72 millions de migrants forcés dans le monde

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Par Euronews
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Plus de 72 millions de personnes ont été déplacées de force dans le monde selon le “World disasters report“ publié mardi par la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge. Les conflits armés, les catastrophes naturelles, les crises politiques et même les grands projets de développement sont les causes principales de cette migration forcée qui touche notamment les populations originaires du Pakistan, du Mali, de Birmanie, et bien sûr aussi de Syrie. Plus de 300 000 Syriens ont déjà fui les combats mais l’ONU craint qu’ils soient au moins deux fois plus nombreux d’ici la fin de l’année.

Les réfugiés sont de plus en plus vulnérables; ils voyagent dangereusement et vivent le plus souvent dans des conditions sanitaires désastreuses. Plus inquiétant, le rapport estime à 20 millions le nombre de personnes dans le monde vivant dans une situation de déplacement prolongé, avec peu de solutions en vue. C’est le cas notamment des réfugiés birmans de l’ethnie Kachin. Ils se sont réfugiés en Chine qui, après les avoir accueillis, cherche maintenant à les renvoyer chez eux, où la situation n’est pas pacifiée.

La réticence grandissante des milieux politiques à l‘égard des réfugiés est justement l’un des points majeurs soulevés par le rapport. Le document appelle les gouvernements à adopter de nouvelles politiques et stratégies pour empêcher que les migrants forcés ne soient perçus comme les parias de la société.

Interview de Roger Zetter, l’un des auteurs du « World Disasters Report »

Chris Cummins, Euronews : Cette anneé, le rapport se concentre sur les populations qui ont dû quitter leurs foyers à cause d’un conflit ou d’une catastrophe naturelle. Pourquoi la Fédération internationale de la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge ont ils choisi de mettre l’accent sur cette problématique en particulier?

Roger Zetter, auteur du World Disasters Report : Car 73 millions de personnes ont été déplacées par des conflits, des catastrophes naturelles ou des processus de développement. C’est un chiffre important qu’il faut mettre en évidence. Parallèlement, il y a des problèmes de vulnérabilité et des besoins de protection toujours plus importants sans oublier la complexité croissante de la migration forcée.

Euronews : Dans votre rapport, vous évoquez la réticence grandissante des politiques vis-à-vis de la migration forcée, alors que 164 gouvernements ont signé une résolution pour veiller à ce que les migrants - peu importe leur statut juridique – soient traités avec respect et dignité. Clairement, ces résolutions sont ignorées. Pourquoi?

Roger Zetter : Les préoccupations mondiales sur la sécurité et la crise économique ont rendu les choses difficiles pour les dirigeants politiques. Ces préoccupations font qu’ils sont plus réticents vis-à-vis de la migration forcée et des réfugiés en particulier.

Euronews : Toutes ces personnes vulnérables sont donc dans une impasse en quelque sorte. Elles se retrouvent face à des communautés d’accueil hostiles qui se sentent menacées, et des gouvernements fragiles qui n’ont tout simplement pas les ressources nécessaires pour gérer cet afflux de population. Quelles actions peuvent être prises pour changer les attitudes envers les populations déplacées?

Roger Zetter : La réalité, c’est que les réfugiés consomment des ressources, ils ont besoin de matériaux de constructions pour leurs maisons, de nourriture et d’autres biens de consommation. Ce sont des besoins de base mais qui peuvent stimuler une économie locale. Les agriculteurs peuvent produire davantage de denrées alimentaires et les promoteurs locaux construire davantage, et notamment des abris pour les réfugiés.

Euronews : Il y a ce conflit terrible en Syrie, mais évoquons également la région du Sahel où la situation s’aggrave de jour en jour : la violence, la famine, et la sécheresse mettent les dizaines de milliers de migrants forcés dans des situations extrêmement difficiles. Comment la communauté internationale réagit-elle à cette catastrophe, selon vous?

Roger Zetter : Elle a en effet réagi lentement, pour plusieurs raisons. D’un point de vue de la politique internationale, j’ai l’impression que le problème que vous évoquez n’est pas si urgent, comparé aux déplacements à grande échelle en cours actuellement au Moyen-Orient. Au niveau international, je pense que ça n’a pas le même impact.

Euronews : Mais des gens continuent de mourir… Allons plus proche de chez nous maintenant. Partout en Europe, les gouvernements pratiquent des coupes bugdétaires et ce sont les plus précaires qui souffrent le plus.
Les difficultés financières entravent-t-elle également les capacités d’interventions d’ONG comme la Croix-Rouge dans les zones difficiles?

Roger Zetter : Je pense que la réponse doit être oui sur un plan général, pas seulement pour la Croix-Rouge. Ça concerne l’ensemble du secteur humanitaire, qui soit s’adapter à cette ère d’austérité. Les organisations sont elles-mêmes confrontées à des budgets stables ou réduits. La Fédération nationale des sociétés promeut des politiques pour renforcer la résilience des communautés victimes de conflits, de famines ou de catastrophes. L’accent doit être mis davantage sur la préparation des communautés de sorte que, quand elles sont frappées par des catastrophes, elles soient moins vulnérables à la migration forcée.

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