Des venins pour traiter les allergies, le diabète et l'obésité

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Par Euronews
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Dans le sud de la Belgique, nous nous sommes rendus dans un laboratoire bien peu commun : les animaux qui s’y trouvent sont extrêmement venimeux

Dans le sud de la Belgique, nous nous sommes rendus dans un laboratoire bien peu commun : les animaux qui s’y trouvent sont extrêmement venimeux. Dans cette édition, nous allons voir que leur venin pourtant mortel pour nous pourrait contribuer à traiter le diabète, les maladies cardio-vasculaires, les allergies et l’obésité.

Le directeur de ce laboratoire Alpha biotoxine, Rudy Fourmy, nous présente l’un des spécimens sur lequel il effectue un prélèvement de venin : un héloderme, un lézard d’Amérique centrale qui est venimeux. “Le venin d’une espèce voisine de celle-ci a déjà été utilisée dans l‘élaboration d’un remède contre le diabète,” précise-t-il.

Cet élevage regroupe environ 200 espèces particulièrement venimeuses. Des animaux élevés avec soin pour les besoins d’un projet de recherche européen ambitieux baptisé Venomics.

Détourner l’effet délétère

“Jusqu‘à maintenant, ces venins étaient plutôt étudiés pour trouver des antidotes, fait remarquer notre reporter Julián López Gómez, apparemment, les choses sont en train de changer.” Rudy Fourmy le reconnaît effectivement : “Aujourd’hui, on utilise davantage les venins dans le cadre de la recherche fondamentale, dit-il, pour trouver dans ces venins, des substances dont on pourrait détourner l’effet délétère à des fins thérapeutiques.”

Fearless #Futuris crew report on how venomous species could help treat #diabetes or #allergies. Soon on euronews</a> <a href="https://t.co/dTLu0zCuO2">pic.twitter.com/dTLu0zCuO2</a></p>— euronews knowledge (euronewsknwldge) 6 Janvier 2016

A l’Université de Liège, nous découvrons les travaux de Loïc Quinton, chimiste, qui s’inscrivent aussi dans ce projet Venomics. Il nous montre un serpent sud-américain de la famille des vipères : “Son venin est très actif et on va regarder dans la multitude de composés qui le constitue quels sont les plus intéressants pour en faire de potentiels médicaments,” indique-t-il.

Ce projet – le plus grand au monde sur la valorisation des venins animaux – vise à établir une base de données sur les toxines parfois inconnues qu’ils renferment. Déjà plus de 4000 ont été identifiées grâce à la spectrométrie de masse et à d’autres techniques avancées. Loïc Quinton nous montre ainsi “une représentation graphique de la composition moléculaire de l‘échantillon qu’on analyse où l’on voit différents pics qui sont classifiés en fonction de leur masse et chaque pic correspond à une toxine,” précise le chercheur.

Synthétiser les toxines

Dans une autre unité en région parisienne, au centre de Saclay du CEA, on travaille sur l‘étape suivante : les toxines qui ont été identifiées sont produites selon des processus biologiques et synthétiques extrêmement complexes. “Lorsque la synthèse se termine, indique Gilles Mourier, chimiste, on obtient une résine qui est ensuite traitée de manière à obtenir un brut de synthèse. Ce brut de synthèse, ajoute-t-il, sera ensuite façonné pour obtenir la toxine qui sera finalement testée.”

El proyecto Venomics concluye con la creación de la mayor base de datos sobre toxinas … http://t.co/gUYhTltkHtpic.twitter.com/L9aHxy9BuZ

— IM Médico Hosp. (@IMMedicoHosp) 19 Octobre 2015

Les toxines déjà synthétisées ont été testées sur des cibles moléculaires préalablement sélectionnées. Les résultats sont prometteurs d’après les chercheurs. Ce qui peut ouvrir la voie à l‘élaboration de nouveaux médicaments à partir de venins, nous confirme le coordinateur du projet Venomics, le pharmacologue Nicolas Gilles : “On a choisi, souligne-t-il, des récepteurs qui sont impliqués dans l’allergie, le diabète et l’obésité qui sont des domaines où il y a un manque évident de médicaments.”

Des débouchés dans une dizaine d’années

Quant à l’agenda de ces études, Nicolas Gilles nous précise : “Approximativement, la période de découverte et de caractérisation dure deux-trois ans et ensuite, pour le développement thérapeutique, il faut compter entre dix et quinze ans avant une entrée sur le marché.”

Le projet est porteur d’espoir en termes d’avancées thérapeutiques. Il pourrait aussi nous inciter à changer de regard sur ces espèces animales bien souvent dénigrées. “La plupart de ces animaux sont aujourd’hui menacés par la chasse et la destruction de leur milieu naturel, souligne Rudy Fourmy. Donc, si ces animaux peuvent être utilisés par l‘être humain, peut-être songera-t-on davantage à leur sécurité pour notre avenir,” conclut-il.

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