Willis, le chat tunisien qui sort ses griffes

Willis, le chat tunisien qui sort ses griffes
Par Joël Chatreau
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Quelque soit l’actualité, Plantu ( Jean Plantureux ) est toujours à la une ! Il signe chaque jour un dessin sur la une du journal Le Monde depuis 1985, et a fêté le 1er octobre dernier ses 41 ans de collaboration au prestigieux quotidien.
Plantu a vu son premier rêve de paix se réaliser en 1992 lorsque l’Israélien Shimon Peres et le Palestinien Yasser Arafat ont accepté d’apposer leur signature sur le même dessin. Un an plus tard, les accords d’Oslo étaient signés. Le dessinateur a pris goût à ce mot “paix”, et le 16 octobre 2006 à New York, Kofi Annan, alors secrétaire général de l’ONU, a accepté de devenir le président d’honneur de l’association Cartooning for Peace, créée par Plantu.

Le fondateur de Dessins pour la Paix ( en français ) prend régulièrement sa valise et ses crayons pour aller soutenir des dessinateurs et caricaturistes du monde entier censurés, menacés ou réprimés par les régimes autoritaires de tous poils. Plantu rentre de Tunis où il a organisé une rencontre avec plusieurs dessinateurs du Maghreb. Dans l’interview qu’il a accordé à Euronews, Plantu confie : « Le Maghreb devrait interpeller davantage l’Europe que je considère comme endormie ».

« Cartooning for Peace permet de faire comprendre que le dessinateur est là pour faire vivre la liberté d'opinion »

C’est l’histoire de Nadia et de Willis. Nadia vit à Tunis avec son chat Willis. Nadia dessine, peint, elle est enseignante aux Beaux-Arts. Willis mène sa vie de chat, s’intéresse au travail de Nadia mais n’intervient pas. Et puis un jour, le 13 janvier 2011 exactement, le président tunisien Ben Ali prononce un discours en promettant que la liberté d’expression sera maintenant possible dans le pays. Mon oeil !!! La révolution souffle fort à sa porte, le 14, Ben Ali prendra ses jambes à son cou…

Révoltée par le discours, Nadia se met dans la peau de Willis et sort ses griffes ! Elle “balance” son premier dessin sur internet, elle fera parler son chat à chaque fois que cela sera nécessaire, au nom de la liberté d’expression emprisonnée par Ben Ali pendant plus de 22 ans. Willis from Tunis est né. Sur les réseaux sociaux, il deviendra indispensable aux Tunisiens pour relâcher la pression tout au long de la révolution. Désormais, Willis from Tunis est plus connu des internautes du monde entier que sa maîtresse, qui s’appelle Nadia Khiari. Pourtant, c’est elle qui a un joli coup de patte !

Plantu : « Willis from Tunis est le symbole de cette société civile qui ne se laisse pas faire ! »

Nadia Khiari, alias Willis from Tunis, donne à Euronews ses impressions sur l'évolution de la société tunisienne :

Willis : « Le discours de Ben Ali du 13 janvier 2011, c'était une humiliation de plus »

Quelle est l'ambiance maintenant que la révolution est passée ? Willis : « Il y a un désenchantement de la part des gens (... ) Au niveau de la misère, ça n’a pas changé »

La religion est-elle un thème plus difficile à traiter ? Willis : « J’utilise la religion comme les politiques, je l’instrumentalise »

La nouvelle censure vient-elle des islamistes ? Willis : « Non, elle vient de tous ceux qui sont au pouvoir »

  • Willis From Tunis

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Le web vous permet-il d’être plus libre ? Willis : « Sur les réseaux sociaux, je n’ai pas de patrons »

Est-ce que vos dessins créent un débat sur internet ? Willis : « Les avis différents, c’est sain(…) La pensée unique, on a connu ça pendant 23 ans »

Est-ce qu'il y a des menaces physiques contre les artistes ? Willis : « L’année dernière, une exposition d’art contemporain (organisée par Willis) a été attaquée. Le ministre de la Culture a porté plainte contre les organisateurs de l'expo ! »

Autour de vous, les gens parlent-ils du chat ? Willis : « Le chat permet de relativiser, de prendre du recul »

La Tunisie est à la recherche d’un Premier ministre indépendant. Qu'attendez-vous ? Willis : « Ce qu’il nous faut, ce sont des technocrates, des gens qui connaissent le métier »

Avez-vous un espoir de sortie de crise ? Willis : « Beaucoup de sang a été versé cette année (...) C'est difficile d'avoir un espoir… »

Laurent ChevalierDéfendre la liberté d'expression est un combat de tous les jours dans certains pays. De simples dessins humoristiques peuvent faire courir de grands dangers à leurs créateurs. Plantu ne cesse de le rappeler :

Avec la participation de Vincent Coste

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