Selon des sources ministérielles, le président américain souhaiterait conclure un accord pétrolier avec le Venezuela, qui possède de gigantesques réserves de brut, plutôt que d'exiger le départ de son dirigeant, Nicolás Maduro.
Le président vénézuélien Nicolás Maduro a déclaré lundi qu'une attaque contre le Venezuela serait "la fin politique" de son homologue américain Donald Trump, lequel a laissé entendre qu'il n'excluait aucune option concernant une éventuelle intervention sur le territoire vénézuélien.
"Ils veulent que le président Trump commette l'erreur la plus grave de toute sa vie et intervienne militairement contre le Venezuela, ce qui serait la fin politique de son leadership et de son nom", a-t-il déclaré dans son programme hebdomadaire diffusé sur la chaîne publique Venezolana de Televisión.
Escalade des tensions entre Washington et Caracas
Nicolás Maduro s'est à nouveau montré ouvert à un dialogue avec Donald Trump, mais il a appelé cette fois à une rencontre "en face à face", tout en dénonçant l'escalade militaire contre son pays après "six semaines de menaces, d'agressions psychologiques et de harcèlement".
De son côté, Donald Trump reste ambigu quant à ses projets au Venezuela. Depuis le bureau ovale lundi, le président américain s'est dit ouvert à une rencontre avec Nicolás Maduro, sans exclure pour autant le déploiement de troupes américaines sur le territoire vénézuélien.
Ces déclarations interviennent après un mois d'escalade des tensions entre les États-Unis et le Venezuela.
La situation a été aggravée par des démonstrations de force militaire au large des côtes du pays sud-américain, notamment le déploiement d'un sous-marin nucléaire, des exercices militaires dans l'État insulaire voisin de Trinité-et-Tobago et plusieurs attaques dans les eaux des Caraïbes et du Pacifique.
Ces attaques, 21 au total, ont déjà fait 83 morts, des chiffres que le secrétaire américain à la Défense justifie au nom d'une prétendue lutte contre le trafic de drogue.
"Nous devons réparer le Venezuela", dit Trump
"Nous n'excluons rien", a indiqué lundi Donald Trump à la presse depuis la Maison Blanche, "mais nous devons réparer le Venezuela".
"Il est possible que nous ayons des conversations avec Maduro, nous verrons ce qu'il en est", avait-il précédemment déclaré depuis West Palm Beach, en Floride.
Selon des sources ministérielles, le président américain souhaiterait conclure un accord pétrolier avec le pays des Caraïbes, qui possède de gigantesques réserves de brut, plutôt que d'exiger le départ de son dirigeant, comme le réclament certaines figures de l'opposition, dont María Corina Machado.
L'USS Gerald R. Ford, le plus grand porte-avions américain, est arrivé dimanche dans la mer des Caraïbes, augmentant ainsi la capacité militaire des États-Unis à mener d'éventuelles attaques et autres actions sur le territoire vénézuélien. Selon les estimations, ce déploiement porte à plus de 15 000 le nombre de soldats américains déployés dans cette partie de l'Amérique du Sud.
Geoff Ramsey, chercheur associé à l'Atlantic Council, estime que l'administration Trump ne veut pas répéter les tentatives de dialogue qui ont échoué, comme dans le cas de l'Iran.
"Ils veulent négocier en position de force et je pense que la Maison Blanche lance un ultimatum à Maduro", a déclaré l'expert à l'AP. "Soit il s'engage dans des discussions crédibles sur une transition, soit les États-Unis n'auront d'autre choix que d'intensifier le conflit".
"Il est plausible que les États-Unis fassent pression pour un plus grand contrôle des ressources naturelles du Venezuela, y compris le pétrole, ainsi que pour une plus grande coopération en matière de migration et de sécurité", ajoute Geoff Ramsey.
Trump cible le Mexique après la Colombie et le Venezuela
Les attaques menées par les forces américaines contre des embarcations dans les Caraïbes et le Pacifique oriental ont suscité des critiques de nombreux experts en droit militaire, ainsi que de membres démocrates et républicains du Congrès.
Les experts soutiennent que l'armée américaine n'a pas l'autorité légale de cibler des civils dans les eaux internationales qui ne représentent pas de menace imminente de violence, même s'ils sont soupçonnés - sans preuve - d'avoir commis des crimes.
Donald Trump a également proféré des menaces contre la souveraineté du Mexique et de la Colombie, qui sont tous gouvernés par des dirigeants en désaccord avec l'idéologie actuelle de la Maison Blanche.
Le président colombien, Gustavo Petro, a ainsi été récemment sanctionné par Washington, qui l'accuse de "fomenter un narco-État" avec l'appui de son ministre de l'Intérieur, de sa compagne et de son fils.
"Voudrais-je attaquer le Mexique pour mettre fin au trafic de drogue ? Je suis d'accord, tout ce qu'il faut pour arrêter le trafic de drogue", a récemment déclaré Donald Trump. "Je ne suis pas content du Mexique".