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Le coordinateur des opérations de paix des Nations unies met en garde contre une escalade au Moyen-Orient

Un bombardement de l'armée israélienne au Sud Liban
Un bombardement de l'armée israélienne au Sud Liban Tous droits réservés Hussein Malla/Copyright 2023 The AP. All right reserved
Tous droits réservés Hussein Malla/Copyright 2023 The AP. All right reserved
Par Isabel Marques da SilvaJean-Philippe Liabot
Publié le
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Cet article a été initialement publié en portugais

Les tirs croisés entre Israël et le Liban créent un risque sérieux de guerre totale au Moyen-Orient, déclare le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, dans une interview accordée à Euronews à Bruxelles.

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Jean-Pierre Lacroix est particulièrement préoccupé par les attaques menées par le Hezbollah, soutenue par l'Iran, contre Israël depuis le sud Liban - sur la ligne bleue délimitée par les Nations unies - et par les actions du gouvernement de Benjamin Netanyahu chez son voisin du nord, y compris à Beyrouth, la capitale.

Le diplomate s'est récemment rendu dans la région et a parlé à Euronews de la nécessité d'une désescalade politique, avant de participer au Conseil des ministres de la défense de l'UE à Bruxelles vendredi.

"Je suis particulièrement attentif à la situation de notre mission FINUL (mission de maintien de la paix des Nations unies au Liban) et le risque d'escalade reste très, très sérieux. Nous parlons d'escalade régionale parce que cette situation à Gaza, et plusieurs autres situations au Moyen-Orient, sont toutes très interconnectées", a expliqué le haut diplomate français, qui rencontre tous les six mois les ministres de l'Union européenne chargés de ce portefeuille.

Depuis qu'Israël a commencé son opération militaire dans la bande de Gaza à la suite de l'attaque terroriste du Hamas le 7 octobre dernier, plusieurs incidents ont démontré la possibilité d'extension du conflit aux pays voisins.

Le plus important est l'Iran, notamment en raison de son soutien aux milices, non seulement au Liban, mais aussi au Yémen, en Irak et en Syrie. Ces milices ont multiplié les attaques, qu'elles justifientcomme des représailles aux opérations israéliennes dans la bande de Gaza et dans d'autres territoires palestiniens.

"Nous avons assisté à des épisodes de représailles qui contribuent à maintenir un risque élevé d'escalade régionale au-delà de ce que nous voyons déjà à Gaza. Il est donc évident que les efforts en cours pour les pourparlers de paix à Gaza sont extrêmement importants", explique Jean-Pierre Lacroix.

Les risques de représailles de l'Iran

Dans le sillage de la guerre actuelle à Gaza, l'un des moments les plus tendus entre Israël et l'Iran a eu lieu au printemps, lorsque les frappes aériennes israéliennes sur Damas, la capitale syrienne, le 1er avril, ont tué des fonctionnaires iraniens qui se réunissaient dans un bâtiment diplomatique.

Deux semaines plus tard, l'Iran a lancé sa première attaque directe sur le territoire israélien, avec un barrage de 300 missiles et drones, presque tous repoussés par les systèmes de défense aérienne (Tel-Aviv a bénéficié de l'aide des moyens militaires américains dans la région).

L'Iran est évidemment un acteur important dans la région, qui participe de différentes manières aux discussions en cours pour tenter de parvenir à la paix.
Jean-Pierre Lacroix
Secrétaire général adjoint et Chef des opérations de maintien de la paix aux Nations unies

Il y a eu d'autres cas de victimes civiles, mais la situation s'est aggravée lorsque Ismaïl Haniyeh, un haut responsable politique du Hamas, a été tué à Téhéran le 31 juillet dernier, où il s'était rendu pour assister à l'investiture du nouveau président iranien, Masoud Pezeshkian.

Le gouvernement israélien n'a pas confirmé, mais n'a pas non plus nié sa responsabilité dans l'explosion qui a tué le dirigeant dans sa chambre d'hôtel.

Le lendemain, les États-Unis ont renforcé leur déploiement militaire au Moyen-Orient, alors que l'Iran promettait de riposter contre Israël. Près d'un mois plus tard, la menace ne s'est toujours pas concrétisée, mais l'ONU s'inquiète.

"L'Iran est évidemment un acteur important dans la région, qui participe de différentes manières aux discussions en cours pour tenter de parvenir à la paix. Après ce qui s'est passé à Téhéran, il y a des spéculations sur une éventuelle réaction de l'Iran, mais je ne vais pas y contribuer", affirme le Secrétaire général adjoint des Nations unies.

Une Palestinienne déplacée par les bombardements israéliens dans  la bande de Gaza, assise à côté de ses enfants.
Une Palestinienne déplacée par les bombardements israéliens dans la bande de Gaza, assise à côté de ses enfants.Abdel Kareem Hana/Copyright 2023, The AP. All rights reserved

Quel avenir pour Gaza après le cessez-le-feu ?

Plusieurs membres du Conseil de sécurité de l'ONU évoquent la possibilité de créer une future mission de maintien de la paix à Gaza. Mais M. Lacroix estime que "c'est prématuré", car cela nécessiterait l'accord des parties impliquées, directement et indirectement, dans le conflit, et le vote unanime des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni).

Mais il y a une autre condition importante pour le diplomate : "Toute présence d'une tierce partie - et cela s'applique certainement aux missions de maintien de la paix de l'ONU - doit également être acceptée par les communautés locales, par les parties locales. Elles doivent considérer que la mission aura un impact positif sur leur vie".

À la demande de l'Union européenne et d'autres puissances,Israël vient d'accepter trois pauses dans les combats à Gaza, à partir de la semaine prochaine, afin de permettre une campagne de vaccination contre la polio, pour environ 640 000 enfants.

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Lorsqu'il s'agit de missions de paix, les États membres devraient apporter un soutien politique plus important, en plus de l'envoi de soldats. Les missions de paix n'ont pas d'objectifs militaires, mais politiques,
Jean-Pierre Lacroix
Secrétaire général adjoint et Chef des opérations de maintien de la paix aux Nations unies

Mais les négociations en vue d'un accord de cessez-le-feu à long terme, proposé par les États-Unis et négocié avec l'aide du Qatar et de l'Égypte, sont toujours dans l'impasse.

M. Lacroix considère que les pauses vaccinales représentent un "effort humanitaire important, à très court terme", mais répète que seule une cessation totale des hostilités réduira le risque d'extension du conflit dans la région, raison pour laquelle l'Union européenne doit maintenir une pression diplomatique.

"L'UE et plusieurs de ses États membres contribuent politiquement et avec des troupes aux opérations de maintien de la paix au Moyen-Orient. Je remercierai les ministres pour cela, mais je soulignerai également qu'ils jouent un rôle important en soutenant les efforts de détente, qui sont extrêmement importants", a-t-il déclaré.

Quel avenir pour le multilatéralisme ?

L'ONU organisera un sommet sur l'avenir les 22 et 23 septembre à New York, dans le but de dégager un consensus entre les 193 pays pour renforcer le multilatéralisme et les réponses collectives aux défis de la paix et de la sécurité, du désarmement, du changement climatique et du développement durable.

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"Lorsqu'il s'agit de missions de paix, les États membres devraient apporter un soutien politique plus important, en plus de l'envoi de soldats. Les missions de paix n'ont pas d'objectifs militaires, mais politiques, et doivent être soutenues par d'autres outils tels que la lutte contre la désinformation, les activités criminelles transfrontalières et le changement climatique, qui alimentent de plus en plus de conflits", conclut Jean-Pierre Lacroix.

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