Pendant plus de trois heures, Nicușor Dan et George Simion ont débattu à dix jours du second tour de l'élection présidentielle. La guerre en Ukraine est l'un des sujets qui divise le plus les deux candidats.
Trois jours après le premier tour de l'élection présidentielle, Nicușor Dan, le maire de Bucarest, et George Simion, le leader du parti d'extrême droite, l'Alliance pour l'Union des Roumains, se sont retrouvés, jeudi 8 mai, pour un débat de trois heures.
Considérées comme essentielles pour l'avenir du pays, ces élections auront également un impact sur l'Europe centrale et orientale, ainsi que sur l'Union européenne en son ensemble, notamment sur le soutien que pourra apporter l'UE à l'Ukraine.
L'invasion russe a d'ailleurs été l'un des principaux sujets abordés lors de ce débat de l'entre-deux-tours, sur lequel les deux candidats ont exprimés des positions bien différentes.
Interrogé sur la manière dont il voterait pour un nouveau paquet d'aide à l'Ukraine s'il représentait la Roumanie au Conseil de l'UE, George Simion, qui a obtenu 40,5 % des voix lors du premier tour, a assuré qu'il ferait passer son pays d'abord. "Je voterai uniquement en fonction des intérêts de la nation roumaine, sans donner la priorité à d'autres États", a-t-il assuré, précisant que les fonds de l'UE devraient revenir, d'abord, à ses membres, tels que "les écoliers roumains, les agriculteurs roumains et les retraités roumains", a-t-il énuméré. "La Roumanie ne donnera pas un centime pour un autre pays."
Volonté d'agir en Ukraine pour Dan, de neutralité pour Simion
"La sécurité de la Roumanie et de la Moldavie dépend de manière cruciale de la façon dont la guerre en Ukraine se terminera", lui a répondu Nicușor Dan, arrivé en deuxième position avec un peu moins de 21 % des votes exprimés. Ce dernier à appelé à une "paix juste qui convienne à l'Ukraine", sans quoi "nous laisseront naître de nouvelles tensions régionales".
Pour ce faire, la Roumanie doit jouer un rôle en apportant son soutien à Kiev, poursuit Nicușor Dan. "La Roumanie doit également participer à cet effort afin d'avoir le droit de dire qu'elle souhaite participer, plus tard, à la reconstruction de l'Ukraine via ses entreprises. Si vous voulez la paix, vous devez être prêts à la guerre. Vous devez vous défendre, défendre cette paix", a-t-il martelé.
Une position qui tranche avec celle du candidat d'extrême-droite, pour qui la Roumanie doit adopter une position neutre : "Pas d'escalade. Pas d'envoi d'armes. Pas d'alignement sur les politiques de l'administration de Donald Trump", a renchéri George Simion, qui a appelé Kiev a respecter "les droits du demi-million de Roumains vivant en Ukraine" si elle veut espérer un soutien de la part de Bucarest.
Condamnation unanime de la guerre en Ukraine
Cependant, les deux candidats sont tombés d'accord sur un point et ont tous deux condamné l'invasion massive de l'Ukraine par Poutine. George Simion a affirmé que Vladimir Poutine "doit être arrêté pour crimes de guerre", dénonçant la Fédération de Russie qui "se nourrit du chaos et des conflits".
Cependant, il a refusé de s'exprimer sur les campagnes de désinformations russes. Il a préféré aborder la situation des Roumains en Ukraine, assurant que Kiev devait "respecter les droits du demi-million de Roumains vivant en Ukraine" avant d'espérer recevoir une aide de Bucarest. Il a également demandé une "compensation pour la participation de son pays à l'effort de guerre".
Volonté de s'ouvrir de Nicușor Dan
De son côté, Nicușor Dan a réaffirmé sa volonté de voir son pays entrer dans l'Union européenne (article en anglais), "tout comme j'aimerais que la République de Moldavie entre dans l'Union européenne". "Si je suis président, je ferai campagne en ce sens au sein des structures européennes", a-t-il également assuré.
"Je souhaite que la Roumanie maintienne son orientation pro-occidentale et qu'elle soit active au sein de l'Union européenne", a-t-il également déclaré. "D'autre part, je souhaite préserver le partenariat stratégique que la Roumanie entretient avec les États-Unis, qui est très important, notamment en matière de sécurité."