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Fin de concessions : les plagistes italiens se préparent au pire

Les plages italiennes doivent s’ouvrir à la concurrence
Les plages italiennes doivent s’ouvrir à la concurrence Tous droits réservés Domenico Stinellis/AP
Tous droits réservés Domenico Stinellis/AP
Par Giorgia Orlandi
Publié le
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La moitié des plages italiennes sont payantes, mais maintenant, suite à une directive européenne, les gérants des établissements balnéaires font face à une perte potentielle de leurs concessions.

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En Italie, les licences de location de transats et de parasols sont traditionnellement contrôlées par des familles et transmises de génération en génération. Selon l’hebdomadaire italien L’Espresso, cité par Ouest-France, 42 % des plages italiennes sont privatisées par des « lidos » (ou lidi), des établissements balnéaires qui font payer l’accès aux bords de mer. À cela, se rajoutent 8 % de plages privatisées sous d’autres formes.

Le quotidien national italien La Repubblica a ainsi dénombré 12 166 lidos sur les 7 900 kilomètres de côtes que compte l'Italie (soit 2 000 de plus que la France métropolitaine). En moyenne, pour un "ombrellone e lettino" traditionnels (transat-parasol), il faut compter 15 € par personne sur une plage privée.

Mais, il y a un peu plus d'un an, la Cour de justice de l'Union européenne a estimé que les concessions d’exploitation du littoral ne peuvent pas être renouvelées automatiquement et qu’elles doivent faire l’objet d’une procédure de sélection impartiale et transparente.

À Fiumicino, une partie du littoral située à une heure de route de Rome, tout le monde ne parle que des concessions de plage et l'absence d'une loi nationale les réglementant. Les gérants des "lidi" sont inquiets par les "diktats" de Bruxelles les concernant.

Mais, plutôt que d'appeler à la grève pour sensibiliser l'opinion publique, comme beaucoup de leurs collègues l'ont fait récemment à l'approche des changements imposés par les autorités européennes, une dizaine des propriétaires d'entreprises locales se sont unis pour faire face au défi que représente la perte potentielle de leurs licences en raison de l'attribution de leurs concessions par le biais d'appels d'offres publics.

Pour éviter de se voir infliger une amende, le gouvernement italien aurait dû déjà depuis 10 ans se conformer à la directive Bolkestein, qui vise à accroître la compétitivité en libéralisant le marché dans un certain nombre de secteurs. La controverse dure depuis des années et certains opérateurs craignent pour l'avenir de leur entreprise, surtout après que les concessions ont été prolongées seulement jusqu'à la fin de 2024.

Marco Lepre, exploitant d'un club de plage, dirige le groupe représentant un total de 11 propriétaires d'entreprises réparties sur les 2 km du littoral de Fiumincino. "L'objectif de cette initiative est de participer aux appels d'offres qui semblent désormais inévitables en utilisant nos meilleurs outils et compétences en tant que réseau d'entreprises", explique M. Lepre. "Notre idée est de partager des projets qui permettront à la municipalité locale de se démarquer et d'obtenir le meilleur score".

M. Lepre explique que le fonctionnement du secteur en Italie est très différent de celui des autres États membres de l'UE, où des familles en vivent depuis des décennies. "Elles ont investi des ressources et créé un style de vie qui se transmet de génération en génération", poursuit M. Lepre.

Ce type d'entreprise familiale a un impact significatif sur l'économie italienne et sur le secteur du tourisme, qui représente environ 6 % du PIB du pays. Cependant, le Conseil d'État a récemment statué que les concessions ne pouvaient pas être renouvelées automatiquement, ce qui aggrave les effets de la procédure d'infraction lancée par la Commission européenne en 2020.

Certaines organisations professionnelles, dont Federbalneari, ont confiance dans les efforts du gouvernement pour régler le conflit : "Nous avons décidé de ne pas faire grève, car nous pensons qu'il vaut mieux s'asseoir à la même table que tous les acteurs concernés et travailler ensemble sur une réforme", déclare Marco Maurelli, président de Federbalneari Italia.

"Nous nous préparons à tout scénario. Nous espérons que le gouvernement jouera son rôle dans la liaison avec la Commission européenne dans ces négociations très complexes et épuisantes", poursuit M. Maurelli, "Le gouvernement de Meloni a présenté un document formel pour négocier une réforme avec la Commission européenne. C'est la première fois que cela se fait en 15 ans, et nous avons confiance dans les actions du gouvernement".

Comme l'explique Elonora Poli, directrice du groupe de réflexion "Centro Politiche Europee", qui a largement couvert la question, les plages italiennes appartiennent à l'État et peuvent être gérées à des fins lucratives par le biais de concessions attribuées par des autorités locales telles que les régions ou les municipalités. "Mais le temps presse", dit-elle, "et avec un cadre juridique aussi ambigu, les conséquences pour l'Italie de l'absence d'une loi nationale pourraient être très importantes".

"L'Italie risque des amendes très coûteuses", poursuit Mme Poli. "Ce n'est pas un problème qui a commencé avec le gouvernement de Meloni, c'est un problème auquel le pays est confronté depuis des années. Des règles au niveau national sont nécessaires pour établir la manière dont les concessions doivent être renouvelées. Elles devraient ensuite être appliquées par toutes les municipalités et régions".

À quelques mois de la fin de l'année - et, la fin possible de leurs concessions - les exploitants de clubs de plage devraient poursuivre leur combat.

Sources additionnelles • Ouest-France, adaptation : Serge Duchêne

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