Coronavirus : la course pour trouver un vaccin est lancée

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Tous droits réservés Courtesy of CureVac
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Par Monica Pinna
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La recherche d'un vaccin et de traitements contre le nouveau coronavirus suscitent de nombreux espoirs, questions et débats. Unreported Europe a enquêté.

La recherche d'un vaccin et de traitements contre le nouveau coronavirus suscitent de nombreux espoirs, questions et débats. Unreported Europe a enquêté pour démêler le vrai du faux.

Il est actuellement l’ennemi numéro un des pays du monde entier. Le SARS-Cov-2, plus connu sous le nom de pandémie de COVID-19 chez l'homme, donne lieu à la crise la plus importante à laquelle la planète ait été confrontée en un temps si court depuis la Seconde Guerre mondiale. En 3 mois, il a infecté plus d'1,3 million de personnes dans le monde et a déjà fait plus de 70 000 victimes dont une majorité en Europe.

Normalement, il faut 10 à 15 ans pour développer un vaccin. Pour Ebola, nous l’avons fait en 5 ans. Je sais que nous pouvons encore accélérer", déclare Seth Berkley, PDG de Gavi, The Vaccine Alliance, une organisation qui a pour but d'accélérer l'accès des pays les plus pauvres à la vaccination.

"Nous prévoyons qu'il faudra 12 mois pour mener à bien ce projet, jusqu'au moment où nous pourrons le valider le vaccin. C'est un développement en un temps record", affirme de son côté Stephen Hahn, de la Food and Drugs Administration.

Le vaccin, la clé pour sortir de la crise à long terme. Il suscite toute l’attention des scientifiques, des gouvernements, et d’organisations, et les espoirs de centaines de milliers de personnes infectées. A Seattle, aux Etats-Unis, cette femme a été la première personne au monde à recevoir une injection expérimentale. Elle faisait partie d'un groupe de volontaires participant à des tests, quelques semaines seulement après le début de la propagation du virus.

"Ce coronavirus a une molécule qui s'appelle l'ARN. Elle porte toutes ces informations génétiques"
Marie-Paule Kieny
Directrice de recherche, Inserm

Ce candidat-vaccin - nom de code mRNA-1273, a été développé par l'Institut américain de la Santé (NIH) et la société de biotechnologie basée au Massachusetts Moderna Inc. Mais aucun risque que les participants puissent être infectés car les injections ne contenaient pas le coronavirus lui-même.

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Plusieurs laboratoires sont lancés dans une course pour tenter de trouver un vaccin. En France, à Lyon, l'essai clinique européen Discovery coordonné par l'Inserm a démarré fin mars. "Destiné à évaluer quatre traitements expérimentaux contre le Covid-19", dont la chloroquine, il inclura au moins 800 patients français atteints de formes sévères du Covid-19. Et une molécule de ce coronavirus intéresse particulièrement les chercheurs.

"Ce coronavirus a une molécule qui s'appelle l'ARN. Elle porte toutes ces informations génétiques", explique Marie-Paule Kieny, Directrice de recherche à l'INSERM. "Cet ARN peut être synthétisé à grande échelle en laboratoire et c'est donc cet ARN qui est utilisé dans ce premier vaccin pour lequel un essai clinique a été démarré. D'autres vaccins sont basés non pas sur l’ARN, mais l'ADN viral. Certains vaccins sont basés sur des virus, d'autres sur virus qui sont atténués, qui ne sont pas pathogènes et dans lesquels on peut inclure une information génomique du virus du Covid".

Ils sont nombreux à tout faire pour trouver la solution qui permettra de sauver tant de vies. Dans le monde. En Allemagne, l'entreprise pharmaceutique Curevac utilise la fameuse molécule ARN pour mettre au point un vaccin. Objectif : être prêt pour les tests cliniques en juin.

"Nous utilisons la molécule messagère ARN pour ordonner à l'organisme de produire son propre vaccin. Nous ne donnons donc que des informations à l'organisme. C'est une approche totalement nouvelle en médecine", assure Thorsten Schüller, porte-parole de Curevac.

