La prochaine Commission européenne inclura un portefeuille méditerranéen, soulignant l'importance géopolitique que l'UE accorde à sa frontière sud.
La Jordanie et le Maroc pourraient être les prochains pays à conclure des accords avec l'Union européenne pour endiguer les arrivées de migrants clandestins et stimuler les relations commerciales, a déclaré mardi la nouvelle commissaire à la Méditerranée.
Lors de son audition de trois heures devant les eurodéputés, Dubravka Šuica a affirmé qu'elle se concentrerait sur la signature de partenariats avec des pays extérieurs à l'UE si elle obtenait un second mandat au sein de l'exécutif de l'UE.
"Nous proposerons des accords stratégiques avec chaque État, que ce soit avec le Moyen-Orient, l'Afrique ou les pays du Golfe", a-t-elle déclaré mardi.
"Les négociations ont commencé avec la Jordanie et nous visons le Maroc. Nous pensons que ces deux pays peuvent nous être utiles et que nous pouvons leur être utiles", a-t-elle ajouté.
Respect des droits de l'Homme
Deux accords de ce type ont été conclus depuis juillet 2023 avec l'Égypte et la Tunisie, d'une valeur respective de 7,4 milliards d'euros et d'un milliard d'euros, mais ils ont suscité une vive controverse en raison des préoccupations en matière de droits de l'Homme et du recul de la démocratie dans ces deux pays d'Afrique du Nord.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi et son homologue tunisien Kais Saied ont tous deux été accusés par leur opposition politique nationale et les organisations de défense des droits de l'Homme de diriger des régimes autoritaires.
Interrogée à ce sujet, Dubravka Šuica a déclaré que ces deux pays "étaient au bord de l'effondrement et c'est la raison pour laquelle nous devions agir de toute urgence".
Des améliorations à réaliser
Bien qu'elle ait assuré aux membres de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen (AFET) que "certains aspects devaient être corrigés et que des leçons devaient être tirées" de ces deux accords, elle a néanmoins défendu la stratégie de la Commission.
"Si nous n'avions rien fait, est-ce que ce serait mieux ? Si nous ne nous engageons pas, qui le fera ? Nous n'avons pas le luxe de ne pas nous engager", a-t-elle affirmé devant les eurodéputés, ajoutant qu'elle "continuera à soulever" la question du respect des droits de l'Homme avec les autorités tunisiennes et égyptiennes.
Dubravka Šuica s'est également engagée à réaliser des études sur le respect des droits fondamentaux des migrants avant tout accord futur, à mettre en place un "suivi rigoureux" et à demander l'avis du Parlement avant d'entamer les négociations.
"Tous nos accords incluent la protection des droits de l'Homme", affirme-t-elle. "Sans conditions, rien ne sera fait, aucun centime de l'argent des contribuables européens ne tombera entre de mauvaises mains".
Lutter contre le trafic de migrants
Cette femme politique croate, qui détenait le portefeuille de la Démocratie et de la Démographie lors de la précédente législature, souligne que l'UE doit faire davantage pour favoriser des voies de migration sûres et légales afin de lutter contre le trafic de migrants et renforcer la gestion des frontières.
Mais elle ajoute que ces accords ne concernent pas uniquement la migration, mais qu'ils visent également à garantir que l'UE devienne le "partenaire fiable" de choix pour les pays du pourtour méditerranéen, du Moyen-Orient et de l'Afrique, en particulier en matière d'énergie et d'industrie.
Au cours de son audition, Dubravka Šuica a également été interrogée sur sa stratégie au Moyen-Orient et a réitéré son soutien à une solution à deux États, s'engageant à accroître l'influence de l'UE dans la région.
"Nous voulons être non seulement payeurs, mais aussi acteurs", déclare-t-elle. "Nous ne voulons pas être le plus grand donateur pour tout et ne pas avoir d'influence politique".