Le Kremlin utilise des pétroliers vétustes et mal entretenus pour vendre son pétrole brut à un prix supérieur à celui fixé par les alliés occidentaux.
L'Union européenne a pris mercredi de nouvelles sanctions contre la Russie, visant la "flotte fantôme" de pétroliers que Moscou a déployée pour contourner les restrictions occidentales sur le commerce du pétrole et maintenir une source de revenus cruciale pour financer la guerre contre l'Ukraine.
Cette flotte se compose de navires anciens, non assurés, dont le mauvais état alimente les craintes d'une catastrophe écologique imminente à proximité ou à l'intérieur des eaux européennes.
Une poignée d'entreprises chinoises soupçonnées de permettre à la Russie de produire des drones sont également inscrites sur la liste noire dans le cadre de l'accord, a déclaré un diplomate à Euronews.
Les sanctions ont été scellées par les ambassadeurs des 27 États membres lors d'une réunion mercredi et représentent le 15ᵉ paquet depuis le début de l'invasion russe en février 2022.
"L'UE et ses partenaires du G7 sont déterminés à maintenir la pression sur le Kremlin", a déclaré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne.
Les détails précis des restrictions n'ont pas été immédiatement disponibles, mais le train de mesures devrait être modeste par rapport aux décisions précédentes. Les discussions ont débuté le mois dernier et se sont déroulées sans grande controverse entre les pays.
La Lituanie, qui s'est plainte d'une dérogation permettant aux entreprises européennes de quitter le marché russe, a été la dernière à s'abstenir, selon deux diplomates.
Il s'agit des premières sanctions adoptées pendant la présidence hongroise du Conseil de l'UE, dont de nombreux diplomates craignaient qu'elle ne ralentisse l'action sur le front de la guerre en raison de l'insistance de Budapest à maintenir des liens étroits avec Moscou.
Le 15ᵉ paquet concerne principalement la "flotte fantôme" utilisée par la Russie pour contourner le plafonnement des prix mis en place par les alliés occidentaux à la fin de l'année 2022 afin de réduire les ventes de pétrole russe par voie maritime dans le monde entier.
Le plafond a été fixé à 60 dollars le baril de pétrole brut et interdit aux entreprises occidentales de fournir des services aux pétroliers russes, tels que l'assurance, le financement et le pavillon, qui vendent du pétrole brut au-dessus du prix convenu.
Pour s'en sortir, Moscou a commencé à utiliser des pétroliers vieillissants et mal entretenus, dont certains ont plus de 20 ans, qui utilisent des structures de propriété et d'assurance obscures qui échappent effectivement au contrôle des alliés du G7. Ces navires circulent sous des "pavillons de complaisance" de pays peu enclins à respecter les sanctions occidentales, tels que le Panama, le Liberia et les Îles Marshall.
La "flotte fantôme" a été accusée de pratiques trompeuses, notamment de transmettre des données falsifiées, d'éteindre ses transporteurs pour devenir invisible aux systèmes satellitaires et de procéder à de multiples transferts de navire à navire pour dissimuler l'origine des barils de pétrole.
L'état de ces navires est si mauvais que Bruxelles craint qu'ils ne déversent du pétrole et ne provoquent une catastrophe écologique à proximité du territoire de l'Union européenne. L'absence d'assurance appropriée pourrait rendre plus difficile la limitation des dégâts en mer.
Malgré les risques évidents, Moscou continue de compter sur ces pétroliers pour commercialiser son pétrole brut, une source de revenus essentielle pour financer l'invasion à grande échelle de l'Ukraine et soutenir l'économie de guerre à haute intensité.
Entre février 2022 et juin 2024, la Russie a tiré 475 milliards d'euros de revenus des exportations de pétrole, soit 68 % du total des recettes d'exportation de combustibles fossiles, selon le Centre de recherche sur l'énergie et l'air pur (CREA).
La Chine et l'Inde sont actuellement les principaux acheteurs de pétrole russe, qui est souvent raffiné dans ces pays et vendu sur le marché européen sous une autre étiquette.
La "flotte fantôme" est estimée à environ 600 navires, bien qu'aucun chiffre officiel n'existe en raison de la confidentialité des informations imposée par le Kremlin.
Les sanctions adoptées mercredi par les pays de l'UE visent une cinquantaine de navires appartenant à la "flotte fantôme", selon des diplomates. Le précédent train de mesures avait placé 27 navires sur la liste noire, leur refusant l'accès aux ports de l'UE et leur interdisant de fournir des services européens.