Le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, et le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez se sont rendus jeudi à Marseille pour réaffirmer la volonté du gouvernement de lutter contre le narcotrafic, suite à l'assassinat de Mehdi Kasseci.
Le gouvernement français entend intensifier la lutte contre le narcotrafic, qui représente aujourd'hui une "menace au moins équivalente à celle du terrorisme", selon le ministre de la Justice, Gérald Darmanin.
Le garde des Sceaux s'est rendu jeudi à Marseille, accompagné du ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, pour rencontrer les forces de sécurité et les hauts magistrats impliqués dans la lutte contre le trafic de drogue dans la cité phocéenne, suite au meurtre de Medmi Kasseci.
Cet assassinat, survenu en plein jour jeudi dernier, est le troisième depuis le début du mois d'octobre dans la deuxième ville de France.
"On a bien conscience qu'il faut faire beaucoup plus"
À propos du groupe criminel DZ Mafia, qui contrôle une grande partie du trafic de drogue à Marseille, Gérald Darmanin a déclaré jeudi que les autorités gagnaient "difficilement" une "bataille très, très dure contre une organisation criminelle qui sans doute fait cinq à six milliards d'euros d'argent liquide".
Le garde des Sceaux affirme par ailleurs que "ce qui se passe au niveau de la DZ Mafia touche au moins une dizaine d'autres départements, notamment du sud de la France".
"Nous avons d'autres réseaux criminels que nous combattons avec la plus grande force, et qui je l'espère, grâce aux moyens de la loi narcotrafic [...], va permettre de répondre à une menace qui tue énormément, et qui est au moins équivalente à celle du terrorisme sur le territoire national", a-t-il poursuivi.
Gérald Darmanin a promis que des magistrats et greffiers supplémentaires seraient prochainement envoyés en renfort à Marseille, estimant qu'"il faut savoir aussi lutter contre la corruption, qui touche les services enquêteurs, qui touche possiblement les tribunaux".
Le garde des Sceaux affirme qu'"une dizaine d'enquêtes" ont été ouvertes "pour des agents qui auraient été corrompus, et qui donnent des informations aux organisations criminelles".
De son côté, Laurent Nuñez a déclaré jeudi que la France devait "faire beaucoup plus" pour lutter contre le narcotrafic. Selon lui, le meurtre de Mehdi Kessaci est_"un crime qui vise à faire peur et vise à atteindre quelque part la République et l'État"._
La police marseillaise privilégie en effet la thèse d'"un crime d'intimidation" visant son frère Amine Kessaci, un militant très engagé dans la lutte contre le narcotrafic.
Le gouvernement propose un nouveau régime de sanctions contre le crime organisé
Ces déclarations interviennent après que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a proposé jeudi la mise en place au niveau européen d'"un régime transversal" de lutte contre les acteurs de la criminalité organisée.
Le Quai d’Orsay indique que ce projet vise à "sanctionner différents types de crimes", dont le narcotrafic, qui représente "une menace prioritaire pour la sécurité européenne", mais également le trafic d’armes, d’êtres humains, de migrants et les crimes environnementaux.
Cette proposition s’inscrit dans le cadre d’un plan d’action pour lutter contre les narcotrafics à l’échelle internationale, alors qu'une collaboration accrue entre les autorités nationales s'imposeface à une criminalité qui ne connaît plus de frontières.
Dimanche dernier, à Malaga, une opération commune des polices espagnole et équatorienne a ainsi permis l'arrestation du narcotrafiquant "Pipo" Chavarría, qui s'était fait passer pour mort lors d'une émeute en prison en 2021.
Le gouvernement équatorien affirme que le trafiquant "commandait des meurtres en Équateur" depuis l'étranger, qu'il contrôlait des opérations illégales d'extraction d'or et coordonnait les routes de la drogue en collaboration avec le cartel mexicain de Jalisco Nouvelle Génération.
Les dealers marseillais étendent leur emprise en Belgique
En début de semaine, Laurent Nuñez a lui aussi appelé à une plus grande coopération entre États, alors que les autorités suspectent des trafiquants de drogue du quartier marseillais de la Castellane, d'avoir étendu leurs activités dans la commune belge d'Anderlecht.
Selon un reportage de France Télévisions, des inscriptions et des tags réalisés sur des murs de la cité du Peterbos, à Anderlecht, ressemblent en tous points à ceux employés par le clan de la Castellane.
"Là, on voit 13,17 euros. 13 étant l'indicatif des Bouches-du-Rhône et 17, qui serait le 17e arrondissement de Marseille, qui n'existe pas, mais dont on dit que ce serait le Peterbos", explique le maire de la ville, Fabrice Cumps, pour qui l'implication des dealers marseillais ne fait aucun doute.
"C’est une logistique très professionnelle avec des QR codes qui permettent de répartir la marchandise avec des recrutements. Donc oui, tous ces constats qu'on a dressés à Marseille, on les a retrouvés progressivement ici. Il y a plutôt eu un partenariat qui s'est établi", poursuit-il.
Dans le cadre de l'enquête, Fabrice Cumps s'est rendu à la Castellane, tandis que le procureur de Marseille, Nicolas Bessonne a fait le voyage en Belgique. Ce dernier explique que les deux parties "se prêtent du matériel, mais aussi de la main-d'œuvre".
Selon les autorités_,_ un partenariat a été conclu entre les chefs des clans de la Castellane et de la cité du Peterbos, les deux hommes s'étant rencontrés à plusieurs reprises à Marseille.
Arrêtés et incarcérés, l'un à Alger et l'autre en Belgique, ils auraient cependant continué à diriger les opérations criminelles de leur gang depuis leur cellule.