'attentat du 7 octobre 2023 perpétré par le Hamas, ni ne condamne ce groupe militant.
Oren Marmorstein a réaffirmé le soutien d'Israël au "plan Trump", qui envisage de réinstaller la population de Gaza ailleurs, qualifiant ce plan d'"opportunité pour les habitants de Gaza d'avoir un choix libre basé sur leur libre arbitre".
Washington insiste sur le retrait du Hamas du pouvoir à Gaza
La Maison Blanche a réagi en saluant les contributions des nations arabes, tout en insistant sur le fait que le Hamas ne pouvait pas rester au pouvoir à Gaza. "Le président s'en tient à sa vision audacieuse d'une Gaza d'après-guerre, mais il se félicite de l'apport de nos partenaires arabes dans la région. Il est clair que ses propositions ont incité la région à s'asseoir à la table des négociations plutôt que de laisser ce problème dégénérer en une nouvelle crise", a déclaré Brian Hughes, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche.
Le plan approuvé par les pays arabes stipule que le Hamas céderait le pouvoir à une administration intérimaire composée d'indépendants politiques jusqu'à ce qu'une Autorité palestinienne réformée puisse prendre le contrôle. Brian Hughes a précisé : "Le président Trump a clairement indiqué que le Hamas ne pouvait pas continuer à gouverner la bande de Gaza".
Le mois dernier, Donald Trump a étonné la région en proposant que les 2 millions de Palestiniens vivant à Gaza soient relogés dans d'autres pays. Selon lui, les États-Unis récupéreraient les terres pour en faire une "Riviera" au Moyen-Orient. Ce plan, rejeté par les Palestiniens, les pays arabes et les experts en droits de l'homme pour son caractère probablement contraire au droit international, a été approuvé par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.