Ursula von der Leyen : "d'ici 2020, 30% des places dans les conseils de surveillance devraient être occupés par des femmes"

Ursula von der Leyen : "d'ici 2020, 30% des places dans les conseils de surveillance devraient être occupés par des femmes"
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Par Euronews
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L’actuelle ministre allemande du Travail, Ursula von der Leyen, est considérée comme la principale rivale d’Angela Merkel au sein de son propre parti, la CDU. Cette femme de caractère est connue pour ses opinions progressistes sur les questions sociales.
Alors que la campagne pour les législatives de septembre bat son plein, Ursula von der Leyen fait la promotion des conservateurs et de la réussite du gouvernement.

Kirsten Ripper, euronews :
« Madame von der Leyen, vous êtes la ministre du travail d’un pays avec un taux de chômage qui est si bas que beaucoup en Europe vous envient pour cela. Surtout le chômage des jeunes qui est inférieur à 8% est le plus bas de l’Union européenne. Conseillez-vous aux jeunes des pays en crise de venir en Allemagne ? »

Ursula von der Leyen, ministre allemande du Travail et des Affaires sociales :
« Je conseille de regarder en Europe où sont les emplois. Dans le nord de l’Europe, l’Allemagne, mais aussi l’Autriche et les Pays-bas ont des emplois à offrir : un million en Allemagne où 33.000 postes d’apprentissage ne sont pas occupés en ce moment.
Et si dans d’autres parties de l’Europe, des jeunes gens cherchent maintenant du travail, c’est une réponse, mais ce n’est pas la seule. Nous devons faire d’autres pas dans le Sud de l’Europe pour créer une initiative pour l’emploi, mais nous devons aussi nous servir de la liberté de mouvement (la mobilité) du marché européen. C’est une grande valeur pour laquelle nous nous sommes battus pendant longtemps. Cela devrait être offert aux jeunes surtout maintenant. »

Kirsten Ripper, euronews :
« Vous êtes beaucoup critiquée, que répondez vous à ceux qui disent que l’Allemagne vole les cerveaux des pays en crise ? »

Ursula von der Leyen, ministre allemande du Travail et des Affaires sociales :
« Je crois que dans une situation où 6 millions de jeunes cherchent désespérément du travail ou une formation, il faut donner plusieurs réponses pour qu’ils obtiennent une perspective. Et s’il y a des emplois, c’est bien parce qu’ils peuvent apprendre un métier et obtenir des compétences. Un jour, ils retourneront dans leur pays ou ils iront dans un autre pays de l’Union européenne. Je préfère que ces jeunes gens obtiennent un travail en Europe plutôt que de les voir quitter l’Europe et pour d’autres continents. »

Kirsten Ripper, euronews :
« Ces derniers mois, il y a eu beaucoup de reportages sur la pauvreté en Allemagne – et plus particulièrement les travailleurs pauvres. Êtes-vous pour un salaire minimum en Allemagne ? Et êtes-vous pour une augmentation des minima-sociaux ? »

Ursula von der Leyen, ministre allemande du Travail et des Affaires sociales :
« D’abord sur le salaire minimum. Nous avons en Allemagne 12 secteurs avec des salaires minimum et ce sont de bonnes expériences.
Traditionnellement, en Allemagne, ce sont les partenaires sociaux – syndicats et employeurs – qui négocient les accords salariaux. Il y en a 65.000 en vigueur en Allemagne. Les partenaires sociaux ont les connaissances pour trouver le bon équilibre d’un salaire minimum qui assure un travail équitable et ne détruit pas l’emploi. »

Kirsten Ripper, euronews :
« Et les bénéfices sociaux ? Et la loi Hartz IV ? »

Ursula von der Leyen, ministre allemande du Travail et des Affaires sociales :
« Hartz IV permet aux travailleurs en Allemagne qui sont au chômage ou dans le besoin d’avoir un minimum existentiel assuré.
Mais la deuxième étape est la plus importante. C’est de faire des offres pour que ces gens puissent travailler et sortir du système Harzt IV, pour qu’ils puissent gagner leur propre salaire, ce qui est de plus en plus possible vu la bonne santé économique de l’Allemagne. Le nombre de chômeurs a baissé clairement. Ce ne serait pas intelligent d’augmenter Hartz IV car on enlèverait cette envie de gagner sa vie par ses propres moyens sur le marché du travail. »

Kirsten Ripper, euronews :
« Vous vous engagez beaucoup pour les femmes en Allemagne. Comment voyez-vous l’avenir du quota féminin pour les hautes fonctions de dirigeants ? »

