L'armée israélienne a annoncé dimanche la mise en place de "pauses tactiques" de dix heures dans certaines zones de Gaza afin de permettre l'entrée d'une aide "minimale" dans le territoire.
Selon les Palestiniens, les colis d'aide largués par Israël et d'autres pays dimanche et les dizaines de camions d'aide qui sont entrés dans l'enclave ne sont pas suffisants et n'ont pas atteint l'ensemble de la population de plus de deux millions d'habitants.
"Nous n'avons pas vu d'aide terrestre, aérienne ou autre", déclare Maryam Yahya, une femme déplacée de Rafah vivant à Al-Zawaida.
"Nous sommes ici, assis au bord de la route, nous ne recevons rien et rien ne nous parvient. Nous sommes assis dans des tentes comme des mendiants, attendant un kilo de farine, et personne ne nous l'apporte".
"Nous voyons des bombardements partout"
Israël a mis en place des "pauses tactiques" quotidiennes de 10 heures dans trois zones de Gaza pour permettre un accès limité à l'aide humanitaire, alors que la communauté internationale s'inquiète de plus en plus de l'aggravation de la famine dans le territoire.
Toutefois, l'Organisation des Nations unies (ONU) affirme que ces pauses temporaires restaient insuffisantes car les risques de pillage persistent. Le Programme alimentaire mondial (PAM) appelle également à la mise en place de couloirs fiables et d'un accès de l'aide à grande échelle.
"Nous avions l'habitude de recevoir de l'aide de l'UNRWA (l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, ndlr). Ils ne nous la donnent plus. S'ils l'avaient remise à l'UNRWA, ils nous l'auraient apportée. Lorsque l'UNRWA livrait l'aide, nous n'avons jamais manqué de rien", explique Maryam Yahya.
"L'aide est acheminée par avion. Les gens ont peur de quitter leur tente et de voir une boîte tomber sur leurs enfants", ajoute Ahmed Al-Sumairi, un habitant de Khan Younès aujourd'hui déplacé dans le centre de la bande de Gaza.
"Beaucoup sont morts à cause de la chute [de l'aide] sur les tentes. Sur le terrain, il n'y a pas de cessez-le-feu... La situation reste la même : un siège, pas de nourriture ni d'eau".
"Ils appellent cela un "cessez-le-feu temporaire", mais nous ne voyons pas cela comme un cessez-le-feu temporaire. Nous voyons des bombardements partout", déclare par ailleurs Mohammed Al-Sumairi, déplacé de Khan Younès qui vit actuellement dans une tente à Al-Zawaida.
Un tiers des Gazaouis n'a pas mangé depuis trois, jours, selon les Nations unies
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré qu'Israël autoriserait une aide "minimale" à entrer dans la bande de Gaza, après que des images d'enfants en état de malnutrition ont attisé les critiques à l'encontre d'Israël et incité ses alliés à appeler à la fin de la guerre.
L'État hébreu affirme avoir limité le niveau de l'aide entrant dans la bande de Gaza pour empêcher le Hamas de la détourner à son profit, sans fournir de preuve que cela se produise à grande échelle.
L'armée israélienne déclare que 28 colis d'aide contenant de la nourriture ont été largués par avion dans la bande de Gaza dimanche et que d'autres mesures seraient mises en place pour établir des itinéraires sûrs.
Le Programme alimentaire mondial des Nations unies affirme qu'il dispose de suffisamment de nourriture - sur place ou en cours d'acheminement - pour nourrir l'ensemble de la bande de Gaza pendant près de trois mois.
L'organisme estime qu'un tiers de la population du territoire n'a pas mangé depuis des jours et que des centaines de milliers de personnes souffrent actuellement de conditions proches de la famine.