Newsletter Newsletters Events Évènements Podcasts Vidéos Africanews
Loader
Suivez-nous
Publicité

Allemagne : l'AfD suspectée d'espionner l'armée pour le compte de Vladimir Poutine

Alice Weidel, coprésidente de l'AfD, et le député AfD Tino Chrupalla
Alice Weidel, coprésidente de l'AfD, et le député AfD Tino Chrupalla Tous droits réservés  (c) Copyright 2023, dpa (www.dpa.de). Alle Rechte vorbehalten
Tous droits réservés (c) Copyright 2023, dpa (www.dpa.de). Alle Rechte vorbehalten
Par Laura Fleischmann
Publié le Mis à jour
Partager cet article Discussion
Partager cet article Close Button

L'AfD espionne-t-elle la Bundeswehr et les infrastructures critiques pour le compte de Moscou ? Le groupe parlementaire du parti d'extrême droite a posé des dizaines de questions au gouvernement fédéral sur les drones, la cybersécurité et l'état de l'armée allemande depuis l'année dernière.

À quel point le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) est-il proche du Kremlin ?

C'est la question que se sont posée mercredi les députés au Bundestag. À la demande de la CDU/CSU et du SPD, une heure d'actualité a eu lieu au Parlement sur les relations de l'AfD avec la Russie. Les députés suspectent le parti d'extrême droite d'espionnage pour le compte du Kremlin.

Des questions qui provoquent la suspicion

Ces derniers mois, des membres de l'AfD ont multiplié les questions au gouvernement fédéral sur l'armée allemande et les infrastructures critiques.

Selon le député CDU Marc Henrichmann - membre du comité de contrôle parlementaire, qui supervise également les services secrets -, le groupe parlementaire de l'AfD a posé des questions à ce sujet 47 fois en un an.

En outre, le député accuse le groupe AfD d'avoir "une cellule dormante fidèle à la Russie" dans ses rangs et de se laisser "guider par le Kremlin à travers le manège".

La vice-présidente du groupe parlementaire SPD, Sonja Eichwede, a également qualifié l'AfD de "larbin des intérêts russes".

Selon elle, la proximité du parti avec le Kremlin se manifeste dans les discours et les voyages répétés de ses membres en Russie. Sonja Eichwede a également critiqué, comme Henrichmann, les questions répétées de l'AfD sur des questions sécuritaires.

Sur X, l'ex-ministre de la Santé Karl Lauterbach a évoqué une "trahison du pays" si ces accusations étaient avérées correctes.

Documents classifiés

L'exemple d'une question de l'AfD du 6 juin 2025 montre à quel point les informations obtenues par le biais de petites requêtes peuvent être sensibles.

Le groupe a posé plus de 50 questions, notamment sur la manière dont le gouvernement fédéral évalue l'équipement de l'armée allemande en drones et sur le nombre de drones "réellement opérationnels". Les députés de l'AfD se sont également interrogés sur les stratégies de la Bundeswehr pour "repousser les drones ennemis".

Dans sa réponse, le gouvernement fédéral indique à plusieurs reprises que certaines informations sont classifiées, ou "réservées à l'usage officiel".

Groupe parlementaire de l'AfD au Bundestag
Groupe parlementaire de l'AfD au Bundestag Copyright 2025 The Associated Press. Tous droits réservés

Pour plus de dix questions, le gouvernement fédéral refuse catégoriquement de répondre, affirmant que les informations demandées "comportent le risque que des détails sur les intérêts dignes de protection de notre État ainsi que sur la capacité de travail et l'accomplissement des tâches de la Bundeswehr à l'avenir soient connus".

En Allemagne, les groupes et les partis politiques ont le droit de poser des questions parlementaires. Ils peuvent ainsi demander par écrit des informations au gouvernement fédéral sur certains sujets.

L'influence de Poutine en Allemagne ?

"Depuis un certain temps déjà, nous observons avec une inquiétude croissante que l'AfD abuse du droit de poser des questions parlementaires pour enquêter de manière ciblée sur notre infrastructure critique", a averti le ministre de l'Intérieur de Thuringe, Georg Maier (SPD), il y a plusieurs semaines déjà.

Les autorités allemandes craignent que Vladimir Poutine puisse profiter de ces informations. Ces dernières semaines, ses drones et ses avions de combatont pénétré à plusieurs reprises dans l'espace aérien allemand et paralysé plusieurs aéroports du pays.

L'AfD a catégoriquement rejeté les accusations au Bundestag, le vice-président du groupe, Markus Frohnmaier, les qualifiant de "manœuvre électorale embarrassante".

Si le parti représentait effectivement un risque pour la sécurité, les "organes de sécurité contrôlés par le gouvernement" en auraient la preuve, estime-t-il. "En outre, vous nous auriez [...] emprisonnés depuis longtemps".

Voyages en Russie

Markus Frohnmaier est lui-même considéré comme proche de Moscou. Il avait annoncé son intention de se rendre en Russie au printemps, avant de revenir sur sa décision face aux critiques.

Les projets de voyage en Russie d'autres membres du parti sont en revanche plus concrets.

Comme le rapporte l'ARD, les députés AfD Steffen Kotré et Rainer Rothfuß se rendront le 13 novembre pour plusieurs jours à Sotchi, en Russie, pour assister au "Symposium international au format BRICS-Europe".

Rainer Rothfuß prévoit même d'y tenir une conférence, lui qui ne cesse de critiquer sur X la politique du gouvernement fédéral et de l'UE, la qualifiant de "propagande de guerre anti-russe".

Il y a quelques mois seulement, un ex-collaborateur de l'eurodéputé AfD Maximilian Krah a été condamné à près de cinq ans de prison pour espionnage au profit de la Chine. Les autorités enquêtent actuellement sur Krah lui-même, soupçonné d'avoir reçu des pots-de-vin chinois. Son immunité parlementaire a été levée par le Bundestag.

Accéder aux raccourcis d'accessibilité
Partager cet article Discussion