Confronté à sa pire sécheresse depuis des décennies, l'Iran pourrait connaître une pénurie d'eau potable sans précédent. Les autorités demandent aux habitants de Téhéran de rationner leur consommation afin d'éviter une pénurie totale.
Téhéran s'apprête à vivre une pénurie d'eau potable encore jamais connue, son principal réservoir étant bientôt à sec. Le pays est confronté, cette année, à sa pire sécheresse depuis des décennies, une situation qui dure depuis désormais cinq ans, a prévenu Behzad Parsa, directeur exécutif de la compagnie régionale des eaux de la capitale.
Ces épisodes successifs ont exercé une pression sans précédent sur les ressources en eau de Téhéran. Et pour cause, la quantité de pluie tombée dans la province en octobre dernier est "la plus faible depuis près d'un siècle".
Dans un communiqué publié ce dimanche 2 novembre, Behzad Parsa a déclaré que le débit d'eau dans les barrages de Téhéran avait diminué de 43 % par rapport à la même période de l'année dernière.
Il a ajouté que le barrage d'Amir Kabir, qui contenait 86 millions de m³ d'eau il y a un an, subissait aujourd'hui une forte baisse de sa capacité en raison d'une "chute de 100 % des précipitations" par rapport à la moyenne historique de la province.
L'immense métropole de plus de 10 millions d'habitants pourrait ainsi connaître une "crise sans précédent" en termes d'approvisionnement d'eau potable si aucun changement radical n'est pris rapidement. Behzad Parsa a appelé les citoyens à coopérer activement en rationalisant leur consommation et en modifiant leurs habitudes, estimant qu'il s'agissait là de la "seule option possible pour éviter l'effondrement du système".
Car la capacité actuellement retenue dans les barrages ne permet d'approvisionner Téhéran "que pendant moins de deux semaines", a-t-il souligné.
Behzad Parsa n'a pas révélé l'état des autres réservoirs. Les médias iraniens rapportent, de leur côté, que la consommation quotidienne de Téhéran est d'environ trois millions de m³.
Dans des déclarations antérieures, le président iranien Masoud Bazeshkian a décrit la crise de l'eau comme étant "plus grave que ce qui est présenté dans les débats publics".
Des mesures d'urgence indispensables
Face à la détérioration rapide des stocks d'eau des barrages, les autorités iraniennes ont tenu une réunion d'urgence avec le ministre de l'Énergie et le gouverneur de Téhéran. Issi Bazargzadeh, porte-parole du secteur de l'eau du ministère iranien de l'Énergie, a révélé que les barrages de Lutian, Mamlu, Lar et Amerkabir avaient atteint leur "capacité de charge minimale", obligeant les responsables à prendre des "décisions exceptionnelles" pour réduire la consommation.
Issi Bazargzadeh a souligné que le succès des plans de rationalisation "exige une coordination étroite entre le ministère de l'Énergie et les citoyens".
Le 31 octobre, il avait annoncé que le gouvernement avait élaboré un "scénario pessimiste" concernant les besoins de Téhéran au cours de l'automne, soulignant que les mesures de réduction de consommation de l'eau se poursuivraient jusqu'à ce qu'une "stabilité tangible" des ressources soit atteinte.
Selon l'agence de presse iranienne Tasnim, neuf grands lacs et marais d'Iran - dont Urumiyeh, Bakhtegan, Prishan, Jazmourian, Javakhoni, Hamoun, Maharlu, Tashk et le bassin Sultan de Qom - se sont totalement ou partiellement asséchés au cours de l'été.
L'Organisation iranienne de protection de l'environnement a attribué cette détérioration à l'arrêt des écoulements de surface, à l'épuisement excessif des eaux souterraines et à la baisse du niveau des nappes phréatiques, notant que plus de 60 % des marais ont perdu plus de la moitié de leur capacité ou se sont complètement asséchés.
Au cours des dernières semaines, des pannes répétées ont eu lieu dans différents quartiers de la capitale, un phénomène courant pendant l'été. En juillet et en août, les activités professionnelles ont été suspendues à deux reprises dans le cadre de mesures d'urgence visant à réduire la demande d'eau et d'électricité en raison d'une vague de chaleur record et de coupures de courant quasi-quotidiennes.
De la propagande israélienne
En août dernier, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a tenté d'exploiter la crise de la pénurie d'eau en Iran en envoyant un message vidéo en anglais aux Iraniens dans lequel il parlait de cette situation.
"Vos dirigeants nous ont imposé une guerre de douze jours et ont subi une défaite écrasante. Ils mentent toujours et disent rarement la vérité", a-t-il déclaré, avant d'appeler les Iraniens à "être audacieux et courageux, à oser rêver" et les a exhortés à "descendre dans la rue pour exiger justice et responsabilité".
Il a promis qu'"Israël, premier pays au monde en matière de recyclage de l'eau, enverra ses experts en Iran une fois ce pays libéré".