La commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen a approuvé à une écrasante majorité le projet de rapport recommandant l'entrée de la Bulgarie dans la zone euro. Cependant, la question divise encore les bulgares.
Si la Bulgarie se rapproche rapidement de la zone euro, elle doit encore conquérir les cœurs et les esprits de son opinion publique, estime Eva Maydell, eurodéputé bulgare du PPE et rapporteur du document recommandant l'adoption de la monnaie unique par le pays d'Europe centrale le 1er janvier 2026.
À une écrasante majorité, la commission économique et monétaire (ECON) du Parlement européen a voté mardi 24 juin en faveur du rapport recommandant l'adhésion de la Bulgarie à la monnaie unique. Trente-six députés se sont prononcés pour, trois contre et quatre se sont abstenus.
L'adhésion de la Bulgarie à la zone euro a été approuvée par les ministres de l'Économie de l'UE (ECOFIN) le 20 juin dernier, elle sera discutée par le Conseil des chefs d'État et de gouvernement de l'UE les 26 et 27 juin et sera formellement approuvée par le Parlement européen lors de la session plénière à Strasbourg prévue pour la semaine du 7 juillet.
Après le vote de la commission ECON, Eva Maydell, membre du parti GERB au pouvoir, a appelé les forces pro-européennes en Bulgarie à prouver leur sens de l'unité et de la responsabilité politique après plus de cinq ans d'instabilité politique interne.
Le pays des Balkans a organisé sept élections législatives en cinq ans et a connu une longue série de gouvernements de courte durée.
"J'espère vraiment que les forces pro-européennes seront capables de s'unir et de défendre cette stabilité afin de s'assurer que l'adoption de l'euro en Bulgarie se fasse en douceur," a déclaré l'eurodéputée à Euronews.
L'opinion publique bulgare est en effet divisée quant à l'adoption de la monnaie unique. Un sondage Eurobaromètre publié le mois dernier par la Commission européenne indiquait que 50 % des Bulgares ne soutenaient pas la monnaie commune, contre 46 % en novembre.
L'euro est-il populaire en Bulgarie ?
L'ancien Premier ministre de centre-droit et leader historique du GERB, Boïko Borissov, a été contraint de démissionner en 2013 en raison de l'impopularité des politiques d'austérité menées par son gouvernement pour préparer la trajectoire du pays vers la zone euro.
Aujourd'hui, les finances publiques de la Bulgarie sont en ordre. La dette et le déficit publics sont largement inférieurs aux critères de Maastricht. Pourtant, la hausse des prix effraie les Bulgares. Le taux d'inflation a atteint 3,5 %.
Selon Eurostat (l'unité statistique de l'UE), 30 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, ce qui représente le taux de pauvreté le plus élevé de l'UE.
"De nombreux Bulgares sont persuadés que lorsque leur pays deviendra membre de la zone euro, ils perdront leur indépendance économique et verront leurs conditions de vie se dégrader," explique Antoaneta Hristova, membre de l'Académie des sciences de Bulgarie. "Notamment en raison de l'impopularité de l'élite politique actuelle, même celle qui est favorable à l'UE."
Lors des élections législatives d'octobre 2024, le taux d'abstention était de 62 %, avec une croissance des forces politiques ultra-conservatrices et anti-européennes.
"Les citoyens ont de réelles craintes. Et bien sûr, c'est à ce genre de sentiments et d'inquiétudes que nous devons répondre en tant qu'hommes politiques. Nous devons nous occuper de ce groupe de personnes", concède Eva Meydell, précisant qu'au niveau de l'UE, il existe une volonté politique très concrète de calmer ces groupes et d'assurer une "adoption en douceur de l'euro".
Un chef d'État anti-euro
Le président de la Bulgarie, Rumen Radev, a proposé en mai dernier un référendum pour retarder l'adoption de l'euro au-delà de janvier 2026.
"Radev a proposé ce référendum par opportunisme politique. Il tente de rallier l'opinion publique anti-européenne grandissante pour son propre avenir politique," fustige l'eurodéputée.
Le mandat de Rumen Radev expirera à l'automne 2026.
"Il y a un autre problème et c'est la manipulation qui a été utilisée par certains acteurs, y compris le président Radev, pour utiliser les craintes de l'opinion publique en suggérant des mesures anticonstitutionnelles ," conclut Eva Maydell.