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Accord militaire entre le Kosovo, l'Albanie et la Croatie : quel impact dans les Balkans ?

Des soldats slovènes servant dans la mission de maintien de la paix dirigée par l'OTAN au Kosovo (KFOR) participent à un exercice militaire conjoint avec les forces de sécurité du Kosovo, la police du Kosovo et l'UE.
Des soldats slovènes servant dans la mission de maintien de la paix dirigée par l'OTAN au Kosovo (KFOR) participent à un exercice militaire conjoint avec les forces de sécurité du Kosovo, la police du Kosovo et l'UE. Tous droits réservés  AP Photo/Visar Kryeziu
Tous droits réservés AP Photo/Visar Kryeziu
Par Sergio Cantone
Publié le
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Le pacte de défense signé par l'Albanie, la Croatie et le Kosovo vise à renforcer la stabilité de l'Europe du Sud-Est. Cette alliance a suscité la colère de la Serbie.

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Alors que les États-Unis semblent de moins en moins enclin à soutenir la sécurité de l'Europe et que les pays de l'UE augmentent leurs dépenses de défense, trois pays du sud-est de l'Europe ont signé un accord militaire qui, selon eux, renforcera la stabilité régionale.

Les ministres de la défense de l'Albanie, du Kosovo et de la Croatie se sont réunis la semaine dernière à Tirana pour signer une déclaration commune de coopération visant à renforcer les capacités de défense, à faire progresser la technologie militaire et à améliorer l'interopérabilité régionale par le biais de formations et d'exercices communs.

La Serbie condamne "une course aux armements"

Cette nouvelle alliance a suscité des critiques en Serbie, qui ne reconnaît pas le Kosovo comme un État indépendant. Selon le président serbe Aleksandar Vučić, en signant un accord militaire avec le Kosovo, l'Albanie et la Croatie - deux pays membres de l'OTAN - alimenteraient une "course aux armements" dans la région.

"C'est une situation difficile pour nous, mais nous avons compris leur message. Et nous protégerons notre pays, nous les dissuaderons et nous le défendrons toujours avec succès contre tout agresseur potentiel, même ce puissant agresseur", a déclaré le président serbe mercredi.

Selon les médias serbes, Aleksandar Vučić et son allié le Premier ministre hongrois Viktor Orbán ont par ailleurs échangé au sujet d'un accord militaire bilatéral similaire entre les deux nations.

Répondant sur X aux critiques d'Aleksandar Vučić, le ministre croate de la Défense Ivan Anušić a rappelé la souveraineté du pouvoir kosovar : "Le temps est passé où nous avons demandé à Belgrade ce que nous allions faire ", a t-il écrit. "L'Albanie est notre alliée au sein de l'OTAN et le Kosovo est un pays ami que nous avons reconnu. "D'autres pays se joindront à l'initiative".

Le récent rapprochement du président américain Donald Trump avec la Russie, les menaces adressées aux membres de l'OTAN en matière de dépenses et les avertissements des États-Unis selon lesquels la sécurité européenne ne peut plus être l'objectif principal de Washington ont propulsé la question de la défense sur le devant de la scène à travers le continent.

Alors que la menace d'un désengagement des États-Unis pour protéger l'Europe se profile, l'accord entre le Kosovo, l'Albanie et la Croatie renforcera t-il réellement les capacités de défense et la stabilité militaire dans le sud-est de l'Europe ? Ce rapprochement risque t-il au contraire de raviver les tensions déjà existantes dans la région ?

Un pas de plus vers l'OTAN pour le Kosovo ?

Selon Mimoza Ahmetaj, ancienne ministre kosovare de l'intégration européenne, l'accord trilatéral permettra à Kosovo de faire un pas de plus vers une adhésion à l'OTAN.

"Il signifie que deux pays de l'OTAN (l'Albanie et la Croatie) rejoindront le Kosovo dans des exercices militaires et contribueront à soutenir le Kosovo sur la voie de l'adhésion à l'OTAN. Ils soutiendront le Kosovo pour contrer les cyberattaques potentielles et les offensives de guerre hybride ", a-t-elle déclaré.

Depuis 1999, la force internationale de maintien de la paix, la KFOR, et la mission "État de droit" de l'Union européenne au Kosovo (EULEX) servent de forces militaires de protection et de soutien à la police et au système judiciaire du pays, dans le cadre d'un mandat des Nations unies.

Pristina envisage de transformer sa force de sécurité du Kosovo (KSF), militairement peu développée, en une armée d'ici à 2028.

Le développement des forces de sécurité du Kosovo est fortement contesté par Belgrade, car les politiciens serbes affirment qu'il pourrait être utilisé pour attiser le conflit avec les Serbes ethniques restés au Kosovo, en particulier dans le nord de la province.

Selon Nikola Lunić, directeur exécutif du groupe de réflexion Council for Strategic Policy, basé à Belgrade, la portée de l'accord entre l'Albanie, le Kosovo et la Croatie ne peut être que symbolique : "Il s'agit d'un document vide. Il devra être approuvé par l'OTAN, puisque la Croatie et l'Albanie sont membres de l'alliance, ainsi que par l'OSCE (l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), qui est en charge du contrôle des armes dans la région. Il en va de même pour tout mémorandum qui pourrait être signé entre la Serbie et la Hongrie." rappelle t-il.

La Serbie et la Croatie déjà liées par un accord de coopération militaire

La Croatie est le plus puissant des trois pays signataires de l'accord, et le seul à être membre à la fois de l'OTAN et de l'UE.

Bien que l'industrie militaire croate soit modeste par rapport aux poids lourds de l'UE, elle reste vitale dans le sud-est de l'Europe, selon Igor Tabak, expert croate en matière de défense et de sécurité et fondateur du site web Obris.

"Si le Kosovo, quelque part dans l'avenir, commence à mettre en place une armée, (la Croatie) aimerait y avoir un pied. En effet, la Croatie envisage de moderniser son industrie de la défense dans le cadre du projet ReArm de l'UE. Par conséquent, si nous parvenons à mettre en place une production supplémentaire, nous aurons besoin de nouveaux marchés", a-t-il ajouté.

Au début du mois, la Commission européenne a annoncé le plan ReArm Europe, rebaptisé depuis Readiness 2030, qui vise à mobiliser jusqu'à 800 milliards d'euros pour les investissements dans la défense.

Avant même l'invasion massive de l'Ukraine par la Russie au début de l'année 2022, la Serbie et la Croatie ont acquis de nouveaux systèmes d'armement. Les deux pays, autrefois en guerre lors de l'éclatement de la Yougoslavie dans les années 1990, ont signé un accord de coopération militaire en 2010. "Malgré les tensions latentes dans les relations entre Belgrade et Zagreb, cet accord est toujours valable. Les traités sous-régionaux de contrôle des armements sont l'un des rares régimes encore appliqués dans la région." conclue-t-il.

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