Le juge Leopoldo López donne raison aux accusations privées et au parquet anti-corruption et emprisonne l'ancien secrétaire général du PSOE pour appartenance à une organisation criminelle, corruption et trafic d'influence.
L’ancien numéro trois du Parti socialiste ouvrier espagnol a été placé en détention provisoire sans caution, à l’issue de sa comparution ce matin devant la Cour suprême. Le juge a retenu trois chefs d’inculpation liés à la vaste affaire de corruption connue sous le nom de complot de Koldo, qui touche le cœur du parti.
La déclaration de l'ancien dirigeant socialiste intervient après que le juge Leopoldo Puente a autorisé l'unité opérationnelle centrale (UCO) de la Guardia Civil à enquêter sur ses biens et ses communications en raison du rapport qui le place à l' épicentre d'un prétendu complot visant à truquer des travaux. L'ancien ministre des transports, José Luis Ábalos, et son bras droit, Koldo García, seraient liés à ce complot.
Santos Cerdán a nié toute implication devant le tribunal, affirmant ne pas se reconnaître dans les enregistrements à charge et ne pas connaître personnellement Víctor de Aldama, un homme d’affaires cité dans l’affaire. Selon RTVE, il doit être incarcéré à la prison de Soto del Real, près de Madrid.**
Cerdán : "Je suis victime de persécution politique".
Selon des sources présentes au tribunal, l’homme politique s’est déclaré victime de persécution pour avoir négocié avec le PNV et Bildu. Il a ajouté que le prochain à tomber serait, selon lui, le ministre de la Justice, Félix Bolaños, car lui aussi a négocié avec Junts.
Cerdán a nié l’ensemble des accusations portées contre lui et a annoncé qu’il demanderait une expertise indépendante des enregistrements réalisés par Koldo García, qui a documenté toutes ses réunions avec lui et avec José Luis Ábalos. Ces enregistrements ont été déterminants dans sa mise en examen.
Depuis, il a quitté son siège au Congrès des députés, perdant automatiquement son immunité parlementaire et permettant ainsi à la Cour suprême d’ouvrir une enquête.
D’après RTVE, il n’a répondu qu’aux questions de son avocat, a rejeté les accusations, et soutient que les enregistrements sont "décontextualisés". Il a aussi indiqué que sa relation avec l’homme d’affaires navarrais Joseba Antxón Alonso avait facilité le vote du PNV en faveur de la motion de censure contre Mariano Rajoy en 2018. Cerdán, chargé à l’époque des négociations avec Carles Puigdemont, s’est présenté comme "l’architecte d’un gouvernement progressiste".
Le procureur anticorruption Alejandro Luzón, très sévère à l'encontre de l'ancien responsable socialiste, a également requis la prison pour Cerdán.
Le parquet et les parties plaignantes ont demandé l’emprisonnement de Cerdán, invoquant un risque de fuite et de destruction de preuves. En revanche, aucune incarcération n’a été requise pour Ábalos et Koldo García, déjà soumis à des mesures comme le retrait de passeport, l’interdiction de quitter l’Espagne et l’obligation de se présenter deux fois par mois.
Selon RTVE, des sources gouvernementales affirment ne rien attendre de la déclaration de Cerdán, que ce soit sa défense ou son incarcération. Le parti préfère se tourner vers la commission fédérale prévue début juillet. Pour ces sources, cette affaire appartient au passé : "le mal est déjà fait" et "n’impacte plus le parti". Elles rappellent la ligne officielle : tolérance zéro face à la corruption.