"Nous n'avons jamais reçu d'offre de la Maison Blanche"
Thorsten Schüller
Porte-parole de Curevac

Une nouvelle approche qui a suscité la convoitise, jusque de l’autre côté de l’Atlantique. Selon le journal allemandDie Welt am Sonntag, Donald Trump aurait tenté de racheter l’entreprise pour un milliard de dollars. Nous avons demandé à Curevac sa version des faits :

"Nous n'avons jamais reçu d'offre de la Maison Blanche ou de toute autre institution américaine pour acheter notre société afin de constituer des réserves importantes de vaccins pour les États-Unis", affirme Thorsten Schüller, porte-parole de Curevac. "Notre objectif est de développer un vaccin pour toutes les populations du monde. Enfin, c’est aux responsables politiques du domaine de la santé de décider comment distribuer un tel vaccin".

De son côté, la Commission européenne présidée par Ursula von der Leyen a décidé d'apporter son soutien financer à Curevac sous forme de garanties de prêt à hauteur de 80 millions d'euros.

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La chloroquine suscite espoirs et critiques

Pendant que le monde entier attend un vaccin, certains testent déjà des traitements. A Marseille, en France, des personnes présentant des symptômes semblables à ceux du Covid-19 font la queue devant ce centre hospitalier, qui propose des tests, alors que le pays a fait le choix de ne tester que les cas les plus graves.

"Je préfère être ici que dans mon canapé à attendre les symptômes", explique cette femme. Si Marseille suscite autant d’attention, c’est parce que le microbiologiste et chef du département des maladies infectieuses de l'IHU de Marseille Didier Raoult dit avoir trouvé la solution pour combattre le covid-19 : un médicament antipaludéen bon marché et facile à produire.

Son nom : la chloroquine. Fin février, Didier Raoult a annoncé des résultats prometteurs sur un petit échantillon de patients. Mais cette piste suscite aussi des critiques, au sein de la communauté scientifique.

"Je sais bien qu'il y a beaucoup de buzz en France et ailleurs autour de certaines affirmations de certains chercheurs disant que ce médicament marche, que ce médicament sauve le monde, mais malheureusement, pour le moment, les preuves de l'efficacité de ce médicament d'hydroxychloroquine, puisque je parle de ça, sont extrêmement faibles ou même inexistantes", explique Marie-Paule Kieny, Directrice de recherche à l'INSERM.

Pourtant, le médicament est désormais prescrit, au-delà des frontières françaises. A Milan, en Italie, pays d’Europe le plus touché par le coronavirus. les médecins de cet hôpital appliquent les préconisations du Professeur Raoult.

"On pouvait prévoir ce qui pouvait se passer, mais les choix politiques nous ont fait prendre le chemin inverse"
Ildefonso Hernandez-Aguado
Professeur de médecine préventive et de santé publique à Alicante

A la question de savoir comment la décision est prise, Fabio Ciceri, directeur scientifique adjoint de l'hôpital San Raffaele de Milan répond : "Pas au niveau national. Néanmoins, l'AIFA, l'Agence italienne des médicaments, nous a donné son feu vert pour une utilisation raisonnable".

Est-ce que cela veut dire que chaque hôpital choisit son traitement ?”, a demandé Monica Pinna, reporter à euronews. "C'est exact, même si, comme je l’ai dit, les médicaments que nous prescrivons existent déjà", répond Fabio Ciceri.

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Autre question qui est sur beaucoup de lèvres : l'ampleur de la crise aurait-il peu être mieux anticipé et certains pays auraient-ils pu être mieux préparés ? Certains alertaient sur les risques d’une grave pandémie, après celles du SRAS en 2003 et celle du MERS en 2012. Comme Bill Gates en 2015 : "Nous avons investi énormément dans la dissuasion nucléaire, mais nous avons très peu investi dans nos infrastructures sanitaires (...) Nous ne sommes pas prêts pour la prochaine épidémie", prévenait-il.

Mais pourquoi cet appel de Bill Gates, comme d’autres sont restés lettre morte ? D'éminents épidémiologistes accusent un système économique plus intéressés par les opportunités commerciales que par les besoins de santé publique.

"Auparavant, des exercices étaient régulièrement effectués pour se préparer à ces événements. Cela a cessé avec les mesures d'austérité mises en place après la crise économique", explique Ildefonso Hernandez-Aguado, Professeur de médecine préventive et de santé publique à Alicante. "Des coupes budgétaires ont été demandées et de l'argent a été économisé dans des secteurs jugés non essentiels. On pouvait prévoir ce qui pouvait se passer, mais les choix politiques nous ont fait prendre le chemin inverse".

En attendant qu’un vaccin soit trouvé, chaque vie sauvée constitue une lueur d’espoir dans cette guerre contre le coronavirus. Une fois le monde entier sorti d'affaire, viendra le temps de tirer les leçons.

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