La France acceptera les migrants renvoyés en échange de l'accueil par le Royaume-Uni d'un nombre égal de demandeurs d'asile ayant des liens familiaux en Grande-Bretagne, ont annoncé jeudi les dirigeants des deux pays.
Le Royaume-Uni et la France se sont mis d'accord sur un nouveau projet pilote permettant à certains migrants qui traversent la Manche à bord de petites embarcations d'être renvoyés en France. Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, espère que cette décision marquera une position plus stricte sur l'immigration clandestine.
Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron ont annoncé ce projet jeudi 10 juillet, lors de la visite d'État de ce dernier à Londres.
Bien que de portée limitée, les responsables britanniques ont salué l'accord comme une avancée et ont déclaré qu'il créait un précédent permettant aux migrants arrivant illégalement d'être renvoyés de l'autre côté de la Manche.
Il n'y a pas de solution miracle, mais avec un effort uni, de nouvelles tactiques et un nouveau niveau d'intention, nous pouvons enfin renverser la situation", a expliqué le premier ministre britannique.
"Pour la toute première fois, les migrants arrivant par petit bateau seront détenus et renvoyés en France dans les plus brefs délais." A-t-il ajouté.
Dans le cadre de l'accord "un accepté, un exclu", le Royaume-Uni renverra à la France un certain nombre de migrants traversant la Manche et, en retour, renverra un nombre égal de demandeurs d'asile dont la demande est jugée légitime.
Ce plan, qui devrait être lancé dans les semaines à venir, vise à décourager les traversées dangereuses, qui sont devenues un enjeu politique majeur au Royaume-Uni. Plus de 21 000 personnes sont arrivées dans le pays cette année, soit une augmentation de 56 % par rapport à la même période en 2024.
Selon les médias français, il s'agirait de renvoyer en France jusqu'à 50 arrivées de petits bateaux par semaine. En cas de succès, l'essai devrait être considérablement intensifié.
Emmanuel Macron a déclaré que l'accord était destiné à avoir un effet dissuasif. "Je suis totalement déterminé à faire en sorte que cela fonctionne, car il s'agit clairement de notre volonté et de notre intérêt commun".
Le projet pilote fait partie d'un effort plus large visant à reconstruire les relations franco-britanniques après des années de liens tendus après le Brexit.
Les défis potentiels comprennent la mesure dans laquelle le Royaume-Uni est prêt à investir dans la police des petits bateaux, les éventuels défis juridiques en France et l'opposition d'autres nations européennes.
Les discussions sur l'arrêt de la migration irrégulière à travers la Manche remontent à plusieurs décennies. Au début des années 2000, les efforts se sont concentrés sur la prévention de l'entrée au Royaume-Uni de passagers clandestins à bord de véhicules empruntant le tunnel sous la Manche. Récemment, les passeurs se sont de plus en plus tournés vers les voies maritimes.
"On retrouve ce schéma à plusieurs reprises : les bandes de passeurs et les migrants tentent de trouver de nouveaux moyens de passer de la France au Royaume-Uni", explique Mihnea Cuibus, chercheur à l'Observatoire des migrations de l'Université d'Oxford.
"Les autorités prennent des mesures répressives et, petit à petit, les migrants et les gangs tentent de s'adapter à cette situation. Cela devient un peu le jeu du chat et de la souris".
Le projet controversé du précédent gouvernement conservateur d'expulser les demandeurs d'asile vers le Rwanda a été abandonné par Keir Starmer peu après son entrée en fonction en juillet 2024.