Beata Javorcik (BERD) : "La plupart des ménages arrivent tout juste à joindre les deux bouts"

Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy  lors d'une réception militaire à la chancellerie de Berlin, le 14 mai 2023
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy lors d'une réception militaire à la chancellerie de Berlin, le 14 mai 2023 Tous droits réservés Markus Schreiber/Copyright 2023 The AP. All rights reserved
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Par Stefan GrobeYolaine de Kerchove (traduction)
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Interrogée dans l'émission "State of The Union", Beata Javorcik, l'économiste en chef à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) revoit à la baisse la croissance économique pour 2023.

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Les dernières perspectives de la BERD s'intitulent " S'en sortir ", ce qui est en fait un euphémisme étant donné que vous avez revu à la baisse vos prévisions de croissance pour cette année. Quelles en sont les principales raisons ?

Beata Javorcik : En moyenne, les ménages s'en sortent tout juste, mais la situation est très différente selon les sous-régions où nous opérons. D'un côté, en Europe centrale et dans les pays baltes, nous allons connaître une année très difficile, car la croissance sera pratiquement nulle. D'un autre côté, l'Asie centrale va enregistrer de bonnes performances car elle bénéficie de l'afflux de capitaux et de main-d'œuvre en provenance de Russie. Cette région s'est également transformée en intermédiaire pour les exportations européennes vers le marché russe.

L'inflation élevée reste une grande source d'inquiétude pour les consommateurs, en particulier pour les ménages. Les gens ont-ils des réserves financières pour faire face à la tempête, quelles sont vos conclusions ?

Beata Javorcik : Les enquêtes sur les ménages que nous venons d'achever montrent que les ménages ont épuisé leur épargne en raison de la succession de deux crises, la pandémie suivie de très près par la guerre. La plupart des ménages arrivent tout juste à joindre les deux bouts. Et si un ménage devait perdre sa principale source de revenus, pour une majorité de familles, cela signifierait qu'elles ne pourraient pas couvrir leurs dépenses de base pendant plus d'un mois.

En ce qui concerne l'Ukraine, vous prévoyez une croissance modeste pour cette année et l'année prochaine . Cela me semble étonnamment robuste pour un pays en guerre. Qu'en pensez-vous ?

Beata Javorcik : Permettez-moi de mettre cela en perspective. L'année dernière, l'économie ukrainienne s'est contractée de près d'un tiers. Nous prévoyons donc essentiellement le maintien du statu quo. Et il est très difficile de voir d'où pourrait venir la croissance. 8 millions de personnes sont à l'étranger. 6 millions de personnes sont déplacées à l'intérieur du pays. De nombreux habitants participent à l'effort de guerre. Et les investissements ne couvrent pratiquement que les besoins d'urgence.

J'espère qu'il n'y a pas que de la morosité. Y a-t-il des développements optimistes dont vous pourriez nous parler ?

Beata Javorcik : Il y a deux développements optimistes. Le premier est le remodelage des chaînes de valeur mondiales. De nombreuses entreprises allemandes cherchent de nouveaux fournisseurs pour améliorer la résilience de leurs chaînes d'approvisionnement. Elles se tournent vers l'Europe centrale, l'Europe de l'Est et le voisinage européen au sens large. Deuxièmement, l'Europe émergente est devenue beaucoup plus enthousiaste à l'égard de la transition verte parce qu'elle est désormais perçue à travers le prisme de la sécurité énergétique. Et cela sera bénéfique pour la planète et pour nous tous.

Video editor • Vassilis Glynos

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