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L'arrestation de Dourov est-elle un problème pour l'armée russe en Ukraine ?

Telegram est un canal de communication populaire utilisé par l'armée russe.
Telegram est un canal de communication populaire utilisé par l'armée russe. Tous droits réservés Matt Slocum/Copyright 2023 The AP. All rights reserved
Tous droits réservés Matt Slocum/Copyright 2023 The AP. All rights reserved
Par Vincenzo Genovese
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Cet article a été initialement publié en italien

L'arrestation de Pavel Dourov en France pourrait devenir un problème pour la Russie : son application Telegram est l'un des principaux canaux de communication pour les troupes en Ukraine.

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Telegram est très populaire parmi les russophones et joue un rôle crucial dans la guerre qui a débuté en février 2024, à tel point que selon une analyse de l'Institute for the Study of War, il s'agit de "la principale alternative aux communications officielles pour le personnel militaire russe en Ukraine".

Telegram est un canal de communication du Kremlin et du ministère russe de la Défense
Christine Dugoin-Clément
Chercheuse, IAE Paris - Sorbonne Business School

Le rôle de Telegram dans la guerre

Comme l'explique à EuronewsChristine Dugoin-Clément, chercheuse experte sur le sujet à la IAE Paris - Sorbonne Business School, la plateforme joue un rôle très important dans la coordination des actions militaires à différents niveaux, le stockage de vidéos et le partage de fichiers volumineux.

Selon l'Institute for the Study of War, la plateforme a remplacé les canaux de communication officiels de l'armée, lents et inefficaces, dans de nombreux cas. Les forces russes ont fait face au manque de communications adéquates en utilisant leurs appareils personnels pour organiser la logistique sur le front et les opérations de combat.

Le ISW estime que le Kremlin a tenté d'empêcher cette dérive en punissant l'utilisation de canaux de communication privés, mais sans fournir d'alternative adéquate.

Outre son importance sur le champ de bataille, Telegram est également utilisé pour diffuser le récit officiel russe sur la guerre en Ukraine, de nombreuses chaînes étant plus ou moins directement liées au Kremlin ou au ministère russe de la Défense. "Nous avons constaté que de fausses chaînes directement liées au Kremlin ont été créées", indique Christine Dugoin-Clément.

Le gouvernement de Moscou, selon les experts, a compris comment exploiter au mieux Telegram après avoir échoué dans sa tentative de placer la plateforme sous son contrôle total en 2018. Il en résulte une sorte de "coopération" qui a permis à Pavel Dourov de maintenir sa chaîne opérationnelle dans une apparente indépendance vis-à-vis des autorités nationales, et au Kremlin d'orienter ses activités à son avantage.

D'une part, explique Mme Dugoin-Clément, des lois de plus en plus restrictives ont été adoptées. "Les propriétaires de chaînes ayant plus de 10 000 followers doivent s'enregistrer auprès de Roskomnadzor, l'organisme chargé de contrôler tous les médias et les réseaux sociaux.

La même loi prévoit que toute chaîne suivie par plus de 500 000 utilisateurs doit fournir toutes les informations sur ses utilisateurs à la demande de Roskomnadzor ou des services de renseignement (FSB, ex-KGB). "Il n'y a donc pas de contrôle, mais une sorte de coopération avec la chaîne", relève l'experte.

Une affaire diplomatique

Avec son PDG en prison dans un pays européen, Telegram pourrait désormais être considéré comme indigne de confiance par les forces armées russes et, dans le pire des cas, être complètement bloqué dans le pays, suppose l'Institute for the Study of War.

Bien qu'aucune corrélation immédiate entre la détention de Dourov et le fonctionnement de la plateforme à court terme n'ait été décelée, la même incertitude quant au sort du service pourrait inciter ses utilisateurs à l'abandonner. Cela "aurait probablement un impact sur les opérations en première ligne", selon ce groupe de réflexion vasé à Washington.

Il semble toutefois peu probable que les autorités françaises puissent accéder aux informations militaires contenues dans les discussions cryptées de Telegram. "Elles pourraient essayer de le faire, mais ce serait illégal, parce qu'au niveau européen, il n'y a pas de réglementation autorisant à lire les messages privés ", a déclaré Axel Legay, professeur à l'Ecole polytechnique de Louvain en Belgique, à Euronews. "Mais les services secrets pourraient essayer".

Certes, la détention de Dourov est déjà devenue une affaire diplomatique. L'ambassade russe à Paris a accusé les Français de refuser de coopérer, tandis que le Kremlin a déclaré attendre des communications officielles sur les accusations portées contre Dourov et a démenti une rencontre entre le fondateur de Telegram et Vladimir Poutine en Azerbaïdjan, sur laquelle spéculaient certains médias.

Le président français Emmanuel Macron assure, quant à lui, que l'arrestation n'est "en rien une décision politique" mais une initiative totalement indépendante de la justice française.

Sources additionnelles • adaptation : Serge Duchêne

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