La 30e Conférence des Nations unies sur le changement climatique s'est ouverte ce lundi au Brésil. Jusqu'au 21 novembre, les négociateurs de 190 pays vont tenter de trouver un accord pour limiter le réchauffement mondial.
Les négociations sur le climat de la COP30 ont commencé lundi en Amazonie brésilienne. Les organisateurs et les analystes considèrent la conférence de cette année comme la "COP de la mise en œuvre".
Cette année, les pays doivent présenter des plans nationaux actualisés pour lutter contre le changement climatique. Lundi, la conférence s'est officiellement ouverte par des messages d’alerte sur l’état d’une planète où "il est désormais presque inévitable que le réchauffement dépasse 1,5 °C", selon Jim Skea, président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). La solution ? Arrêter de se "lamenter", selon le chef de l’ONU-climat, Simon Stiell, et agir pour "infliger une nouvelle défaite aux négationnistes", selon les mots du président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva.
"Si les hommes qui font la guerre étaient présents à cette conférence des parties, ils se rendraient compte qu'il est beaucoup moins coûteux de consacrer 1 300 milliards de dollars à la résolution de la crise climatique que de dépenser 2 700 milliards de dollars pour la guerre, comme ils l'ont fait l'année dernière", a plaidé le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva.
"Se lamenter n'est pas une stratégie : nous avons besoin de solutions. Se quereller alors que les famines s'installent, forçant des millions de personnes à fuir leur pays, ne sera jamais pardonné car les conflits se propagent. Alors que les catastrophes climatiques déciment la vie de millions de personnes, alors que nous avons déjà les solutions, cela ne sera jamais, jamais pardonné", a quant à lui prévenu, Simon Stiell, le patron de l’ONU climat, dans son intervention
Stratégies de négociations divergentes
En coulisses, la bataille fait rage sur la destinée de cette COP30. Dans la soirée de dimanche, le président brésilien de la COP André Corrêa do Lago a longuement écouté les désirs des différentes parties. Les représentants des Etats insulaires et des Etats les plus vulnérables ont réclamé que cette COP soit celle d’un rehaussement des ambitions en matière d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, notamment en travaillant sur les engagements des Etats.
Mais un groupe de pays en développement, mené par la Chine et l’Inde, veut rouvrir le sujet de la finance climatique et des barrières commerciales, notamment le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) européen.
Lors de la COP29 à Bakou, les pays les plus riches pensaient avoir évacué pour un temps le sujet de la justice climatique en s'engageant à mettre 300 milliards de dollars de financements publics et 1 300 milliards d'investissements publics et privés d'ici 2035. Mais les pays du Sud veulent désormais des avancées plus précises.
Ce sujet de la finance, central puisque la plupart des pays en développement ne sont pas responsables du réchauffement climatique mais ont besoin fonds pour assurer leur transition et leur adaptation, est instrumentalisé par des pays beaucoup moins vertueux. Depuis les premières heures de la COP, l’Arabie saoudite pousse pour réouvrir les discussions sur l’article 9.1 de l’accord de Paris qui stipule que les pays développés doivent fournir des ressources financières.
L'Europe attendue au tournant
Alors que les trois plus grands pays pollueurs mondiaux - Chine, États-Unis et Inde - n'ont pas envoyé de délégation de haut niveau au Brésil, l’Union européenne sait qu’elle devra envoyer des signes de sa bonne volonté, notamment pour déterminer de manière précise comment trouver les 1 300 milliards de dollars.
L’Union européenne, confrontée à un contexte économique morose, est la partie qui contribue la plus largement à la finance climatique (31,7 milliards d’euros, soit 36,6 milliards de dollars, selon le conseil de l’UE). Et les diplomates des Vingt-Sept veulent surtout que les aides et les investissements de la Chine, pays dont les émissions historiques ont dépassé celle de l’Europe, soient comptabilisés.
A la tribune, Emmanuel Macron a défendu, jeudi 6 novembre, l’idée d’une taxation sur l’aviation d’affaires que la France défend avec des pays comme l’Espagne ou le Kenya mais aucun événement officiel ou photos de familles n’a été organisé sur ce sujet. Et si plusieurs responsables européens se sont engagés à respecter l’accord de Bakou, ces mots ne suffisent pour le moment pas à rassurer les pays en développement.