Le site, connu pour être la plaque tournante de pratiques illégales, a été fermé en juin 2024. Son gérant est "entendu en garde à vue dans une enquête de la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée", rapporte le parquet.
Le site, plateforme par le biais de laquelle se sont rencontrés les agresseurs dans l’affaire des viols de Mazan, était également mis en cause dans des agressions et des guets-apens homophobes. Le gérant du site Internet Coco.fr, fermé en juin 2024, est entendu en garde à vue depuis mardi 7 janvier, dans matinée, ont fait savoir le parquet de Paris et une source proche du dossier, confirmant une information du Parisien.
Isaac Steidl est entendu par les gendarmes de l’Unité nationale cyber, "dans une enquête de la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée, sous la direction d’un juge d’instruction, qui appréciera les suites à donner", ont ajouté les enquêteurs, rappelant que "cette plateforme avait été utilisée pour la commission de nombreuses infractions, notamment celles jugées dans l’affaire dite Pelicot".
Par l'intermédiaire de ce site, Dominique Pelicot a recruté plus de 80 hommes pour violer et abuser sexuellement de sa femme après lui avoir administré des médicaments sur ordonnance qui l'ont rendue inconsciente. Cinquante-et-un hommes, dont Dominique Pelicot, ont été condamnés. Dix-sept d'entre eux ont fait appel.
Autre exemple : la mort de Philippe Coopman dans le Nord, un jeune homme piégé dans un guet-apens en avril dernier alors qu'il se rendait à un rendez-vous après une rencontre sur le site.
23 000 procédures judiciaires
Le parquet de Paris avait annoncé, le 25 juin 2024, la fermeture de ce site "connu depuis de nombreuses années comme étant un facilitateur de commission de diverses infractions, notamment des actes de pédocriminalité, de proxénétisme, de prostitution, de viols, de vente de stupéfiants, de guet-apens, voire d’homicides".
Une information judiciaire avait été ouverte le 28 juin 2024 notamment pour fourniture d’une plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée. Plus de 23 000 procédures judiciaires en lien avec la plateforme avaient été ouvertes entre janvier 2021 et mai 2024, avait précisé la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, dans un communiqué.
Isaac Steidl s’est rendu lui-même à une convocation des gendarmes de l’Unité nationale cyber (UNCyber). Âgé de 44 ans, le fondateur du site, soupçonné d’être l’administrateur du sulfureux site de rencontres, avait été entendu en juin en Bulgarie. Des enquêteurs de l’Office national antifraude (Onaf) et de l’UNCyber ainsi qu’un magistrat du parquet de Paris avaient assisté à son audition en tant qu’observateurs.
La procureure de Paris, Laure Beccuau, a déclaré que la police avait saisi plus de 5 millions d'euros et gelé des comptes bancaires en Hongrie, en Lituanie, en Allemagne et aux Pays-Bas à la suite de l'enquête qui a abouti à la fermeture du site web.