Une exposition immersive recrée le harcèlement et l'anxiété subis par les opposants à l'ETA

Les visiteurs doivent passer dans une pièce sombre pour ressentir l'angoisse vécue par les opposants de l'ETA
Les visiteurs doivent passer dans une pièce sombre pour ressentir l'angoisse vécue par les opposants de l'ETA Tous droits réservés Euronews
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Par Jorge Liboreiro
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L’expérience culturelle cherche à retracer la peur vécue et ressentie par les citoyens face à la violence exercée par le groupe terroriste basque.

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Peur, anxiété, désespoir, isolement, peine.

Pendant des années, ces sentiments ont hanté ceux qui ont osé se lever contre le terrorisme de l'ETA. Le groupe armé séparatiste a infligé de profondes souffrances à la population du Pays basque et à l'ensemble du territoire espagnol.

Entre sa fondation en 1959 et sa déclaration de cessez-le-feu en 2011, l'ETA a mené une campagne brutale et sans relâche pour terroriser les citoyens et tenter d’obtenir l'indépendance du Pays basque.

Des fusillades en plein jour, des voitures piégées et des enlèvements très médiatisés ont eu un effet glaçant sur la population. Beaucoup ont gardé le silence par crainte de représailles.

Mais plus le nombre de morts augmentait, plus la société espagnole se montrait courageuse et commençait à exprimer publiquement son opposition au groupe terroriste. Cette opposition a toutefois été payée au prix fort : intimidation et harcèlement de la part de l'ETA et de ses partisans.

Cet environnement de menace omniprésente a été brièvement ramené à la vie dans une exposition immersive installée cette semaine au Parlement européen.

Les visiteurs sont invités à entrer dans une boîte noire qui diffuse les fameux cris et slogans des partisans du groupe terroriste :"¡ETA, mátalos ! (ETA, tuez-les !).

"Je voulais représenter un instant des sentiments que les citoyens du Pays basque, et d’ailleurs, mais spécifiquement le Pays basque, ont ressenti face à ces cris menaçants, face à cette pression sociale que d'autres citoyens basques menaient, et, bien sûr, face à la menace directe d'assassinat", explique José Ibarrola, l'artiste visuel à l’origine de l'exposition.

À l'intérieur de la pièce, l'obscurité absolue règne, précise José Ibarolla, à l'exception de deux éléments frappants : des lumières rouges clignotantes et des symboles de cible peints à la main.

"Les symboles de cibles étaient peints sur les maisons et les boîtes aux lettres de ceux qui étaient menacés. Un peu comme ce qui est arrivé aux Juifs (sous l'Allemagne nazie). La marque, le stigmate, les poursuivait", rappelle l'artiste originaire de Bilbao.

"Mais ce symbole de cible était public et pouvait être vu par vos voisins et les autres citoyens pour créer un sentiment de peur. C'est la méthode des terroristes : on tue une personne pour en terroriser 100 000."

L'exposition rend hommage à Basta Ya !, une organisation de la société civile qui a rassemblé des personnes issues de tous les horizons politiques afin de s'opposer à la terreur de l'ETA.

Basta Ya ! a été fondée en 1997, quelques mois après l'enlèvement et le meurtre de Miguel Ángel Blanco, un politicien conservateur d'un conseil local au Pays basque. Cet assassinat marque un tournant dans l'histoire espagnole et a déclenché une vague massive d'opposition contre le groupe paramilitaire.

En 2000, le Parlement européen a décerné à Basta Ya ! le prix Sakharov pour la liberté de pensée, la plus haute distinction de l'UE en matière de droits de l'homme. Sept ans plus tard, l'organisation a été dissoute. Mais son héritage de résistance civile face à la terreur est toujours présent.

"L'Europe doit s'efforcer de préserver les principes du pluralisme et de la démocratie", souligne José Ibarolla.

"Ici, en Europe, nous sommes très privilégiés par rapport au reste du monde, mais je pense qu'il est très important que nous restions toujours vigilants car, d'une certaine manière, nous sommes le phare du monde", poursuit-il.

"L'Europe doit toujours être vigilante face à la menace du fanatisme".

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