Qu'est-ce que la "maladie X" et comment le monde s'y prépare-t-il ?

Un agent de santé revêt un équipement de protection individuelle (EPI) avant de s'occuper de patients atteints du virus COVID-19 dans un hôpital de la République tchèque.
Un agent de santé revêt un équipement de protection individuelle (EPI) avant de s'occuper de patients atteints du virus COVID-19 dans un hôpital de la République tchèque. Tous droits réservés AP Photo/Petr David Josek
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Par Euronews
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Cet article a été initialement publié en anglais

Bien que la "maladie X" puisse ressembler à un "film de science-fiction", un expert a déclaré qu'il s'agit d'une chose à laquelle nous devons tous nous préparer. Mais qu'est-ce que c'est vraiment ?

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Certains utilisateurs de médias sociaux ont affirmé à tort cette semaine que la "maladie X" était un virus qui pourrait être délibérément inoculé ou qui se propage déjà dans le monde.

Ces affirmations sont inexactes mais ce terme a été discuté par un groupe d'experts lors de la réunion du Forum économique mondial de Davos en 2024.

Bien que la "maladie X" soit plutôt un scénario hypothétique visant à préparer la prochaine pandémie, les experts qui ont débattu de ce concept ont déclaré qu'il devait être pris au sérieux.

Qu'est-ce que la "maladie X" ?

La "maladie X" est le nom que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a donné à un futur agent pathogène inconnu susceptible de déclencher une grave épidémie mondiale.

Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a annoncé, lors d'un groupe d'experts à Davos : "il y a des choses inconnues, qui peuvent arriver, et tout ce qui arrive est une question de quand, et non de si".

"Nous avons donc besoin d'un substitut pour cela, pour les maladies que nous ne connaissons pas et qui pourraient arriver, et c'est pourquoi nous avons donné le nom de 'Maladie X'", a-t-il expliqué, indiquant que le concept a été discuté pour la première fois en 2017 et qu'il a récemment attiré "l'attention" en ligne.

L'agence des Nations unies l'a ajoutée à une liste de maladies prioritaires nécessitant une accélération de la recherche et du développement en raison de leur potentiel à provoquer une urgence de santé publique, en 2018.

Pour Tedros Adhanom Ghebreyesus, le COVID-19 est la première "maladie X", c'est-à-dire le premier agent pathogène inconnu depuis que ce terme a été inventé, qui est apparu et a provoqué une pandémie.

Il a précisé que l'objectif n'était pas de créer la panique, mais plutôt de mieux se préparer à l'éventualité de nouvelles maladies émergentes.

Preetha Reddy, vice-présidente d'un groupe privé de soins de santé en Inde, a affirmé à la même table ronde de Davos, que si le nom "maladie X" "ressemble à un film de science-fiction, tout le monde doit en être conscient car "il s'agit d'un danger clair et présent".

Preetha Reddy a ajouté que, tout comme les armées se préparent à la guerre, les systèmes de santé doivent également se préparer.

Comment les pays doivent-ils se préparer à la "maladie X" ?

Selon le directeur général de l'OMS, la préparation doit commencer par des soins de santé primaires solides et des préparatifs au niveau communautaire.

"Les pays à revenu élevé ont été surpris parce que les investissements qu'ils ont réalisés au cours des dernières décennies ont porté sur la haute technologie, la technologie de pointe dans les services tertiaires, voire la chirurgie robotique, mais ils n'ont pas investi dans les soins de santé primaires", confie-t-il.

"Même certains pays n'étaient pas en mesure de procéder à la recherche des contacts. Pour préparer les pays, je pense donc qu'il est très important de renouveler l'engagement à renforcer les soins de santé primaires", ajoute-t-il. 

L'OMS, la Banque mondiale et d'autres partenaires ont mis en place un fonds de lutte contre les pandémies en 2022 pour aider les pays à revenu faible ou intermédiaire à se préparer aux nouveaux agents pathogènes.

"Le COVID-19 a mis en évidence le besoin urgent d'agir pour renforcer les systèmes de santé", a affirmé le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass, dans un communiqué publié cette année-là. "Investir maintenant permettra de sauver des vies et d'économiser des ressources pour les années à venir".

Les pays sont également en train de négocier un traité international sur les pandémies, dont le résultat devrait être soumis à la 77e Assemblée mondiale de la santé en mai 2024.

Le Conseil de l'UE a accepté que l'Union entame les négociations pour ce traité en 2022, ajoutant que ce type d'instrument contribuerait à une meilleure détection précoce des menaces, à un accès plus équitable aux médicaments et aux vaccins, ainsi qu'à une meilleure coopération internationale.

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Résoudre les problèmes soulevés par la conférence COVID-19

L'un des moyens utilisés par les experts pour se préparer aux futurs agents pathogènes inconnus consiste à déterminer ce qui aurait pu être amélioré lors de la dernière pandémie.

Michel Demaré, président du conseil d'administration de la société pharmaceutique "AstraZeneca", à l'origine de l'un des premiers vaccins COVID-19, a assuré que l'on mettait désormais davantage l'accent sur "la durabilité et la résistance des systèmes de santé".

"Nous avons vu que les systèmes de santé n'étaient pas préparés pour la dernière fois, non seulement pour faire face au nombre de cas de COVID, mais aussi aux diagnostics de cancer et à d'autres problèmes de santé simultanés, souligne-t-il. 

Michel Demaré a recommandé aux pays de considérer la santé comme un atout stratégique, au même titre que l'énergie, de rendre les dépenses de santé plus "intelligentes", en se concentrant par exemple sur les efforts de prévention, et de miser sur la technologie, la gestion des données et l'intelligence artificielle (IA).

Les experts ont également souligné que l'un des grands problèmes de la crise du COVID-19 était les inégalités mondiales.

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"Les pays à revenu élevé accumulaient les vaccins et les pays à faible revenu n'en recevaient pas", a mis n'en évidence Tedros Adhanom Ghebreyesus.

"L'accès était un problème, et pour résoudre ce problème d'équité, nous avons créé le centre de transfert de technologie de l'ARNm en Afrique du Sud afin d'augmenter la production locale", précise-t-il. Il s'agit de renforcer les capacités des pays à revenu faible ou intermédiaire à produire des vaccins à ARNm.

La surveillance et le partage des données à travers le monde sont également des initiatives importantes pour les pays, même si le COVID-19 n'est plus une urgence mondiale.

"Nous sommes aussi forts que le maillon le plus faible", confie Tedros Adhanom Ghebreyesus, ajoutant que la préparation doit se faire au niveau national, mais aussi inclure des investissements dans des initiatives mondiales.

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