Les agences de renseignement européennes affirment que ses policiers dédient désormais autant de temps aux enquêtes sur les incidents d'ingérence russe qu'à celles sur les menaces terroristes.
Le groupe de pirates informatiques pro-russes Noname057(16) a revendiqué la responsabilité d'une cyberattaque qui a perturbé le service postal national français pendant la période de Noël, ont déclaré les procureurs français mercredi.
La DGSI a repris l'enquête après la revendication du groupe, a déclaré le bureau du procureur de Paris.
Les systèmes informatiques centraux de La Poste ont été mis hors service lundi lors d'une attaque par déni de service qui n'avait toujours pas été résolue mercredi matin.
Les postiers n'ont pas pu suivre les livraisons de colis et les paiements en ligne à La Banque Postale ont été interrompus.
L'attaque a eu lieu pendant la saison la plus chargée pour La Poste, qui emploie plus de 200 000 personnes.
Noname057(16) a déjà pris pour cible des sites web de médias ukrainiens ainsi que des sites gouvernementaux et d'entreprises dans des pays tels que la Pologne, la Suède et l'Allemagne.
Le groupe a fait l'objet de l'opération Eastwood, une opération policière internationale coordonnée qui s'est déroulée en juillet et à laquelle ont participé les autorités de 12 pays.
Au cours de cette opération, la police a démantelé plus de 100 serveurs dans le monde entier, procédé à deux arrestations en France et en Espagne et délivré sept mandats d'arrêt, dont six à l'encontre de ressortissants russes. Cependant, le groupe a repris ses activités quelques jours plus tard et est resté actif.
Le groupe a déjà attaqué des sites du gouvernement français, dont le ministère de la Justice, ainsi que plusieurs préfectures et villes.
Les actes de sabotage de Moscou sont-ils aussi répandus que le terrorisme ?
Cette perturbation survient quelques jours après que le gouvernement français a déclaré avoir subi une cyberattaque qui a touché le ministère de l'Intérieur, chargé de la sécurité nationale.
Lors de cette intrusion, un pirate informatique présumé a extrait plusieurs dizaines de documents sensibles et a eu accès à des informations sur des dossiers de police et des personnes recherchées, a déclaré le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, à la chaîne de télévision Franceinfo.
La semaine dernière, des procureurs ont déclaré que l'agence française de contre-espionnage enquêtait sur une cyberattaque présumée impliquant un logiciel qui aurait permis de prendre le contrôle à distance des systèmes informatiques d'un ferry international de passagers.
Un membre d'équipage letton est détenu pour avoir agi pour le compte d'une puissance étrangère non identifiée, ont indiqué des responsables.
Laurent Nuñez a fortement suggéré l'implication de la Russie, déclarant que "l'ingérence étrangère provient très souvent du même pays", bien qu'aucune attribution officielle n'ait été faite.
La France et d'autres alliés européens de l'Ukraine affirment que la Russie mène une campagne de "guerre hybride" par le biais de sabotages, d'assassinats, de cyberattaques et de désinformation afin de semer la division dans les sociétés occidentales et de saper le soutien à l'Ukraine.
En ce qui concerne le sabotage, des dizaines d'incidents ont été recensés en Europe depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022. Les responsables occidentaux les attribuent à Moscou, notamment des incendies criminels d'entrepôts, des sabotages de voies ferrées et des actes de vandalisme.
Les agences de renseignement européennes affirment que les enquêtes sur l'ingérence russe prennent désormais autant de temps que les menaces terroristes.