La huitième et neuvième attaque états-unienne contre le narcotrafic ont fait cinq morts, portant à 37 le nombre de victimes depuis le début de la campagne, le mois dernier.
L'armée américaine a mené, ce mercredi 22 octobre, sa neuvième attaque contre un bateau suspecté de trafic de drogue au large des côtes sud-américaines, tuant trois nouvelles personnes, a déclaré le secrétaire à la défense, Pete Hegseth.
Cette frappe a eu lieu quelques heures seulement après une autre, menée mardi soir, dans le Pacifique Est, ayant fait deux morts, avait indiqué le secrétaire à la Défense sur les réseaux sociaux.
Ces deux nouvelles offensives, portant ainsi à 37 le nombre de morts depuis le début de la campagne, le mois dernier, démontre la volonté de Washington de renforcer sa guerre contre le trafic de drogue. Cependant, ces deux dernières offensives marquent un changement de stratégie : elles sont les seules à avoir été menées dans l'océan Pacifique, les sept premières avaient pris pour cible des bateaux naviguant dans les Caraïbes.
Washington en guerre contre les "terroristes"
Pete Hegseth a également établi un parallèle direct entre la guerre contre le terrorisme déclarée par les États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001 et la répression menée par l’administration Trump contre le trafic de drogue.
"Tout comme Al-Qaïda a mené la guerre contre notre patrie, ces cartels mènent la guerre contre notre frontière et notre peuple", a-t-il écrit, ajoutant qu'il n'y aura "ni refuge ni pardon", mais "seulement la justice". Le secrétaire à la Défense a accompagné son commentaire d'une vidéo sur laquelle un petit bateau rempli de paquets bruns explose puis prend feu.
"Ces frappes se poursuivront, jour après jour. Il ne s'agit pas simplement de passeurs de drogue, mais de narcoterroristes qui sèment la mort et la destruction dans nos villes. Ces organisations de trafic de drogue sont les "Al-Qaïda" de notre hémisphère et elles n'échapperont pas à la justice. Nous les trouverons et les tuerons, jusqu'à ce que la menace qui pèse sur le peuple américain soit éliminée", a-t-il écrit dans un second post.
Le président républicain Donald Trump a justifié ces frappes en affirmant que les États-Unis sont engagés dans un "conflit armé" contre les cartels de la drogue, déclarant ces organisations criminelles comme "combattants illégaux", s’appuyant ainsi sur la même base juridique utilisée par l’administration Bush pour la guerre contre le terrorisme. "La seule manière de ne pas se sentir mal à ce sujet, c’est de réaliser qu’à chaque fois que cela se produit, vous sauvez 25 000 vies", a-t-il précisé.
Donald Trump a également annoncé qu'il était prêt à ordonner des attaques terrestres, en assurant que celles-ci seraient légales. "Nous avons le droit de le faire", a-t-il répété. "Nous les frapperons très fort quand ils viendront par voie terrestre. Nous sommes totalement prêts à le faire. Et nous irons probablement devant le Congrès pour expliquer exactement ce que nous faisons lorsque nous passerons à des frappes terrestres", a-t-il affirmé. Une sortie qui a suscité l'inquiétude de parlementaires des deux partis.
De son côté, le secrétaire d’État Marco Rubio a prévenu : "Si les gens veulent arrêter de voir des bateaux de drogue exploser, qu’ils arrêtent d’envoyer de la drogue aux États-Unis."
Escalade diplomatique entre États-Unis et Colombie
Ces frappes interviennent dans le cadre d'une impasse persistante entre Donald Trump et son homologue colombien, Gustavo Petro, le premier ayant qualifié le second de "baron de la drogue" et de "pire président que la Colombie ait jamais vu". L'élu de gauche a immédiatement répondu en affirmant porter plainte pour diffamation devant la justice américaine.
En septembre dernier, la Maison Blanche a cessé de considérer l'État colombien comme un allié dans la lutte contre la drogue et a, par conséquent, suspendu son aide financière à cet effet.
Autre symbole de le tension naissance entre les deux pays : dimanche, un bateau associé, par la Maison Blanche, à la guérilla colombienne ELN a été détruit lors d'une opération militaire qui a fait trois autres morts. Gustavo Petro a alors dénoncé l'attaque comme une violation de la souveraineté de la Colombie et a accusé Washington de tuer des civils.
Depuis cet été, l’armée américaine a renforcé sa présence militaire de manière inhabituelle dans la mer des Caraïbes et dans les eaux au large du Venezuela, suscitant des spéculations selon lesquelles Donald Trump pourrait chercher à renverser le président vénézuélien Nicolás Maduro, accusé de narcoterrorisme par les États-Unis.