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Après une élection difficile, le chancelier Friedrich Merz est "prisonnier du SPD", assure un expert

Mardi après-midi, Friedrich Merz (CDU) a prêté serment en tant que chancelier.
Mardi après-midi, Friedrich Merz (CDU) a prêté serment en tant que chancelier. Tous droits réservés  AP Photo
Tous droits réservés AP Photo
Par Zara Riffler & Donogh McCabe & Nathan Joubioux & Nela Heidner (Vertonung)
Publié le
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Il aura fallu deux tours pour que Friedrich Merz soit élu chancelier, une première dans l'histoire de la République fédérale. Mais le plus dur reste à venir pour le nouveau chancelier, qui fait face à de très nombreux défis.

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Cela a aura été difficile, mais l'Allemagne a un nouveau chancelier. Mardi, Friedrich Merz, le président de l'Union chrétienne-démocrate, a d'abord échoué à obtenir les 316 voix nécessaires, une défaite historique, avant d'être officiellement investi au second tour.

C'est la première fois depuis la fondation de la République fédérale que deux tours de scrutin sont nécessaires pour élire un chancelier, symbole de la faible assise politique en Allemagne de Friedrich Merz.

À la tête d'une coalition de 328 députés, son élection devait pourtant être une formalité. Mais lors du premier tour, Friedrich Merz a donc été lâché par certains de ses soutiens. Pourtant, selon la presse allemande, aucun membre des partis de la coalition ne reconnaît avoir voté contre son élection. Les scrutins étant organisés à bulletin secret, Friedrich Merz pourrait peut-être ne jamais savoir par qui il a été lâché.

Cette coalition est dirigée par l'Union chrétienne-démocrate (CDU, centre-droit) et son parti frère bavarois l'Union chrétienne-sociale (CSU). Ces deux partis ont été rejoints par les sociaux-démocrates (SPD) de centre-gauche, dirigés par le chancelier sortant Olaf Scholz.

Selon nos informations, son élection a été âprement négociée (article en allemand) dans les couloirs du Bundestag. Certains parlent d'une interdiction commune de l'AfD (Alternative für Deutschland, le parti d'extrême-droite), quand d'autres évoquent des discussions autour de la politique migratoire.

Que restera-t-il des grandes promesses ?

Tout au long de sa campagne, Friedrich Merz a multiplié les promesses en assurant un "changement politique". Car l'Allemagne est confrontée à des défis majeurs en matière de politique intérieure. Le chef de la CDU a donc annoncé un virage à 180 degrés dans la politique migratoire, une relance économique, une politique énergétique ouverte à la technologie ainsi qu'une réorientation de la politique sociale et du travail.

"Demain, ce gouvernement devra travailler et faire oublier aux gens comment il a commencé. Friedrich Merz doit maintenant montrer qu'il est capable de relancer l'économie. Il doit montrer qu'il peut maîtriser l'immigration clandestine et qu'il existe, à nouveau, un leadership en Europe, en particulier pour contrer la menace qui vient de l'Est", a expliqué Volker Resing, biographe du nouveau chancelier.

Le chef de la CDU, Friedrich Merz, a accepté d'être élu chancelier.
Le chef de la CDU, Friedrich Merz, a accepté d'être élu chancelier. AP Photo

Car en Allemagne, les problèmes s'accumulent. Le pays connaît une augmentation de la criminalité, ses systèmes sociaux sont surchargés, l'énergie coûte de plus en plus chère. Conséquence : l'économie menace de reculer pour la troisième année consécutive en 2025 et le pays est en train de se désindustrialiser.

Cependant, les lignes ont déjà commencé à bouger. Une coalition noire (CDU-CSU) et rouge (SPD) a rapidement vu le jour après un accord conclu concernant la dette. Une union que de nombreux observateurs politiques ne voient pas durer.

La méfiance règne également au sein de la population. Pour la première fois, la CDU a glissé derrière le parti AfD.

En Allemagne comme en Europe, Friedrich Merz est désormais attendu au tournant.
En Allemagne comme en Europe, Friedrich Merz est désormais attendu au tournant. AP Photo

"Ni un chancelier de gauche ni un chancelier de droite", selon un expert

"Selon moi, il ne sera ni un chancelier de gauche ni un chancelier de droite. Il sera un chancelier relativement arbitraire. Il gouvernera comme bon lui semble", a expliqué Volker Boehmer-Neßler, politologue et expert en droit constitutionnel.

Les Allemands seraient-ils face à un chancelier dont ils ne savent pas vraiment à quoi s'en tenir ? "Il s'est retrouvé dans la prison babylonienne du SPD. Sans nécessité, il n'a cessé de mettre l'accent sur le "pare-feu" contre l'extrême-droite pendant la campagne électorale. Ce faisant, il s'est créé une unique option - qui s'appelle SPD. S'il avait eu le courage d'oser un gouvernement minoritaire, il serait entré dans les livres d'histoire", estime Volker Boehme-Neßler, spécialiste du droit public.

Selon lui, le nouveau gouvernement est déjà bancal. "Friedrich Merz sera de plus en plus souvent confronté à la question : 'Est-ce que je tiens ma promesse ou est-ce que je laisse le gouvernement s'effondrer'".

La plus grande question politique dans le pays est celle de la politique migratoire, explique encore le professeur Volker Boehme-Neßler. "Si l'on se contente de mauvais compromis et d'une politique symbolique", ce serait "une aide électorale directe pour l'AfD", poursuit-il. "Les citoyens veulent que les gens trouvent des solutions à leurs problèmes. Si cela ne fonctionne pas, ils perdront confiance en la démocratie."

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