Forum AgriBusiness : la RDC veut récolter tous les fruits de son potentiel agricole

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Par François Chignac
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Lors d'un Forum AgriBusiness à Kinshasa début octobre, acteurs gouvernementaux et économiques de la République démocratique du Congo ont souligné l'urgence de positionner l'agriculture comme pivot de son développement économique pour notamment relever le défi de l'insécurité alimentaire.

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Avec un territoire vaste comme quatre fois la France, un potentiel de production agricole pouvant nourrir le quart de la population mondiale, une diversité climatique, des réserves en eau douce et un potentiel hydro-électrique, la République démocratique du Congo bénéficie d'atouts majeurs. Mais ces atouts paraissent bien maigres au regard de l'insécurité alimentaire qui frappe 27 millions de personnes et chaque année, le pays dépense des milliards de dollars en importations de produits alimentaires. Comment solutionner tout cela ? C'était la question centrale au Forum AgriBusiness qui s'est tenu début octobre à Kinshasa.

"Le secteur minier n'est pas éternel, notre perspective dans l'agriculture, si"

La croissance agricole est un impératif. Elle est plus efficace pour réduire la pauvreté que la croissance des autres secteurs. Ce forum a donc créé un écosystème autour de l'agriculture, incluant les finances, l'industrie, l'énergie et les infrastructures. L'ambition est de démultiplier les actions en faveur de l'essor du secteur. L'enjeu est économique, social et environnemental.

"Nous n'avons plus de temps pour parler de potentiel, il est urgent d'agir," a souligné Nicolas Kazadi, ministre des Finances de la RDC. "Relever le défi de l'agriculture repose sur trois piliers : les infrastructures, la gouvernance - l'environnement des affaires - et enfin, la question de la culture entrepreneuriale des locaux d'abord, puis l'attractivité pour les étrangers," a-t-il précisé. "Nous devons le faire parce que nous sommes depuis trop longtemps et encore trop fortement appuyés sur le secteur minier qui n'est pas éternel, alors qu'en ce qui concerne l'agriculture, notre perspective est éternelle," a estimé le ministre. "C'est donc plus que jamais le moment de profiter de cette bonne conjoncture sur le plan minier pour construire autre chose, diversifier notre économie en nous appuyant sur notre atout le plus sûr, le plus durable, que sont l'agriculture et l'agro-industrie," a-t-il insisté.

Nicolas Kazadi, ministre des Finances de la RDC, lors du Forum AgriBusiness
Nicolas Kazadi, ministre des Finances de la RDC, lors du Forum AgriBusinessEuronews

Réformes en cours

Le gouvernement a lancé un programme de réformes afin de promouvoir le développement des investissements privés dans les principales chaînes de valeur agricoles du pays. Cette stratégie menée sur dix ans renforce la productivité des exploitants et du capital humain, développe les infrastructures énergétiques et de transport et améliore le cadre de gouvernance. Un cercle vertueux afin d'accroître la coopération entre les opérateurs et organismes économiques nationaux ou internationaux.

L'IFC fait partie des acteurs impliqués. "Nous travaillons à la fois avec le secteur public et le secteur privé," a indiqué, lors du Forum AgriBusiness, Mary Porter Peschka, directrice régionale pour l'Afrique orientale de cette institution. "Nous avons récemment réalisé un certain nombre d'études approfondies sur des secteurs agricoles clés," a-t-elle poursuivi. "Nous travaillons également sur les investissements, en accordant des prêts et en prenant des participations dans des entreprises agricoles du pays : l'ensemble de ces éléments, ainsi qu'une bonne politique de la part du gouvernement permettront de faire avancer les choses," a-t-elle estimé.

Des rendements agricoles à stimuler

Le pays pourrait augmenter sa production alimentaire pour nourrir ses 100 millions d'habitants et accroître ses exportations. Le secteur emploie environ 70% de la population et représente 20% du PIB. Malgré ce potentiel, la République démocratique du Congo enregistre des rendements agricoles faibles : 51 millions d'hectares de terre non cultivés sur 80 millions d'hectares de terres arables.

L'Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI) travaille à inverser la tendance. "Nous incitons les entrepreneurs, dans des incubateurs, à se dire qu'ils doivent connaître la loi, savoir comment on fait le business plan et avoir des projets bancables et ils doivent pouvoir avoir une sorte de gestion financière de leur projet," a expliqué Anthony Nkinzo Kamole, directeur général de l'ANAPI, lors du forum. "Aujourd'hui, nous devons garantir avec les 80 millions d'hectares de terres arables que la malnutrition puisse être réduite véritablement," a-t-il poursuivi avant de conclure : "Avons-nous le choix d'échouer ? Je pense que nous n'avons plus le choix d'échouer."

En RDC, 51 millions d'hectares de terre ne sont pas cultivés sur 80 millions d'hectares de terres arables
En RDC, 51 millions d'hectares de terre ne sont pas cultivés sur 80 millions d'hectares de terres arablesEuronews

Incubateurs agricoles

Cette politique volontariste a vu éclore 6 sites de cultures vivrières à grande échelle destinés à la consommation locale et disséminés sur l'ensemble du territoire. Exemple à Kimpese, avec la société Bio Agro-Business, dans la province du Kongo Central. L'entreprise produit du riz long grain avec une approche agro-industrielle et propose de la formation en milieu rural.

"Nos ingénieurs agronomes viennent aider les paysans locaux à améliorer leur rendement de culture," a précisé à Euronews, Bienvenu Bieka, manager sur le site de Bio Agro-Business. "On leur donne des semences et puis, on leur met des engins à disponibilité pour leurs travaux et nous achetons leur production pour leur permettre de bien vivre," a-t-il ajouté.

Bienvenu Bieka, de la société Bio Agro-Business à Kimpese
Bienvenu Bieka, de la société Bio Agro-Business à KimpeseEuronews

Un "cadre" pour "nous épanouir complètement"

Ces incubateurs développent l'entreprenariat privé local par l'émergence de jeunes entrepreneurs installés sur des lopins de terre autour des sites de production. On l'aura compris, dans un contexte mondial marqué par les crises écologiques et sécuritaires, la République démocratique du Congo positionne l'agriculture comme pivot de son développement économique.

"Il faut que l'on croie dans notre propre potentiel, que l'on y croit vraiment," a insisté Gracia K. Kabanga, de l'entreprise agricole Terra, lors du forum. "Ces sociétés sont là : cela veut donc dire qu'elles ont l'ambition, le courage et probablement l'expertise de faire ce qu'elles font, elles ont juste besoin d'accompagnement," a-t-elle estimé avant de conclure : "Le plus important, c'est qu'on nous donne la possibilité, le cadre, pour nous épanouir complètement."

Journaliste • François Chignac

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