Dans une interview exclusive accordée à Euronews, le Premier ministre israélien a déclaré qu'il incombait au Hamas de libérer immédiatement les otages et d'accepter sans réserve le plan de paix de Donald Trump, tout en critiquant vivement l'Europe qui a, selon lui, "cédé aux islamistes".
"Ne nourrissez pas le crocodile car il vous mordra plus fort", a lancé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu aux dirigeants européens, soulignant qu'il incombait au Hamas d'accepter le plan de paix de Donald Trump et de libérer immédiatement les otages, dans une interview exclusive accordée à Euronews ce dimanche.
Le dirigeant israélien a répondu aux questions d'Euronews quelques jours avant le deuxième anniversaire de l'attaque du 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël, au cours de laquelle des militants du Hamas ont tué 1 200 personnes et en ont kidnappé 250.
Le groupe islamiste radical détient actuellement 48 otages, dont une vingtaine seraient encore en vie.
Dans le cadre du plan élaboré par Washington, que le président américain a dévoilé en début de semaine aux côtés de Benjamin Netanyahu, le Hamas libérerait les otages restants, vivants et morts, renoncerait au pouvoir et déposerait les armes.
En contrepartie, Israël serait tenu de mettre fin à son offensive et de se retirer d'une grande partie de la bande de Gaza, de libérer des centaines de prisonniers palestiniens et d'autoriser l'acheminement de l'aide humanitaire et, à terme, la reconstruction de l'enclave palestinienne.
L'accord, si le Hamas l'accepte, "pourrait être le début de la fin de la guerre", a déclaré le Premier ministre à Euronews. "La raison pour laquelle le Hamas a accepté cet accord est que nous avons agi militairement contre son principal bastion", a-t-il estimé.
"En conséquence, le Hamas est devenu plus flexible, car il a réalisé que la fin était proche".
"Espérons que nous pourrons en finir de la manière la plus facile et non la plus dure", a ajouté Benjamin Netanyahu.
"Le règne du Hamas touche à sa fin"
Un responsable du Hamas a déclaré en début de semaine que certains éléments du plan étaient inacceptables et devaient être modifiés, sans donner plus de détails. Le chef du gouvernement de l'État hébreu a rejeté ces réserves, affirmant que le Hamas devait déposer les armes.
"Il ne peut pas l'accepter partiellement, il doit l'accepter entièrement", a insisté Benjamin Netanyahu dans son interview à Euronews. "Si nous mettons en place une administration civile à Gaza qui n'enseigne pas à ses enfants à haïr Israël, à tuer les Juifs partout... alors je pense que toute la région pourra avoir un avenir beaucoup plus positif et pacifique".
Si le Hamas refuse d'accepter l'accord dans son intégralité, a ajouté Netanyahu, rappelant les propos de Donald Trump, les États-Unis soutiendront pleinement Israël dans ses efforts pour mettre fin militairement à la guerre.
"Je pense que tout le monde réalise que le règne du Hamas touche à sa fin", a déclaré Netanyahu à Euronews. "Nous avons besoin d'un système de répartition des responsabilités. À Gaza, nous aurons besoin d'une administration civile qui ne soit pas dirigée par des personnes déterminées à détruire Israël", a-t-il expliqué.
L'enclave peuplée de quelque 2 millions de Palestiniens serait placée sous administration internationale, supervisée par Donald Trump et l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair. Le plan ne prévoit aucune voie pour une éventuelle réunification avec la Cisjordanie occupée par Israël dans le cadre d'un futur État palestinien.
La plupart des hauts dirigeants du Hamas à Gaza et des milliers de ses combattants ont déjà été tués, mais le mouvement islamiste radical conserve sa présence dans les zones non contrôlées par Tsahal et lance des attaques sporadiques qui ont tué et blessé des soldats israéliens.
Le groupe armé a, jusqu'ici, a campé sur ses positions : il ne libérera les otages restants - son seul moyen de pression - qu'en échange d'un cessez-le-feu durable et d'un retrait militaire complet d'Israël.
L'Europe a "cédé à la terreur"
Israël cherche à intensifier la pression sur le Hamas depuis qu'il a mis fin unilatéralement à un précédent cessez-le-feu en mars, déclarant vouloir éradiquer le groupe militant de Gaza et démanteler son réseau de tunnels et autres installations.
Il a isolé le territoire, le coupant de tout approvisionnement en nourriture, en médicaments et en autres biens pendant plus de deux mois, et s'est emparé, a rasé et largement dépeuplé de vastes zones de la bande de Gaza.
La campagne militaire menée actuellement par Israël à Gaza a causé la mort de 67 000 Palestiniens, selon les chiffres communiqués par le ministère de la Santé local, dirigé par le Hamas, qui ne fait pas de distinction entre civils et combattants dans son bilan des victimes.
Benjamin Netanyahu a déclaré que les informations provenant de Gaza étaient de la "propagande", affirmant que les rapports des médias internationaux étaient "déformés", les dirigeants européens ayant "cédé à la terreur".
"L'Europe s'est effacée parce qu'elle a cédé au terrorisme du Hamas", a déclaré Netanyahu, affirmant que la récente vague de reconnaissance de l'État palestinien était "la récompense ultime pour le Hamas après le plus grand massacre contre les Juifs depuis l'Holocauste".
Il a ajouté que l'Europe devait s'opposer à la menace terroriste, déclarant qu'Israël menait "la bataille du monde libre pour empêcher les barbares d'envahir l'Europe".
Un exemple en est, selon ses termes, "la terreur iranienne que nous avons repoussée... Le Hamas, le Hezbollah, les Houthis, toutes ces forces fanatiques qui ne s'opposent pas seulement à Israël, scandant "Mort à l'Amérique" et, entre les lignes, "Mort à l'Europe", pour l'avenir du monde", a martelé le dirigeant israélien.
"J'espère que l'Europe changera de cap", a-t-il déclaré.
Retrouvez en intégralité l'interview exclusive du Premier ministre israélien dimanche soir à 20h30, heure de Paris.