22 ans après son installation, le géant de la distribution est en passe de vendre sa filiale russe, qui compte plus de 230 magasins à travers le pays. Le réseau de la famille Mulliez était vivement critiqué pour le "soutien à la guerre" en Ukraine.
Presque trois ans de guerre en Ukraine, et puis s'en va...
Après des mois de rumeurs, Auchan (orthographié ACHAN en cyrillique pour garder le fameux logo de l'"enseigne à l'oiseau") semblerait prêt à quitter la Russie alors qu'il est de plus en plus accablé par le poids des sanctions de l'UE contre Moscou.
Selon les médias, la chaîne de supermarchés française, détenue par la famille Mulliez, a réduit son option à deux acheteurs et les négociations pour la vente de sa filiale russe sont en cours d'achèvement.
Mais c'est le Kremlin qui aura le dernier mot car l’aval des autorités russes est devenu nécessaire dernièrement lorsqu’un investisseur étranger stratégique quitte le pays.
Le "sortant" potentiel devrait, par ailleurs, être en paix avec une grosse ristourne sur le prix de vente ainsi qu'avec une contribution "volontaire" à un fond gouvernemental - ce qui pourrait éventuellement être qualifié de contribution à l'effort de guerre de Moscou.
La division russe a qualifié de « rumeurs » les informations diffusées par les médias français.
« Depuis plusieurs années, des rumeurs circulent sur la vente d'Auchan Retail Russia et le départ de notre entreprise du marché russe, ce que nous avons toujours démenti. A chaque fois, la réponse d'Auchan a été la même : « Nous ne commentons pas les rumeurs ». Et cette fois-ci, alors qu'Auchan Retail Russia continue de travailler sur le marché russe au bénéfice de la population locale, de nouvelles informations sont apparues. Notre réponse est toujours la même : nous ne commentons pas les rumeurs sur le marché », a déclaré le service de presse de l'entreprise cité par les médias russes.
Fin mai, le directeur commercial d'Auchan Retail Russia a déclaré que l'entreprise « reste en Russie et continuera à y travailler ».
Critiques pas très voilées après l'invasion à grande échelle
Si ces rumeurs s'avèrent exactes, Auchan rejoindrait la liste des plus de 1 000 entreprises qui ont réduit leurs activités en Russie à la suite de l'invasion massive de l'Ukraine par Moscou.
Le géant de la distribution s'est constitué une clientèle fidèle après avoir opéré en Russie pendant plus de vingt ans et a précédemment refusé de partir en affirmant qu'il ne voulait pas pénaliser la communauté locale. Mais les critiques pointaient plutôt qu’avec 10% de son chiffre d'affaires et 30.000 salariés la Russie figurait, à son apogée, en tête de liste des filiales les plus rentables pour la marque Auchan avec plus de 230 magasins.
Les autorités de Kyiv n'ont pas mâché ses mots envers Auchan et certaines autres entreprises françaises. Le président Volodymyr Zelensky a accusé le groupe alimentaire d’être, aux côtés de « Renault et d’autres, sponsors de la machine de guerre de la Russie », tandis que l'ancien chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba qualifiait le groupe « d’arme à part entière de l’agression russe ».
L'entreprise française envisage également de se retirer de Hongrie, mais restera en Ukraine où elle détient 43 magasins dans le pays.