Le Premier ministre a promis que le gouvernement ne toucherait pas aux jours fériés et a assuré vouloir travailler avec une partie de la gauche pour sortir de l’impasse budgétaire.
Une mesure dont personne ne voulait. Le nouveau Premier ministre français, Sébastien Lecornu, a déclaré samedi qu'il abandonnait la suppression de deux jours fériés (le 8-Mai et le lundi de Pâques) prévue par son prédécesseur, François Bayrou, dans le cadre des mesures budgétaires destinées à réduire le déficit.
Réagissant à l'annonce vendredi par l'agence de notation Fitch de la dégradation de la note souveraine de la France à A+, le niveau le plus bas jamais enregistré par la deuxième économie de l'UE, le locataire de Matignon a déclaré aux quotidiens régionaux La Provence et Ouest France : "Nous payons le prix de l'instabilité".
La décision de Fitch accentue la pression sur Lecornu, qui est chargé de consulter les forces politiques avant de former un gouvernement et d'élaborer un budget 2026 susceptible d'être adopté par un parlement divisé en trois blocs.
La gauche au centre du jeu
Privé de majorité à l’Assemblée, Lecornu avait promis des "ruptures" et s'était déjà engagé à être "plus créatif" et à discuter avec l'opposition, notamment avec une partie de la gauche.
"Mon état d'esprit est simple : je ne veux ni instabilité ni immobilisme", a-t-il déclaré lors de sa première interview depuis son entrée en fonction.
Il a ajouté que le futur budget "ne refléterait peut-être pas entièrement" ses convictions, appelant à une "discussion parlementaire moderne et franche, de très bon niveau" avec le Parti socialiste, les Écologistes et le Parti communiste, sans La France insoumise, de gauche radicale, qu'il accuse de "préférer le désordre".
LFI avait annoncé ne pas vouloir prendre part aux consultations initiées par le Premier ministre et reproche à ses anciens partenaires du Nouveau front populaire de "coaliser" avec la macronie.
Une coalition, cependant, difficilement envisageable. Les partis de gauche et les syndicats ont certes réclamé le retrait de la suppression de deux jours fériés, mais tous demandent également des mesures de "justice fiscale", comme la "taxe Zucman" – un impôt annuel de 2 % visant les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros – poussée par le PS.
"S’il le faut, nous appuierons sur le bouton de la censure", a mis en garde samedi le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, à la Fête de l'Humanité.
"Un impact sur la vie des ménages"
Le président Emmanuel Macron a confié Matignon à Sébastien Lecornu, un fidèle parmi les fidèles, après que les députés ont évincé le centriste François Bayrou lors d'un vote de confiance sur ses plans d'économie budgétaire.
Commentant la décision de l'agence Fitch, le prédécesseur de Lecornu, redevenu "simple" maire de Pau, s'est fendu d'un tweet, accusant les "élites" de "refuser la vérité" aux Français, concernant l'endettement du pays.
La crise politique a fait grimper les coûts d'emprunt à un niveau proche de ceux de l'Italie, qui supporte la deuxième dette la plus élevée de la zone euro, après la Grèce, et dont la notation de crédit est bien inférieure (BBB).
"Les taux d'intérêt, lorsqu'ils montent, ont un impact direct sur les finances de l'État, mais aussi directement sur la vie des ménages et des entreprises", a prévenu Sébastien Lecornu.
La dégradation de la note française était toutefois attendue par le marché, et une hausse significative des taux, notamment sur les prêts immobiliers, paraît peu probable.
Le ministre de l'Économie démissionnaire, Éric Lombard, a salué, sur le plateau de France 2, le dialogue avec l'opposition entamé par le chef du gouvernement, tout en rappelant que plusieurs indicateurs économiques étaient au vert, comme un taux de chômage "historiquement bas".
"La France se finance sans difficulté sur les marchés. Mais elle le fait à des taux d'intérêt trop élevés, qui coûtent inutilement aux Français. C'est contre cela que nous devons lutter. Pour cela, nous devons réduire le déficit", a-t-il insisté.