Les eurodéputés ont auditionné le lanceur d’alerte Mark MacGaan à l’origine du scandale des Uber files et ancien lobbyiste de l’entreprise américaine.
Les droits des travailleurs des plateformes numériques sont toujours au centre des débats européens. Les syndicats sont d'ailleurs inquiets de l'influence de ces lobbies auprès des institutions de l'UE.
Le Parlement européen organisait mardi une audition pour évaluer l'influence d'Uber et des autres entreprises du secteur sur les choix politiques de l’Union.
"En juillet, les révélations sur les Uber files ont montré qu'Uber avait des stratégies d'évitement pour ne pas respecter les règles, qu'ils avaient aussi des contacts avec des politiciens et qu'ils mènent une campagne intensive de lobbying pour éviter la réglementation", dénonce Ludovic Voet de la Confédération européenne des syndicats.
Ils étaient plus d’une centaine à se rassembler devant le Parlement européen pour dénoncer le jeu d'influence politique des plateformes numériques. Le budget d'Uber consacré au lobbying est passé de 50 000 à 700 000 euros au cours des huit dernières années.
Selon les révélations des Uber files, la société américaine a approché et influencé des députés européens, des membres de la Commission et des représentants nationaux de haut niveau.
Toute cette stratégie a été décrite par l'ancien représentant des affaires publiques et lobbyiste d'Uber auprès des institutions de l’UE, Mark MacGann, devenu depuis lanceur d'alerte.
"Lorsque des politiciens essayaient de nous arrêter ou de nous ralentir, nous avons détourné la démocratie elle-même, en exploitant le pouvoir politique des consommateurs, en exerçant une pression très publique sur les élus pour qu'ils fassent marche arrière, en les noyant sous des millions de pétitions d'usagers.... Nous avons dit aux politiciens que nous accepterions d'arrêter le service controversé et illégal UberPop s'ils modifiaient la loi dans le sens que nous souhaitions", détaille l’ancien lobbyiste.
Les recherches scientifiques présentées aux législateurs européens n'étaient pas non plus indépendantes.
"Nous avons payé des universitaires pour qu'ils utilisent des ensembles de données biaisés afin de produire des chiffres favorables à la position d'Uber. Les données affichaient des gains élevés parce qu'elles ne tenaient pas compte du temps d'attente des chauffeurs entre les différents trajets", explique Mark MacGann.
L'Office européen de lutte anti-fraude (OLAF) mène aussi l'enquête sur le cas de Neelie Kroes. L'ancienne Commissaire européenne est accusée d'avoir fait du lobbying en faveur d'Uber pendant sa période de réflexion après la fin de son mandat européen.