La Cour constitutionnelle du Kosovo doit clarifier le mode de scrutin pour l'élection du président du Parlement d'ici vendredi prochain, après de nombreuses tentatives infructueuses et une impasse politique persistante.
La Cour constitutionnelle du Kosovo a jusqu'à vendredi 8 août pour clarifier le processus d'élection du président de l'Assemblée nationale, après des dizaines de tentatives infructueuses pour élire ses dirigeants.
Avec ce dernier recours auprès de la plus haute instance judiciaire du pays, le Kosovo espère sortir d'une crise politique qui paralyse le travail du Parlement depuis les dernières élections législatives, il y a six mois.
Une crise politique persistante
Le parti de gauche Vetëvendosje ("Autodétermination") du Premier ministre Albin Kurti a remporté 48 sièges lors des élections de février, échouant ainsi à décrocher la majorité nécessaire au sein du Parlement, qui compte 120 membres.
Plusieurs votes consécutifs se sont soldés par des échecs depuis la session constitutive du 15 avril, les partis d'opposition bloquant le scrutin, tandis que le Premier ministre sortant et son parti cherchent toujours à éviter de nouvelles élections.
"Nous ne sommes pas favorables à de nouvelles élections", a déclaré à Euronews Saranda Bogujevci, la vice-présidente de l'Assemblée et membre du parti Autodétermination.
"Bien sûr, si la décision est prise d'organiser de nouvelles élections, nous la respecterons et nous irons de l'avant, si la Cour constitutionnelle considère que c'est la seule option pour sortir de cette situation".
Différends à propos de l'élection du président de l'Assemblée
La procédure d'élection du président de l'Assemblée est au cœur de la crise politique actuelle : Autodétermination propose un vote à bulletin secret alors que les partis d'opposition demandent une élection publique, comme l'exige la Constitution.
Le Parti démocratique du Kosovo (PDK) de droite, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK) de centre-droit et le président Vjosa Osmani ont tous adressé séparément une requête à la Cour constitutionnelle pour obtenir des éclaircissements, après qu'une décision précédente du 26 juin n'a pas réussi à résoudre définitivement l'impasse.
Selon Daut Haradinaj, député de l'Alliance pour l'avenir du Kosovo (AAK) de l'ancien Premier ministre Ramush Haradinaj, la candidature de la ministre de la Justice Albulena Haxhiu à la présidence de l'assemblée est une autre question clé dans l'impasse persistante entre Albin Kurti et l'opposition.
Le parti du Premier ministre a proposé un vote à bulletin secret pour tenter de persuader certains députés de l'opposition de voter pour leur candidat sans s'attirer la colère de leurs chefs de parti.
Cependant, les partis d'opposition ont rejeté cette proposition, la jugeant anticonstitutionnelle, et la Cour constitutionnelle est alors entrée en scène comme arbitre potentiel.
La Cour constitutionnelle pourrait ordonner la tenue de nouvelles élections d'ici l'automne
Les députés de l'opposition ne sont pas convaincus que l'impasse puisse être résolue sans élections anticipées.
"La seule demande était que le vote soit public et que le candidat au poste de président de l'assemblée soit changé. Je peux voir que nous nous dirigerons bientôt vers de nouvelles élections", déclare Daut Haradinaj.
"Les institutions du Kosovo sont prises en otage par l'entêtement d'Albin Kurti. Nous avons proposé des compromis, mais malheureusement, le chef du parti au pouvoir rejette l'idée d'une coopération", affirme par ailleurs Vlora Çitaku, élue de la LDK.
"Le Kosovo et son avenir sont bien plus importants que les carrières d'Albin Kurti et d'Albulena Haxhiu", estime-t-elle.
De leur côté, les députés d'Autodétermination estiment qu'une décision de la Cour constitutionnelle de 2014 a créé un précédent juridique accordant au parti qui remporte les élections le droit exclusif de proposer et d'élire le président de l'Assemblée.