Quels pays de l'UE ont été totalement ou partiellement coupés du gaz russe ?

Gazprom a informé plusieurs États membres qu'ils seraient coupés du gaz russe.
Gazprom a informé plusieurs États membres qu'ils seraient coupés du gaz russe. Tous droits réservés Michael Sohn/AP Photo
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Par Euronews
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Sous le coup de sanctions suite à l'invasion de l'Ukraine, la Russie multiplie les représailles, allant jusqu'à frapper le point faible de l'UE : la dépendance au gaz.

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L'Union européenne est au bord d'un précipice énergétique.

La Russie, premier fournisseur de combustibles fossiles de l'Union, est sous le coup de sanctions infligées par les nations occidentales après son invasion de l'Ukraine. Le Kremlin multiplie les représailles, allant jusqu'à frapper le point faible de l'UE : la dépendance au gaz.

Au cours des derniers mois, Moscou a coupé totalement ou partiellement l'approvisionnement en gaz de plusieurs États membres de l'UE, une attaque radicale qui porte préjudice aux économies européenne et russe.

La principale raison justifiant cette mesure est un décret du président Vladimir Poutine qui oblige les entreprises énergétiques à ouvrir un compte bancaire libellé en roubles à la Gazprombank pour conclure leurs transactions.

Comme certains gouvernements ont refusé de se conformer à cette imposition unilatérale, craignant de violer leurs contrats et l'esprit des sanctions de l'UE, Poutine a commencé à punir les pays qu'il considère comme "inamicaux".

Le bloc se prépare maintenant à une interruption totale des flux de gaz russe. Un scénario qui, selon de nombreux économistes, déclencherait automatiquement une profonde récession et obligerait les gouvernements à rationner l'énergie.

La Commission européenne travaille sur un plan visant à coordonner les mesures d'urgence et à éviter l'approche égocentrique qui a entravé la réponse initiale à la pandémie de Covid-19.

"Nous devons nous préparer dès maintenant à de nouvelles perturbations de l'approvisionnement en gaz, voire à une interruption complète de l'approvisionnement en gaz russe, a déclaré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. C'est évident : Poutine continue d'utiliser l'énergie comme une arme".

Voici les pays de l'UE qui ont jusqu'à présent été victimes des représailles russes.

La Pologne et la Bulgarie

Fin avril, la Pologne et la Bulgarie sont devenues les premiers pays de l'UE à être coupés du gaz russe.

Gazprom, le géant russe de l'énergie contrôlé par l'État, a informé les deux pays que les flux de gaz seraient interrompus en raison de leur refus persistant de payer leurs factures en roubles.

La Pologne et la Bulgarie ont ouvertement dénoncé la procédure de paiement en deux temps, promettant d'accélérer la diversification de leur bouquet énergétique.

Pour la Pologne, la baisse soudaine était gérable puisque la majeure partie de son électricité provient de la combustion du charbon. Le pays dispose d'un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) à Świnoujście, à partir duquel il peut s'approvisionner auprès de partenaires plus fiables, tels que les États-Unis, le Qatar, l'Égypte et Israël.

La Bulgarie, qui dépendait à environ 90 % du gaz russe, a également intensifié ses achats de GNL et a dévoilé des plans pour accroître la capacité d'un gazoduc qui pompe le gaz du champ géant d'Azerbaïdjan en mer Caspienne.

Finlande

Le 20 mai, Gazprom a annoncé à la Finlande qu'elle allait suspendre tous les flux de gaz après le refus de Gasum, le grossiste en gaz public du pays, de se conformer au décret sur le paiement en roubles.

Cette décision a coïncidé avec la volonté d'Helsinki de rejoindre l'OTAN, l'alliance transatlantique dont Poutine a critiqué l'expansion avec véhémence.

Bien que la Finlande soit très dépendante du gaz russe, ce produit ne représente qu'environ 5 % de sa consommation annuelle d'énergie, ce qui rend la crise plus facile à contenir.

Danemark et Pays-Bas

Fin mai, quelques jours seulement après que la Finlande a vu ses flux de gaz russe disparaître du jour au lendemain, le Danemark a subi un sort similaire lorsque la multinationale danoise de l'énergie Ørsted a ignoré les appels à payer en roubles.

