La décision du ministère chinois du Commerce rouvre les livraisons de puces Nexperia aux constructeurs européens et fait bondir le titre de sa maison mère, Wingtech Technology.
Pékin a annoncé dimanche avoir accordé des dérogations pour certaines exportations de semi-conducteurs, un geste perçu comme un signe d’apaisement des tensions avec les Pays-Bas au sujet du contrôle du néerlandais Nexperia.
À propos des exportations de semi-conducteurs auparavant restreintes, un porte-parole du ministère du Commerce a déclaré : « La Chine a pris des mesures concrètes pour exempter les exportations conformes à des fins civiles. »
Cette annonce fait suite à un message publié samedi sur les réseaux sociaux par le responsable du commerce de la Commission européenne, Maroš Šefčovič, affirmant que l’UE était parvenue à un accord avec le ministère chinois du Commerce pour relancer les flux de semi-conducteurs perturbés par la crise Nexperia.
Le porte-parole du ministère chinois a ajouté : « Je tiens à souligner que nous saluons la poursuite de l’implication de la partie européenne et exhortons la partie néerlandaise à corriger au plus vite ses mauvaises pratiques. »
Ces derniers signes de détente entre Pékin et La Haye au sujet des contrôles sur les semi-conducteurs, qui s’étaient envenimés ces derniers mois et inquiétaient les constructeurs automobiles du continent, ont poussé Wingtech Technology, maison mère du néerlandais Nexperia cotée à Shanghai, à prolonger le rebond de la semaine dernière.
Le titre a clôturé en hausse de 3,02 % après avoir grimpé jusqu’à 6 % en séance lundi, avant la clôture à Shanghai.
Cela fait suite à un net bond vendredi 7 novembre, lorsque l’action a flambé de 9,7 %.
Les répercussions de Nexperia sur l’industrie automobile mondiale
La bataille pour le contrôle d’un fabricant de puces peu connu a menacé la production automobile mondiale en étranglant la chaîne d’approvisionnement en semi-conducteurs.
Nexperia fabrique des semi-conducteurs tels que des interrupteurs et des puces logiques, notamment celles qui pilotent des capteurs d’airbag, des commandes de vitres et la gestion de l’énergie dans les véhicules.
L’entreprise a son siège à Nimègue, aux Pays-Bas, et est une filiale de Wingtech Technology, partiellement détenue par l’État chinois.
Fin septembre et en octobre 2025, La Haye a pris des mesures contre Nexperia, estimant que les risques liés à sa gouvernance et à la continuité d’approvisionnement constituaient une menace suffisamment grave pour la demande européenne en puces.
En s’appuyant sur la loi sur la disponibilité des biens, rarement invoquée, le gouvernement s’est octroyé un droit de veto sur les décisions majeures de Nexperia, invoquant des préoccupations de sécurité nationale, notamment des risques pesant sur des savoir-faire cruciaux en matière de puces, et affirmant que des activités sur le sol néerlandais et européen pourraient être fragilisées ou délocalisées. Un tribunal a ensuite suspendu le directeur général de Nexperia.
En riposte, la Chine a gelé ses exportations de puces, et les constructeurs automobiles ont redouté des arrêts de production, nombre de ces puces dites matures ne disposant pas de substituts rapides.
Alors que Pékin s’employait à rétablir une partie des exportations, le risque immédiat d’à-coups de production en Europe a été rapidement levé, et les constructeurs ont reçu leurs premières puces Nexperia, a confirmé au quotidien allemand Handelsblatt le responsable de Volkswagen en Chine.
Dans le même temps, Pékin a suspendu son interdiction d’expédier vers les États-Unis certains matériaux critiques, comme le gallium, le germanium et l’antimoine, utilisés dans les puces, l’électronique et d’autres composants de haute technologie.
La Chine a également suspendu les redevances portuaires spéciales qu’elle avait imposées aux navires liés aux États-Unis, dans le cadre d’une trêve plus large d’un an sur les surtaxes portuaires réciproques. Ces deux mesures réduisent les coûts à court terme et allègent l’incertitude pour les chaînes d’approvisionnement et le transport maritime.
Le rebond du marché n’a donc rien de surprenant, la pression retombant sur plusieurs goulets d’étranglement, qu’il s’agisse des matériaux, des composants ou de la logistique.
Nexperia, qui conçoit et fabrique des semi-conducteurs discrets et de puissance, fait l’objet d’un examen accru en Europe depuis 2022, lorsque son rachat de l’usine de tranches de Newport, au Royaume-Uni, a été bloqué pour des raisons de sécurité nationale.