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Dernière minute. L'Algérie vote une loi criminalisant la colonisation française et demande des "excuses officielles"

Le drapeau algérien flotte devant l'Assemblée nationale alors que les députés votent un projet de loi visant à criminaliser la colonisation française.
Le drapeau algérien flotte devant l'Assemblée nationale alors que les députés votent un projet de loi visant à criminaliser la colonisation française. Tous droits réservés  AP Photo/Fateh Guidoum
Tous droits réservés AP Photo/Fateh Guidoum
Par Nathan Joubioux & Euronews
Publié le
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La loi française sur la criminalisation a été débattue à plusieurs reprises en Algérie, sans jamais aboutir à un vote. C'est désormais chose faite. Le Quai d’Orsay a dénoncé "une initiative manifestement hostile à la volonté de reprise du dialogue franco-algérien".

Les relations entre la France et l'Algérie vont se tendre de nouveau. Ce mercredi 24 décembre, les députés algériens ont adopté "à l'unanimité" une loi criminalisant la colonisation française (1830-1962) et réclame, à Paris, des "excuses officielles".

Le sujet a fait l'objet de nombreux débats en Algérie depuis les années 1980, sans qu'aucune loi n'ait abouti jusqu'à présent.

Cette nouvelle loi dresse une liste des "crimes de la colonisation française", incluant les "essais nucléaires", les "exécutions extrajudiciaires", la "pratique de la torture physique et psychologique" et le "pillage systématique des richesses". Elle précise également qu'une "indemnisation complète et équitable pour tous les dommages matériels et moraux engendrés par la colonisation française est un droit inaliénable pour l'État et le peuple algérien".

Samedi, lors de la présentation de cette loi, le président de l’Assemblée populaire nationale algérienne, Ibrahim Boughal, a affirmé que le texte "énumère les crimes du colonialisme français, précise la responsabilité de l'État français pour son passé colonial, définit les mécanismes de reconnaissances et d'excuses et institue des mesures pénales criminalisant la glorification ou la promotion du colonialisme". Rapporté par AL24 News, il a également assuré que la colonisation a été "un projet complet d’expropriation et de spoliation".

La loi, fondée sur des principes juridiques au niveau international, est composée de 27 articles et "confirme que le colonialisme français en Algérie constitue un crime d'État dont la France porte la responsabilité juridique et morale", a également rappelé Ibrahim Boughal.

Paris déplore une initiative "hostile", mais entend poursuivre le dialogue avec Alger

Contacté par Euronews, le Quai d'Orsay a assuré que "la France n’a pas vocation à commenter la politique intérieure algérienne", tout en déplorant "une initiative manifestement hostile à la fois à la volonté de reprise du dialogue franco-algérien, et à un travail serein sur les enjeux mémoriels entre nos deux pays."

"S’agissant de la mémoire de la colonisation, chacun peut reconnaître l’ampleur du travail engagé par le président de la République, notamment au travers d’une commission mixte d’historiens français et algériens", précise une source au ministère des Affaires étrangères.

"Nous continuons de travailler à la reprise d’un dialogue exigeant avec l’Algérie, qui puisse répondre aux intérêts prioritaires de la France et des Français, en particulier s’agissant des questions sécuritaires et migratoires", conclut la même source.

Des relations qui ne cessent de s'empirer

Les relations entre Paris et Alger ont commencé à se dégrader à l'été 2024 pour devenir la plus grande crise diplomatique entre les deux pays depuis l'indépendance de l'Algérie, en 1962.

À l'été 2024, la France a reconnu un plan d'autonomie "sous souveraineté marocaine" pour la Sahara occidentale, provoquant la colère de l’Algérie, qui accuse Paris d'avoir franchi une "ligne rouge". Alger revendique en effet cette région.

En août, le président français Emmanuel Macron a demandé de renforcer les exigences en matière de visa pour les diplomates et les représentants du gouvernement algériens, suspendant ainsi un accord bilatéral conclu en 2013 en raison de prétendues "difficultés migratoires croissantes".

Alger rétorque alors en accordant douze jours à la diplomatie française pour quitter le pays. Les autorités algériennes ordonnent également l'expulsion de plusieurs fonctionnaires français jugés "hors du cadre officiel". La France répond en rappelant son ambassadeur à Alger et en expulsant à son tour douze diplomates algériens. Une nouvelle vague d'expulsions a eu lieu près d'un an plus tard, en avril 2025.

En novembre 2024, l'Algérie arrête l'écrivain Boualem Sansal suite à ses déclarations sur les frontières actuelles de l'Algérie et le Maroc. Huit mois plus tard, un tribunal confirme sa condamnation à cinq ans de prison. Après plusieurs mois de négociations et de protestation, l'écrivain est finalement gracié à la demande du président allemand Frank-Walter Steinmeier.

Une autre arrestation a envenimé la situation entre les deux pays, celle du journaliste Christophe Gleize. Interpellé en mai 2024 à Tizi Ouzou, il a été condamné, en appel, à sept ans de prison pour "apologie du terrorisme " et "possession de publications dans un but de propagande nuisant à l’intérêt national".

En octobre dernier, une nouvelle étape est franchie avec le vote, par les députés français, d'une proposition de résolution du RN dénonçant l'accord passé entre la France et l'Algérie en 1968. Le texte facilitait les procédures pour les ressortissants algériens, notamment avec l'obtention d'un titre de séjour de 10 ans grâce à une procédure accélérée.

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