Ursula von der Leyen, ministre allemande du Travail et des Affaires sociales :
Aujourd’hui nous disons que le moment est venu pour les femmes de ne pas seulement travailler dans des emplois de base, mais aussi d‘être à la tête.
C’est ce que l’on entend par « quota de femmes » dans les grandes entreprises. On peut voir qu’en Allemagne les moyennes entreprises respectent depuis longtemps ces quotas, que 30 pour cent des femmes sont à des postes de direction. En revanche dans les grandes entreprises, les femmes se font plus rares dans les conseils de surveillance et les directoires. Et nous discutons de cela, le mouvement doit aller plus vite. Je crois que l’industrie comprend mieux quand on pose des agendas.
Je crois que d’ici 2020, 30% des places dans les conseils de surveillance devraient être occupés par des femmes.
Des études récentes montrent que les entreprises ont de meilleurs résultats quand des hommes et des femmes sont à des postes de direction. Non pas parce que les femmes sont meilleures, mais parce qu’elles réagissent différemment et qu’elles anticipent mieux les risques ainsi que les opportunités. C’est pourquoi ce programme doit être appliqué en Allemagne. »

Kirsten Ripper, euronews :
« Et une question plus personnelle que je dois vous poser de la part d’une collègue espagnole. Vous avez sept enfants et vous vous occupez de votre père malade (il souffre d’Alzheimer). Comment réussissez-vous à concilier travail, carrière et famille?

Ursula von der Leyen, ministre allemande du Travail et des Affaires sociales :
« D’abord, il n’y a pas eu sept enfants dès le début, mais il y a eu un long chemin dans ma vie avec des enfants à charge quand j‘étais jeune médecin. J’ai vêcu ce que vivent tous les jeunes couples.
La difficulté de trouver une garde d’enfant, de devoir négocier avec son employeur des horaires de travail flexibles. C’est ce qu’il y a de plus important au début.
Deuxièmement, mon mari, en tant que père a réclamé d’avoir le droit de passer du temps avec ses enfants. Et je pense que les mères doivent également réclamer ce droit.
Et j’espère qu’un jour, ce ne sera pas aux femmes que l’on demandera comment elles arrivent à concilier travail et famille, mais que les jeunes couples, les pères et les mères auront les moyens de s’atteler correctement à cette tâche (élever ses enfants).
Le mieux que l’on puisse faire en Europe c’est de dire OUI aux enfants. »

Kirsten Ripper, euronews :
« Et le problème du taux de natalité en Allemagne ? »

Ursula von der Leyen, ministre allemande du Travail et des Affaires sociales :
« Si l’on compare avec les autres pays industrialisés on voit que dans les pays qui un niveau élevé d‘éducation –et dieu merci c’est le cas en Allemagne– la natalité augmente quand il est possible de concilier travail et famille pour les parents.
On est alors plus enclin à avoir un deuxième voire un troisième enfant.
C’est pourquoi en Allemagne où il a longtemps été compliqué de concilier travail et famille, les récents changements ces dernières année ont redonné du souffle. On peut voir que la chute continue du taux de natalité a cessé, mais il faudra un long travail sur la démographie pour obtenir une inversion de la courbe. »

Kirsten Ripper, euronews :
« Vous êtes une femme forte aux côtés de la chancelière. Un femme ferme qui a une vision. Le journaliste Nikolaus Blome surnomme Angela Merkel « la spécialiste de l’hésitation ». Seriez-vous une meilleure chancelière ?

6.50
Ursula von der Leyen, ministre allemande du Travail et des Affaires sociales :
« Pas du tout. Je pense que chaque génération a son chancelier ou sa chancelière. Ma génération est déjà bien représentée. Angela Merkel est la chancelière de ce pays. Et je pense que si vous observez la manière exemplaire dont elle a conduit le pays en ce temps difficiles, avec la crise économique et la crise de l’euro, alors on peut voir la chance que l’on a d’avoir à notre tête quelqu’un de confiance et qui a mis en place un politique durable. »

Kirsten Ripper, euronews :
« Et vous n’avez pas de problème à faire campagne aussi intensivement pour la CDU ? »

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Ursula von der Leyen, ministre allemande du Travail et des Affaires sociales :
« Au contraire, c’est mon parti. Et je trouve que nous avons de opinions pour lesquelles il faut se battre et c’est pourquoi je suis aussi engagée. »

Kirsten Ripper, euronews :
Et vous défendez vraiment le droit à l’adoption pour les couples de même sexe?

Ursula von der Leyen, ministre allemande du Travail et des Affaires sociales :
« Il y aura un débat sur la question vraisemblablement à l’automne. Pour le moment il y a d’autres sujets plus importants. »

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