Uber files : plusieurs personnalités politiques accusées d'avoir favorisé la plateforme

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Par Euronews
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Parmi elles, Emmanuel Macron, lorsqu'il était ministre de l'Economie entre 2014 et 2016. Les lobbyistes de la firme américaine ont été très actifs dans de nombreux pays, pour imposer une dérégulation du marché.

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Emmanuel Macron est rattrapé par son passé. Le président français est l'un des dirigeants internationaux éclaboussés par le scandale des Uber Files.

Réalisée grâce à la fuite de dizaines de milliers de documents internes, une vaste enquête journalistique internationale révèle comment des personnalités politiques de premier plan ont aidé directement ou indirectement au développement de la multinationale américaine, souvent au détriment de la législation nationale.

« Emmanuel Macron, bien sûr, a un rôle important dans cette affaire. Mais aussi Joe Biden et une dizaine d’anciens membres du personnel de l’administration Obama. Ils ont œuvré à l’adoption du modèle Uber, qui par définition bouleverse les protections du travail et le droit du travail", explique Dean Starkman, membre du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), qui a réalisé l'enquête. 

Comme l'a révélé le journal Le Monde, membre du ICIJ, Emmanuel Macron a largement œuvré en coulisse pour la société de VTC entre 2014 et 2016, lorsqu'il était ministre de l'Economie. Les oppositions à gauche et au Rassemblement national (extrême droite) ont d'ailleurs haussé le ton ce lundi, sommant le chef de l'état de s'expliquer.

La cheffe de file des députés de la majorité, Aurore Bergé, estime elle qu'Emmanuel Macron n'a fait, à l'époque, que son travail pour faire en sorte que des entreprises internationales s'installent en France.

Ils ont eu un mépris flagrant pour les lois fondamentales de l’état de droit. Ils ont ignoré les législations locales.
Dean Starkman

Mais les lobbyistes de la firme ont été très actifs dans de nombreux pays pour imposer une dérégulation du marché, comme l'affirme Dean Starkman : "Ils ont eu un mépris flagrant pour les lois fondamentales de l’état de droit. Ils ont ignoré les législations locales. Ils ont fait irruption sur les marchés sans licence, sans autorisation et ont commencé à saper fondamentalement le marché."

"L'entreprise a enfreint la loi, trompé la police et les régulateurs, exploité la violence contre les chauffeurs et fait pression en secret sur les gouvernements dans le monde entier", affirme le journal britannique le Guardian, qui a publié ses premiers articles sur l'affaire. 

"La violence garantit le succès"

Ceux-ci mentionnent notamment des messages de Travis Kalanick, alors patron de la société basée à San Francisco, quand des cadres se sont inquiétés des risques pour les conducteurs qu'Uber encourageait à participer à une manifestation à Paris. "Je pense que ça vaut le coup", leur a répondu le cofondateur. "La violence garantit le succès".

Selon le Guardian, Uber a adopté des tactiques similaires dans différents pays européens (Belgique, Pays-Bas, Espagne, Italie...), mobilisant les chauffeurs et les incitant à se plaindre à la police quand ils étaient victimes agressions, afin d'utiliser la couverture médiatique pour obtenir des concessions des autorités.

"M. Kalanick n'a jamais suggéré qu'Uber exploite la violence aux dépens de la sécurité des conducteurs", a réagi Devon Spurgeon, porte-parole de l'ancien dirigeant controversé, dans un communiqué publié par l'ICIJ.

Accusé d'avoir encouragé des pratiques managériales douteuses et brutales, sur fond de sexisme et de harcèlement au travail, M. Kalanick avait dû abandonner son rôle de directeur général du groupe en juin 2017. Annonçant sa démission du conseil d'administration, fin 2019, il s'était dit "fier de tout ce qu'Uber a accompli".

Son porte-parole a réfuté dimanche toutes les accusations des journaux, y compris celle d'obstruction de la justice. D'après les quotidiens, Uber avait mis en place différentes stratégies pour déjouer les tentatives d'intervention des forces de l'ordre, dont celle du "coupe-circuit" ("kill switch") qui consistait à couper rapidement l'accès d'un bureau du groupe aux principales bases de données informatiques, en cas de perquisition.

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