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Marché unique : "Il faut instaurer une liberté de l'innovation", selon Enrico Letta

En partenariat avec The European Commission
Marché unique : "Il faut instaurer une liberté de l'innovation", selon Enrico Letta
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Par Andrea Bolitho
Publié le
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L'ancien Président du conseil italien est l'auteur d'un rapport invitant à revoir à la hausse les ambitions du marché unique, pour faire face à la concurrence internationale.

"Le marché unique tel qu'il existe aujourd'hui ne suffit plus, parce qu'il a été conçu pour un monde qui appartient au passé", estime Enrico Letta, ancien Président du conseil italien.

Au bout de six mois de travail, après avoir écumé 65 villes, tenu 400 réunions et rédigé un rapport d’expertise, Enrico Letta a rendu son verdict sur le marché unique, sans appel pour l'Europe.

Dans ce numéro de Business Planet, réalisé depuis Bruxelles, Andrea Bolitho est venue interviewer l'auteur de ce rapport, l'ancien Premier ministre italien Enrico Letta.

Le marché unique a été créé en 1993, il y a tout  juste 31 ans, mais depuis, le monde dans lequel on vit est presque devenu méconnaissable.

"Lorsque Jacques Delors a lancé le marché unique, l'Union soviétique existait encore", note Enrico Letta, ancien Premier ministre italien, "l'Allemagne était coupée en deux, la Chine et l'Inde représentaient à elles deux 4 % du PIB mondial. Ce qui est considéré comme "grand" aujourd'hui doit l’être encore plus à l’avenir, car les dimensions de la Chine, des États-Unis, des BRICS ont complètement changé".

Trois secteurs - l'énergie, les services financiers et les télécommunications – sont exclus du marché unique. Pour Enrico  Letta,  la fragmentation de ces secteurs nuit à la compétitivité de l'Europe.

"Il y a cent opérateurs de télécommunications en Europe", poursuit-il, "répartis dans chaque pays entre 3, 4 ou 5 opérateurs. Aux États-Unis, il y en a trois, en Chine, chaque opérateur a plus de 467 millions de clients".

Le manque d'intégration des services financiers s’avère encore plus pénalisant.

"Nos 27 marchés financiers ne sont pas assez intégrés, pas assez attractifs, ils sont trop limités et le marché américain a un pouvoir d’attraction".

Enrico Letta propose de créer une union de l'épargne et de l'investissement - qu'il décrit comme un pilier dédié à l'argent privé - qui, combiné, à des fonds publics, pourrait financer la politique phare de l'Europe en matière de neutralité carbone.

Mais la question du financement reste un sujet clivant.

 "Si nous continuons à ne pas répondre à la question de savoir comment financer la transition écologique", reconnaît Enrico Letta, "les agriculteurs seront les premiers d'une longue série de publics à protester, les prochains, ce seront les employés de l'industrie automobile, puis ceux d'autres secteurs, des entrepreneurs, et des citoyens".

De nombreux entrepreneurs affirment que le marché unique n’est pas adapté à leurs contraintes. Si les grandes entreprises disposent des fonds et du personnel nécessaires pour opérer dans des pays dotés de régimes juridiques différents, ce n'est pas le cas des PME. Une situation qu’Enrico Letta appelle à simplifier.

"L'idée consiste, à partir de l'environnement juridique, à créer une sorte de passe-partout", décrit l'ancien dirigeant, "un 28e système juridique  à part entière, un peu comme celui d’un autre Etat membre, un Etat  virtuel doté de son propre système juridique".

 "C'est une idée brillante", estime Sebastiano Toffaletti, secrétaire général de l'Alliance européenne des PME de la Tech. "Si je dois créer une entreprise, je devrai la créer dans mon pays, je suis italien, je la créerai en Italie, mais si je veux faire des affaires, par exemple en France, en Pologne ou ailleurs, je devrai créer une autre entité dans ces pays, donc c'est un vrai gâchis".

 La liberté de circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes constituent les quatre piliers du marché unique européen. Une vision très datée, et correspondant au XXe siècle selon Enrico Letta, qui juge nécessaire la reconnaissance d'une cinquième liberté, axée sur  l'innovation, la recherche et l'éducation.

 "J'ai rencontré dans toute l'Europe de nombreux jeunes, des startuppers qui m'ont dit : «Nous voulons aller aux États-Unis, l'Europe n'est pas le lieu où nous pouvons développer nos idées »", déplore-t-il.

Dans le domaine de la recherche médicale, par exemple, le libre accès aux articles et à leurs données contribue déjà à accélérer les avancées européennes en matière de santé.

"On voit maintenant régulièrement des publications, des articles basés sur l'utilisation d'un jeu de données qu'a généré un autre laboratoire, et possiblement dans un autre pays", indique Isabelle Chemin, directrice de recherche à l'INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale. "Et je trouve que c'est formidable. Cela évite que, peut-être, dix laboratoires refassent tous la même chose dans dix pays différents, car cela coûte beaucoup d'argent et cela prend du temps". 

Les centres de recherche comme celui-ci sont essentiels pour favoriser une Europe innovante et compétitive, et un marché unique de nouvelle génération est indispensable pour permettre à ce secteur, et à d'autres, de réaliser leur potentiel.

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