Pourquoi l'exposition au plomb est-elle nocive pour notre organisme ?

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Par Paul Hackett
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L'Union Européenne compte limiter l'exposition à des substances nocives comme le plomb. Bien qu'il existe déjà des limites d'exposition professionnelles pour cette substance, les dernières études montrent que ces valeurs sont obsolètes.

Près de 100 000 personnes sont exposées au plomb sur leur lieu de travail en Europe.

Le plomb est une substance reprotoxique, ce qui signifie qu'elle peut affecter la fonction sexuelle, la fertilité et la neurotoxicité développementale. Selon l'Agence européenne pour l'environnement, l'exposition au plomb augmente également les risques de développer des maladies neurodégénératives, cardiovasculaires ou rénales.

Près de 300 cas de maladies liées à l'exposition au plomb sont recensées chaque année en Europe. Selon une étude de la Commission européenne sur les produits chimiques reprotoxiques réalisée en 2019, le plomb serait à l'origine de près de la moitié des expositions à des substances reprotoxiques dans le cadre professionnel, et des cas associés de troubles de la santé reproductive.

Bien que l'UE ait mis en place des valeurs limites pour l'exposition professionnelle au plomb, ces seuils sont aujourd'hui obsolètes et représentent un risque notoire pour la santé des travailleurs, selon l'Organisation mondiale de la santé. La limite d'exposition professionnelle (LEP) contraignante actuelle fixée par l'UE est de 0,15 mg/m³ et la valeur limite biologique (VLB10) est de 70 µg pour 100 ml de sang.

Ces limites ont été introduites pour la première fois en 1982. La Commission a maintenant révisé les niveaux actuels et souhaite réduire encore la limite de 0,7 mg/m3 à 0,15 mg/m3 d'ici le printemps 2026.

À quoi sert le plomb ?

Le plomb est exploité depuis des millénaires. Ce métal résistant à la corrosion a été utilisé par le passé pour fabriquer des tuyaux, des peintures, des insecticides, des céramiques, des vitraux, et a été mélangé pour former des alliages ou d'autres métaux.

Aujourd'hui, il reste un agent essentiel de la production de batteries automobiles, d'armes, pour la gestion des déchets ou l'industrie de la démolition.

Cependant, l'OMS a classé le plomb parmi les dix produits chimiques les plus préoccupants en termes de santé publique.

Les effets de l'exposition au plomb n'ont été entièrement compris qu'au cours des dernières décennies, y compris ses effets néfastes sur les enfants. Il a donc fallu réduire l'exposition au plomb dans certaines industries, voire l'interdire complètement dans certains cas.

La limitation de l'exposition au plomb - ou son interdiction - dans certaines chaînes de production, s'est déjà avérée efficace. Par exemple, les carburants au plomb ne sont plus disponibles sur le marché.

Dans les années 1970, l'élimination progressive du plomb dans l'essence a entraîné une baisse des concentrations de plomb dans le sang dans toute l'Europe. Plus précisément, une étude suédoise a noté une baisse de 60 % des concentrations de plomb dans le sang chez les enfants entre 1978 et 2007.

Toutefois, la demande croissante de batteries rechargeables -et donc au plomb- dans le cadre de la transition énergétique, et les peintures industrielles contenant aussi cette substance, signifient que l'exposition au plomb demeure un problème de santé publique en Europe.

Quels sont les effets de l'exposition au plomb sur la santé humaine ?

L'inhalation ou l'ingestion de particules de plomb, ou de poussières contaminées par le plomb, peut entraîner un saturnisme qui inhibe la réparation de l'ADN.

Les enfants, en particulier, peuvent absorber quatre à cinq fois plus de plomb que les adultes en raison de leur propension à porter leurs mains à la bouche. Une fois absorbé, le plomb parvient jusqu'aux organes tels que les reins et le foie et, au fil du temps, il est stocké dans les os.

Des niveaux élevés d'intoxication au plomb chez les enfants peuvent entraîner des lésions cérébrales, une réduction de la durée d'attention, des troubles du comportement et des difficultés d'apprentissage. En outre, les enfants souffrant de malnutrition courent un plus grand risque d'empoisonnement au plomb, car l'organisme absorbe davantage de plomb si d'autres nutriments et minéraux font défaut.

En ce qui concerne les risques professionnels en Europe, les hommes sont plus susceptibles de développer un saturnisme en raison de leur prédominance dans les industries lourdes, mais l'exposition au plomb présente des risques supplémentaires pour les femmes enceintes et celles en âge de procréer.

Malgré les plans de l'UE visant à mieux protéger les travailleurs en ramenant la limite à moins d'un cinquième du niveau actuel, il n'existe pas de concentration de plomb dans le sang qui soit considérée comme sûre.

En 2021, près d'un million de vies ont été perdues en raison de l'exposition au plomb en 2019 dans le monde, selon l'OMS.

Qu'en est-il des diisocyanates ?

Les diisocyanates sont des composés chimiques utilisés pour fabriquer la literie, des mousses souples, des meubles, des adhésifs et des matériaux résistants aux intempéries. Ils sont également utilisés pour fabriquer des matériaux isolants destinés à des bâtiments plus économes en énergie et à des éoliennes.

Cependant, les diisocyanates sont l'une des causes les plus fréquentes d'asthme professionnel. Entre 2 350 et 7 270 cas sont signalés chaque année dans l'UE, sur les quelque 4,2 millions de personnes exposées aux diisocyanates sur leur lieu de travail.

En conséquence, l'UE fixe pour la première fois des limites pour les diisocyanates d'azote, de carbone et d'oxygène. Les employeurs devront veiller à ce que les travailleurs qui risquent d'inhaler ces substances nocives soient exposés à un maximum de 6µg NCO/m3 sur une journée de travail de 8 heures, ou à 12µg NCO/m3 sur une période plus courte de 15 minutes.

Pour en savoir plus sur les mesures prises par l'UE pour réduire l'exposition aux substances chimiques nocives sur le lieu de travail, retrouvez ici le dernier épisode de Real Economy.

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