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Thierry Breton interdit de séjour aux États-Unis : condamnation quasi-unanime en Europe

L'ex-commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, au siège de l'UE à Bruxelles, le 8 février 2022.
L'ex-commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, au siège de l'UE à Bruxelles, le 8 février 2022. Tous droits réservés  AP Photo/Virginia Mayo, File
Tous droits réservés AP Photo/Virginia Mayo, File
Par Nathan Joubioux
Publié le
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Outre l'ancien commissaire européen, Washington a sanctionné quatre autres personnes engagées pour la régularisation de la tech. La Commission européenne a condamné ces sanctions et a demandé des "explications".

"La Commission européenne condamne fermement la décision des États-Unis d'imposer des restrictions de voyage à cinq ressortissants européens", a assuré l'institution européenne dans un communiqué publié ce mercredi 24 décembre.

Une réaction à la décision de Washington d'imposer des interdictions de visaà Thierry Breton, ancien commissaire européen au marché intérieur et quatre autres personnes engagées pour une stricte régularisation de la tech. "La liberté d'expression est un droit fondamental en Europe et une valeur fondamentale partagée avec les États-Unis dans l'ensemble du monde démocratique", a également écrit la Commission.

Pour les États-Unis, les actions de ces cinq personnes s'apparentent "à de la censure" au détriment des intérêts du pays. "Depuis trop longtemps, les idéologues européens mènent des actions concertées pour contraindre les plateformes américaines à sanctionner les opinions américaines auxquelles ils s'opposent", a déclaré Marco Rubio, chef de la diplomatie états-unienne.

"La chasse aux sorcières de McCarthy est-elle de retour ?", a écrit, en anglais, Thierry Breton, sur X. "Pour rappel : 90 % du Parlement européen — démocratiquement élu — et les 27 États membres à l’unanimité ont voté le DSA. À nos amis américains : la censure n’est pas là où vous le pensez."

Outre Thierry Breton, décrit comme le "cerveau" du règlement européen, l'interdiction de visa vise Anna-Lena von Hodenberg et Josephine Ballon, de l'association allemande HateAid, Clare Melford, cofondatrice de l'organisation britannique Global Disinformation Index, et Imran Ahmed, directeur général britannique du Center for Countering Digital Hate (centre de lutte contre la haine numérique), dont le siège est aux États-Unis.

"Nous ne nous laisserons pas intimider par un gouvernement qui instrumentalise les accusations de censure pour museler ceux qui défendent les droits humains et la liberté d'expression. Malgré les énormes contraintes et restrictions que les mesures prises par le gouvernement américain imposent à nous-mêmes et à nos familles, nous poursuivrons notre travail de toutes nos forces, aujourd'hui plus que jamais", ont écrit Anna-Lena von Hodenberg et Josephine Ballon.

Souveraineté numérique

Ces interdictions "relèvent de l'intimidation et de la coercition à l'encontre de la souveraineté numérique européenne", a jugé, de son côté, Emmanuel Macron. "La France dénonce les décisions de restriction de visa prises par les États-Unis à l'encontre de Thierry Breton et de quatre autres personnalités européennes", a-t-il écrit sur X, assurant que l'Europe continuerait à défendre sa "souveraineté numérique" et son "autonomie réglementaire".

L'ancien ministre de l'Économie français a reçu le soutien du ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Ce dernier a assuré que la France "condamnait fermement" les restrictions en matière de visas, ajoutant que l'Europe "ne peut pas se laisser imposer par d'autres les règles qui régissent son espace numérique".

"La loi sur les services numériques a été adoptée démocratiquement en Europe. Elle n'a absolument aucune portée extraterritoriale et n'affecte en rien les États-Unis", a-t-il également assuré.

Gabriel Attal, président du groupe Ensemble pour la République à l’Assemblée nationale, s'est demandé si "les admirateurs français de Donald Trump trouveront l'énergie de réagir face à une nouvelle remise en cause de notre souveraineté par un pays pourtant allié". "La décision des États-Unis d'interdire de visa Thierry Breton et d'autres personnalités européennes constitue une intimidation directe envers tous les peuples européens. Une intimidation inacceptable", a-t-il également écrit.

"Ne nous y trompons pas : derrière cette mesure, c'est la souveraineté des Européens à décider de leurs lois et à les faire appliquer qui est attaqué", a réagi l'eurodéputée Horizons, Nathalie Loiseau.

"Nous ne sommes pas une colonie des États-Unis ! [...] Cette sanction scandaleuse rend hommage à son combat pour notre souveraineté", a réagi l'eurodéputé social-démocrate Raphaël Glucksmann. "Nous sommes Européens, nous devons défendre nos lois, nos principes, nos intérêts.

Le Rassemblement national en soutien de Washington

Si toute la classe politique a condamné la décision de Washington, le Rassemblement national a tenté, par deux eurodéputées, de justifier cette sanction.

"Quelques heures avant l'échange du 12 août 2024 entre Donald Trump et Elon Musk sur X (tous américains), Thierry Breton avait menacé le propriétaire du réseau social de respecter les réglementations de l'UE. Un visa enlevé 1 an et demi après, ils ont fait preuve de beaucoup de patience !", a écrit Virginie Joron.

Citant le message de sa collègue, Catherine Griset a estimé que "les eurocrates se sont aussi ingérés dans les élections américaines". "Les Etats-Unis se détachent de l'Europe à cause de la censure. Ils risquent de couper également les liens en matière de défense : Ils ne se sacrifieront pas pour un continent sans liberté où l'on annule même des élections", a-t-elle également assuré.

L'Europe vent debout

Berlin a dénoncé des mesures "inacceptables". Un point de vue partagé par Madrid. "Le gouvernement espagnol exprime sa solidarité avec l'ancien commissaire européen Thierry breton et les dirigeants des organisations de la société civile qui luttent contre la désinformation et les discours de haine". Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a jugé "fondamental pour la démocratie en Europe" de protéger "un espace numérique sûr".

De son côté, Londres a réaffirmé son engagement à "défendre le droit à la liberté d'expression". "Si chaque pays a le droit de fixer ses propres règles en matière de visas, nous soutenons les lois et les institutions qui œuvrent pour préserver Internet des contenus les plus préjudiciables", a assuré un porte-parole du gouvernement. "Les réseaux sociaux ne doivent pas être utilisés pour diffuser du matériel pédopornographiques, inciter à la haine et à la violence, ou propager de fausses informations", a-t-il ajouté.

Les trois organisations à but non-lucratif ont également rejeté les affirmations de Washington et critiqué la décision d'interdiction de visa prise mardi.

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