La réforme mettrait en place "le droit du travail le plus dérégulé au niveau de l'UE" selon la GSEE. C'est la "modernisation des dispositions relatives au travail" et "l'adaptation aux besoins actuels des travailleurs et des entreprises" répond le ministère du Travail grec.
La Confédération générale des travailleurs de Grèce a réagi avec colère à l'intention du ministère du Travail de prolonger les heures de travail jusqu'à 13 heures par jour pour le même employeur.
Les représentants des travailleurs affirment que le gouvernement grec tente de consolider une pratique qui épuisera les travailleurs, tant physiquement que mentalement, sans pour autant contribuer à la productivité de l'économie grecque.
"La poursuite de la déréglementation du cadre du travail et le fait de confier l'aménagement du temps de travail et de loisir à des négociations individuelles lorsque la relation employeur-employé est hétérogène, conduisent essentiellement à la démolition de toute tentative de rétablir le cadre de la libre négociation collective," affirme la déclaration de la GSEE. "La durée du temps de travail, du temps de repos et des congés de loisirs des travailleurs ne peut être réglementée par l'intervention de l'État, mais uniquement par le dialogue social, uniquement par la négociation collective." La Confédération fait également référence à "une tentative de démantèlement du droit collectif du travail" et conclut :
"Nous ne permettrons pas qu'à toutes les "premières" dont bénéficie le pays en matière de conditions de vie et de travail des salariés, s'ajoute le droit du travail le plus déréglementé au niveau de l'UE."
La semaine de 13 heures, les heures supplémentaires et la flexibilité
La proposition de loi, qui fera l'objet d'une consultation publique dans les semaines à venir, prévoit que les salariés d'un même employeur pourront travailler jusqu'à 13 heures par jour. Jusqu'à présent, cette mesure ne s'applique qu'aux travailleurs employés par deux employeurs différents.
Comme l'a expliqué la ministre du Travail, Niki Kerameos, lors d'une interview télévisée, les travailleurs recevront une prime importante de 40 % pour les heures supplémentaires.
"Si vous faites jusqu'à 13 heures chez deux employeurs, cela revient à 104 euros. Si vous faites les mêmes heures chez un seul employeur, cela revient à 119 euros", a-t-elle déclaré.
En même temps, il y aura des garde-fous, qui stipuleront que les employés ne peuvent pas travailler au total plus de 48 heures par semaine sur une période de quatre mois et les 150 heures supplémentaires par an.
Cependant, la GSEE estime que cela ouvre une "fenêtre" pour les abus contre les travailleurs.
"Vous vous réveillez le matin. Vous allez au travail à 8 heures et travaillez sans interruption jusqu'à 21 heures. Est-ce durable ? Est-ce viable pour votre productivité ? Est-ce viable pour votre santé ? Est-ce viable pour concilier votre vie de famille, votre vie personnelle et vos autres engagements ? Nous pensons que ce n'est pas viable. Les pays qui ont la plus grande productivité, comme le Danemark, la Finlande, l'Allemagne, sont les pays qui ont les heures de travail les plus courtes ", explique Christos Goulas, directeur général de l'Institut du travail GSEE, à Euronews.
Le ministère du Travail répond que l'objectif est de soutenir les secteurs essentiels à l'économie grecque, tels que la restauration et le tourisme, qui peinent à pourvoir les postes.
Comme le révèle l'enquête "Career and Candidates 2024" menée par l'Université d'économie et de commerce d'Athènes, en collaboration avec kariera.gr, l'équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle est l'une des principales préoccupations des travailleurs en Grèce, en particulier des jeunes.
Il arrive en troisième position dans la question sur les principaux facteurs de choix d'un employeur, après le salaire et la sécurité de l'emploi.
"La conclusion de cette enquête concernant les facteurs qui retiennent et attirent les employés dans une entreprise est que le plus important d'entre eux est la rémunération. Ce n'est pas surprenant, étant donné que nous sommes dans le sillage de la crise économique, mais aussi de l'augmentation du coût de la vie", explique à Euronews Ioannis Nikolaou, professeur de gestion des ressources humaines à l'UBA.
Les employeurs grecs réclament des formes de travail plus flexibles. Ils affirment qu'ils ne trouvent pas de travailleurs et que les postes vacants mettent en péril la viabilité des entreprises.
Le taux de chômage en Grèce est tombé à 8,3 %, son niveau le plus bas depuis 17 ans.
Toutefois, le salaire moyen en Grèce reste inférieur de près de moitié au salaire moyen européen, selon des données récentes de l'Institut du travail GSEE.