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"C'est totalement inacceptable, a déclaré le Premier ministre danois, Mette Frederiksen. C'est une sorte de chantage de la part de Poutine".

Presque au même moment, Gazprom a totalement arrêté ses livraisons au négociant néerlandais GasTerra, également en raison d'un refus de régler ses factures en monnaie russe.

GasTerra a déclaré avoir pris les dispositions nécessaires pour trouver d'autres fournisseurs et compenser la perte des 2 milliards de mètres cubes (mmc) de gaz russe attendus.

Natacha Pisarenko/AP Photo
Alors que Draghi, Macron et Scholz se sont rendus à Kyiv, Gazprom a réduit les flux de gaz vers leurs pays.Natacha Pisarenko/AP Photo

Allemagne, Italie et France

Les trois plus grandes économies de l'Union européenne ont été frappées par les représailles russes à la veille d'un voyage conjoint à Kiev du chancelier allemand Olaf Scholz, du Premier ministre italien Mario Draghi et du président français Emmanuel Macron.

L'Allemagne a enregistré une baisse de 40 % des flux de Nord Stream 1, l'énorme gazoduc qui relie la Russie à la ville septentrionale de Greifswald et transporte jusqu'à 55 milliards de m3 par an.

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Gazprom a déclaré que les réparations du conduit étaient à l'origine de cette réduction, mais Berlin s'est défendu, accusant la société de fausser délibérément le marché pour augmenter les prix et faire rentrer de l'argent dans les coffres du Kremlin.

Alors que l'approvisionnement en gaz continue de diminuer, le gouvernement d'Olaf Scholz a activé la deuxième phase de son plan d'urgence en trois étapes, rapprochant le pays des mesures de rationnement.

En Italie, la multinationale de l'énergie Eni, qui a ouvert un compte bancaire libellé en roubles pour se conformer au décret de Poutine, a déclaré que les approvisionnements en gaz russe avaient chuté de 15 %, une contraction qui se poursuit à ce jour.

Gazprom n'a pas fourni d'explication à Eni sur la limitation des flux.

Le Premier ministre Draghi a ensuite déclaré que le prétendu entretien des tuyaux par Gazprom était un mensonge. "Une utilisation politique du gaz existe tout comme il existe une utilisation politique du blé", a-t-il déclaré, faisant référence au blocage des ports ukrainiens.

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Pendant ce temps, en France, le gestionnaire de réseau GRTgaz a d'abord déclaré qu'il ne recevait plus de gaz par gazoduc en provenance de Russie, mais le gouvernement a ensuite précisé que les livraisons continuaient à affluer, bien qu'en quantités variables.

Autriche, Slovaquie et République tchèque

Le mois de juin a vu davantage de réductions de gaz vers d'autres pays de l'UE.

Le groupe énergétique autrichien OMV a connu une baisse de 50 % du gaz russe, qui s'est ensuite légèrement améliorée pour atteindre environ 40 % début juillet.

La compagnie slovaque de gaz SPP a également enregistré une baisse progressive des approvisionnements et a déclaré que les volumes pourraient atteindre la moitié de ce qui était stipulé dans les contrats.

La République tchèque, qui assure actuellement la présidence tournante du Conseil de l'UE pour six mois, a observé une baisse globale du transit de gaz, mais a noté que les approvisionnements du pays n'étaient pas menacés.

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"Nous sommes prêts à travailler à la coordination des stocks de gaz en prévision de l'hiver prochain et à promouvoir les achats groupés volontaires, a déclaré le Premier ministre tchèque Petr Fiala au Parlement européen. Nous devons toujours garder à l'esprit que nous pourrions nous retrouver dans une situation où la solidarité entre les États membres est plus que jamais nécessaire."

La liste croissante des suspensions de gaz jette de sérieux doutes sur l'objectif récemment convenu par l'UE d'atteindre un niveau de stockage de gaz d'au moins 80 % d'ici le 1er novembre, un objectif conçu pour éviter un hiver de pénurie et de mécontentement.

Le niveau de stockage actuel dans l'ensemble de l'Union est de 60 %, et seuls trois pays - le Portugal, la Pologne et le Danemark - dépassent la barre des 80 %.

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